_'s"‘__z1.:.c:a-' ‘ Lin-i1'|;‘£.‘ A EDITIONS DE LA TOISON 0'03 *3 . _ _ ‘ 5 J‘ ‘ 5 ' A ‘ “E: r‘3""lNh~. ' 'v' ——;——-~. V-\.A- ;. . ,_‘v~—..nc§ » » .1-51.’-3%.‘. ..-~._.~ wao-9 :-_..,-~\«..—...—.i.».:s‘.-_._._;-...zr " ' *3."-: ‘Co 1:; -.Toison d’0r ,_ _. ee i_fb__q_a_ie nvafides-. ._ H“ S. E .4. 8. ma” mm tam . _ pyri sht byr'Ee:.i -1 ,_‘ ru_e du Mus x'ra1:d_des l Tenn rho. non rélerv " I :'lpIa&_1cIiuI\-'et- 1'-.a.;iu-'._' 59 II; de lndutfnn. fl _,_ . V_ISIO‘N . il-niaigie; jiai la‘-grippe; sur la place,- les gai- -'-:Il=n'¥1;1s"fo.11t des glfssadea. 3 e m’accoude él la fe-nétre _ " E (':'g_nt-emple ce_tte vie’ §u'1" la neige. Sont-ils so1_1'I- l:;l— Eésfit Festes, ces én'fafifs'! Grands et petits sien - 'g‘fi'6-nfi‘ent : _iIs gl-i§'sePnt; ils sé -p_o'ussent; ils tomlieiit ' gfa‘pPes- *- '+ _. ' Ah ! enlvoici un "en;-logiies. sale, a téte em-- — ;,"l§'rm1ssaillée, les sabots-‘t‘rop grands, les has t1'.ou§':‘s, : - _ ':g_enqux_pergant' lepantalon, l_e fond de culotte “"— ‘if-en Lambeiux; p£1l'e,_hofirsouflé, mais agi-Le et ra- _“_ hlé; Déjét de-loin, il p-rend son‘ gélan _et fait une l '13- -glissade d-’un‘e dciuzzaine de fnétres."'D‘ans cet é;l—an ___' qu’il ne parvient plus 51 maitriéer, il en entraine- "°.' ’d’fiufres, .il en renvers’e surjson chemin. Aucun I-.1‘ "nla mal. Toils cépendant se._fa‘1chent, se redreséent ‘- JOURS nn: FAMINE 31' hr: nfirkzssi .' -et tombent s1'1r'l-e p.etit _:- c"Qst qu’fl est plus q.1_1’eux, et sale,‘-fétiéouillegx. Ils le tra‘ine'n-t de la piste, le'r_oule'nt dansla neige, le ' et le jettent 1:5 bQuche‘co'ntre.le trqttoir. L-’.!_>:5I1'Pé7Et ':‘ se reléve, essaie_de se gléfendre, le bras eii1:_bj>jI.- :1 3 - clier; mais il est seL_1l. De rage et de dot-1le1n__‘:i1.‘_ s’en va, boitant e-t -pl'eurant pitoyablement. _' ”- = '_' 'C’est ainsi que _men fréref K_ee_s nous reyegi€n':t:_.__- _ taujours, quan-d nous‘ étio1}_s petits. Cesens ‘I7-'7 ‘- pe_t_1'_t__Kees,_ il avhit d’admirahles 1ar1‘r_1es, -'_ gt limpfdes comme des'i)erles d-e.—rps¢_'2e.';C_ ' " _ En me retirant de ‘la fenétre, j’aiper<_;1as figure dans_ l’e'sp'ion:.__ Ma" boI;_Ic-“he'éta_,_it _‘oo_I1tx1_~aig;|f_é_€'," n_1es'yeux‘en p1,eu.t_'s : je-\1.er_1__a_is_ de 1"'e_w/iv-re'~ _- des scenes dou1e'ureu'ses_ notre misérahlfe deg:-J _ fance. Ces'sscén"es, dont'—no_us se1"_tion-s__h‘ong:_‘§£t; _‘ _1_naltra.ités_,. é_taie_nt tolfie§'.'P!"9VQq.'&ées pauvreté, oar, quand c’est. _pou-r_'-le me" sont- toujo_u;'s_ les déguen_.i.1.1és que 1'01: 'rosis§'._.-' .—— -'-- "_'_'o-“'|_|";’_""‘:--_‘_-_p-1 ' E ‘ cmtmue is,fi1~_é.T et; co‘1'mi;_é“ ya fsmrsubir auk gath- as pLa-ssam§._so;§ ~p1fi’sJ V aa- s e1‘xst’r-sr1i=tis;Z»:ai1tid‘é“‘1a*5‘TPfi‘a:1si*n_ pour.1resarderTde$T: ‘ ’ * a;.:ji%t¢¢_=aa;g_"g1‘1e§':’dans gees‘ tuya1_uTT;.T . V. s“e1T:lj,f§fIT‘e;;‘~_,., ‘~_'HfétQhaITaTis de -V011‘ .. ‘ rigs se ra_1i”et_is$gar-§suivant* T _TtT‘T,je:{1_rreTT-demalulais:T.d’éi1é " h'V=g_1f1éj§nt_- TceTs?TTT ‘0‘l-1TT1hT1T—'.eS<;}T‘.‘ et%vTT7II5OlJI:ql1Oi elT¥§sTT W 7 _3~;}grTap;disVsaient e1’.sTe! rap’efissa&i.ent; g‘ins1',-“quand [3 ‘me T seqitis -enipoiT‘g1.1ée -‘ par‘ —deTr§- ifiére, T TTTT etauTne— voifi, T_ 1!!£4?{cIfIante»‘3ffT1_l;ee, T.1T~‘ti*TP6}13I‘fé.i§ .a*éi£¢.:— ’- \ ) T 'T j -1TT1'1’T21'i;A1'.aT‘11geTait, "(_1e— “T T ‘étaiv’?mtre:%}JJéerién%te.a3q A can fé“fa4s9n =1 n’m1;s1;fiieh;sLa?.*q4zei1e=déri.si~onA I une :.":.-,-.1";- ’_:i;'_—_ u_ u 18 ' JOURS ma FAMINE fir ma ofirrnnssn s servante. Ma mere, n’ayant £1 cette époqfie, que cinq enfants,'pouvait encore s’occuper de son métier de dentelliére, et, comme l’ouvrage abon- dait momentanément, el_le avait dfi engager une petite bonne pour l’aider dans le ménage.'Celle- ci me battit convenablement, comme c’est l’usag-e dans le peuple quand un enfant se fait mal; puis elle me coucha da-ns ma petite créche en_ bois, posée par terre' contre lemur. J’-e m’endormis et, quand je me féveillai, c’était le soir. Ah ! Pexquise sensation de hien-étre et d’inti— mité !' La chambre était bien éclairée; un hon .fe-u hrfilait dans l’étre; ma mere faisait des den- felles au métier et mon pére lisait :21 haute voix' l-es Mille et un_e Nuits; parfois il s’arrétait pour échanger des réflexioixs avec n1a mere. — Cato, si nous n’avions qu’é1 dire :'<< Sésam_e, ouv-re-toi !_ » je ne te'laisserais'pas t’abin1er ainsi les yeux, le soir, :21 cette de-ntelle. — Soyons contents qu-e j’aie trouvé ces com-_ mandes da11s cette petite ville. Puis j’aime mon métier: cette guirlande est tellement jolie_; -d-es‘ -feuillag-es, avec lesqu_els les enfants jou,aien1, m’-en ont donné 1‘idée. Mon dessin est trés bien venu, et maintenant ‘cela m’amuse. ' Et ses doigts mélaient lesguseaux-gavec u-ne telle agilité -qu’on n-e pou-vait les suivre. _ ‘_ -3 . - -P QUAND-an .,. -‘_"_-*1-'_*I)ans la chambxje était répandue la délicieuse: - Gdeur du foie de boeuf- au v_inaigr_e, qui mijotait dans un coin de l’ét_re,‘qu’on mangerait tant6t,- I-get dont j’aurais ma pé.rt._ Mon pére allait de _ temps £1 autre soul-ever“ lé cduvercle pour gofiter ét,.en léchant bien la 'c1ri1'l:ére, il disait : ' — Cato, ce sera bon. - . _ ’ Jfécoutais lire mon pére, je humais la bonne ,odeu-r, et je me rendcgrr¥His'; Qu:i_ dort dine. " 1 PHREMIE-R EXODE Mon pére, trés hon travailletrr, ayait Fart dg. §§___t_'ai1_'&§_13_(I1-e en ip : il montrait-trop .qu_e'_ la b'€?tise et l§*vT1Tgar1t'e lui répugnaient. I1 dulf . donc quitter la petite ville pour chercher dig Pouvrage ailleurs, et se rendit ét Ams't_erd.a_Ii1,_ d’o1‘1 il écr-ivit bientét £1 ma mére de venir.'Ié_ rejoindre. _ . ' _ .'__- — Vends nos yieill-es loqu-es, ajoutait-il, pdurf ' fairc le voyage, tu trouveras,ici ce qu’-il faul. Ma n1ére‘savait ce que cela vou'1ait diré __ y avait de tout dans les magasins, mais_‘n9uS_“'_.-_ aurions pu coucher entre quatre murs.hMon"- péré s’imaginait to.ujours que tout all.ait nous .: tomber du cieh et déraisonnait alo_rs e9mp1éte- _- ment. Ell; ne tjnt__d.onc an-cun c_ompte de .cé_t;-'2' .\. 1-; =, .n‘'-.‘' 7- . ~ =:p1ii;s.:.g.:1:‘.1:i.E - ' ' - e1'ifa‘nti'llaig'e et oil.)-tint d.-(1 By1r¢_a2_ru de })ienfaisan£:£ .n6tre transfert £1 Amgérfim. ' _ . -. .' avait trouvé p1'_a.cé, pour nous et notre' '..-paiuvre mobi-lier,strr-"he 1")a'rg-ue de transport de '_ ' marchandises. _Ce fut II sotr que, deux emplofirés '- du Bureau de bien_fai_sance vinrent- nous cher'—' ‘ ,',_(_:hE1~-pour nous eII1fiE_|lf[_lI£T. _M-a n'1ére‘avait ma *- see-qf Na-atje auseip.-; llés e1':nploy'és,_ trfes gentils, _ ’t‘en§:1ient_'1es quqtro énfants par la fnain. '1“ 3 C~’étai't-£1 marée'1ia sél; ii fallait' descendre_une L ' éch_eli'e'; jevme.ra-ppeli-e trés bien l’épou-' _vurr£'e que nous'épro1'cr'va‘1'f'nes devant cet abime=‘ "'2' noir : up ,de "mes frér-es--'eriait « qu’il ne voulait "-,_pajs" a'1ler sous l’em'1‘ch'é’z pére »'; moi, coxnme _ - _d’h-abit-ude, je‘t"'re1nBIa1's et essayais de faire :l‘a' _ _ Brave. On -nous_dés_cend.it"un "£1 un et l’on no"us\' ~3fit' efintr-er dans La cabiné-do-mmune : il nrjr avait 1U|"‘f'dTél_e'6ves que pour le -personnel, et rfen pou‘r -Ir—j:.'_'b_'_-E ‘nods asseoir. Les .b_ateli_e1"s étaient visiblement enguyes git cette marma.1J:1e qu1 pleur 1t, fa1sa1t pépi... et_ '1'e reste: __ - "La'barque se mit en '-roulte.'N-ous étions affalés - -' .sur l-e- plancher; ma niére s’y assit él son tour, étala 'a‘utour J’e1le ses "upes?-s'ur lesquelles nous -' - _ nous couohémes tous; ha-.téte cians son iron; ’. N'aa‘tje '-tétait toujours. _ ne, ' us 3?)‘§mjr'; je T n’avais qu_e cinq ans, mais je me souviens frés ‘ - 22 JOURS ma FAMINE Er ma m'a.'rR1=.ssE ‘‘ ‘ \ bien qu’un homme entra, nous regarda avec ‘ _ antipathie, se déshabilla sans géne et se coucha; ‘ . ,_ il jurait chaqu.e fois qu’un des petits toussaitou E _ pl.eurait. Vers l.e matin, ma mére_ se n1it a- to!- i'., - cher, laver et habiller les enfants_pour l’arriV=éa iii, , p. :21‘ Amsterdam. . _ E“ ‘ if _ Le Bureau de bienfaisance n’ava.it pa-yé _ " notre transport, comme pour les ton-neaux. Hi . d’hu_il_e et autres de-nrées. Ll nous avait fait coue ,_ _- .i.,_ - cher a terre, te'1Ies une chienne. et sa portée. et L; ’ ma jolie mére,(V-a‘vec- son nourrisson-au sein, I _ - -n’avait pas re<_:u une tasse de café... rien._.. rien... in C’est ainsi que, grelottants et péles_ dé froid %' _ et de faim, nous arrivémes par l’Amstel £1 Ams- I ter°dam, o1‘1 mon pére no_us attendait sur les - _« "' _ éclu.s_es. Pendant qu—e la barque ,se trouvai_t - E}-_ arrétée par la manoeuvre, on nous hissa sur les‘ ""-"’ -~' passerelles. I-1 n’y avait de gavrde-fou que él’un _ -' ' - _c6te', et, sur c.es planchettes, mon pére, toujour ._ ca_s_s_e_-gg1_1,_ nous fit‘passer d’écluse en éc_luse " _ \ que sur le quai. Puis, par les rues, les ponts et les'- _ '- " canaux, il nous conduisit dans une impasse ou _'.~ ‘ ' il avait loué une chambre, au ‘premier étage " 3 'F'- - _' d7une masure. _ ‘ ‘ '-.';.'--1' _ Nous efimes du caf.é et des tartines, et on nous- .“'.' coucha sur de la paille, dans un placard noi-_r " et fermé. v V RELIEFS ‘ET 0-RIPAUX V J’ai souvent lu ef e-ntendu'dire que le pazfum ‘ti’-une fleur, le gofit d’un--fruit évoquaient chez .csrt'aines person._nes un épisode exquis ou p-oéti- de leur enfu.-anoe -ou' de 18 > je1messe.' Eh. 5 hien! £1 d-’infimes exce igns pres, souvenirs, Q.‘-rnoi,' n-e sonf jam~ ni exguis, n poétiques. ""Tputes mes sensati hes plus‘ ' ches et le-s " filus pure_s furent géchées par la. In ‘ e, l’igno- ranee et la honte. .Ce n’est du reste_ pas en sen- "t-ant ‘un-e fleur, ni en. goiztant un fruit, mais en -mangeant du fromage de Hollande, que je me 'suis. souv-enue d’u_ne paige de ma toute jeune ' 'enfance. ' ' Déjér notre misere de_venait intense, é1_ cause ‘- du nombre' d’enfants qui -augmentait chaque . r‘. '' JOURS on FAMINE firing nfimnssn [,- année. Une de mes tantes-e’-tait serva'nte dans-une _grande maison de prostitution; elle étafiit trész" bonne pour nous. Elle nous faisait venir lesgir _ aux alentours de cet établissement, quand'—eelfiu_i— ci battait son plein et que la surveillance —é+ait reléchée, et.nous donnai_t.les reliefs de table'*de__ 'ces dames, entreautre des cr-ofites de fromages, dont le gout, ravivé en moi l’autre jour, me :- . r'evoir tout cela comme cinématoglraphié. x 3- , Ma tante nous app'ortait également, cachés. '7' sous ses vétements, d_es noeuds, des rubans dé ' l " '‘ soie 'et de_velours dont ma mére garnissait nos ' ' ' ; chapeaux, des corsages décolletés en soie écos-i saise qu’el-le changeait pour nous et'dont'el.'le nous attifaih £1 la grande stupéfaction"‘eTEshlF"oi?f 'sTfihIe’me rappell_e=_1:1_ne adorable petite"-ro'be'.**"' que ma mére me fit avec des ban_de.s d’éto_ffes a" menus carreaux noirs' et ‘jaunes, qu’_el-le cousu-es ensemble, en dissimulant chaque cot!-."'. ' _ ture sous u-n petit pli." - -- . I _3l"‘ ' Et de tous _cés reliefs et oripeaux se dégageiaib un parfum suave, que nous savourions avec 'dé.:: _ 'lices. . ' 1 ‘- -' 4 ' TETES ET 15EAUX D’ANGUILLES .- Le samedi soi1'.,- and men pére recevait *sa pa're, ma mére et m _s'oeu_r ainée allaient le cher- _' :..cher, et alors on _ache_t_ait de bonnes choses £1 "E manger avec Ies iartinés. Moi, je devais garder' -f~_-_._-‘lé maison et les petitsg-u"on avait ciouchés. __ 'No'1'is'h-abitions'u.ne ca‘ve' an Haarlem-n_1erdyk. mére et In/afioeur parties, je m‘asseyais sur ;‘_1e'petit ,pe_r_ron.é1_1 contregbas. de la rue, pour _' "regarder leé passants. Je‘1es voyais d’en bas: _: “j’fivais la téte et 1-es ‘bras coixchés sur la planché _de _l’ég'out, qui bordait les maisons 'des villes holl-andaises. D‘e -témps en temps, je descendais _' mertre la sugotte dans la houche d’un des petits __q{1'1i-c-Iviait, puis-je reprenais ma place. L_'Es_passants se faisa-ient r:31res.- Je me cachais u 26 ‘ JOURS ma FAMINE ET ma DETRESSE dans notre cave cha._que fois que le v_eilleur de nuit f)assait, en criant l’heure et en agitant sa' cfécelle qui me terrifiait; quand il avait dispa_ru,_ je remontais m’asseoir. ' __ _Le sommeil m’envahissait; mais l’appei de la- marchande d’anguilles furhées, que fentendais dans le lointain, me réveillait, et me donnait l’espoir qlie mes parents allaient rentrer et ap- porter des anguilles fumées, ou des harengs saurs, ou peut_-étre hien des saucisses_1_)ouillies. Ce-pendant, vaincue par la fatigue, je m’e_n.- dormais sur le perron, et le veilleur de nuit me descendait dans la cave, oil il me couchait sur le grabat £1 cété des autres en.fants. ._ Mes parents avaient pour devise: Qui kdort dine. Le matin, mes petits f1_'éres et soeurs et moi‘,- nous trouvions les tétes et--les peaux des -an- _ guilles fumées ou des harengs saursjrestes des agapesld-e la veille, que nous mangions -«alors avec nos tartines. '~ I‘- DEUXIIEMEI EXODE -Nous_ nous éfiions étaiflis :21 Holland op zyn Smalst, 13en_dant qu’on y construisait le ca-inal ‘d’Ymuiden. Morr- pére a'vait du -travail dans les ‘ écuriesnfinais il ne faisait long feu nulle part: nous dfimes enc-or_e une 'fois qui_tter, I1 partitT $1 pied pour Amsterdam, oil il -t_rouv_'a tout de suite de Poccupation Eur sa bonne mine. I] vint donc, un dimanche, nous chercher. On avait . Ioué, pouir six f1orins,‘une char-rette'de paysan '- "“5q1'»1i devait nous-condtii-1=e la nuit £1 Amsterdamr Quoique'nous eusaf,-ions rétenu toute la charrette, l'e paysan l‘avait en grand*e partie remplie d’ob- jets -_é1 lui: des tonneaux; .des paniers et aussi un énorr__ne moul‘in' £1 café de magas-in,‘qu’il vou- lait faire aiguiser en ville.‘ ’ ‘JOURVS ma EAMINE ET‘ -I)E".I_)l.;.'l‘RESSE" __ . Nous voila’ Iamentablement entassés, _ dans Pobscugrité, les: routes ' entin, M g ‘ - " L vées en briques§j a_HoElande.v Auger" V _ T V e Haa Mge§mes.pendant des= 7 T une digue. nine voyait as se_§__doi‘ ts deva';i._ les yeux t on n’entend‘ait.q1‘fe7le niugl ' __des"vagues 1nc‘)'ntan_t contre les firgesiet‘ lies‘ , . T cris sztrident__§—__(_l” oiseaux de a_ chagretie‘. §Hr1"€t'ai't”§1’ cha fE‘on pére‘ desegen-17:‘ dait pour voir si nous étions encoreau M_ *de la digue,et parlerau che.val qui avai{§pq§gi[‘ V Le danger ‘étaft.granq~ sur '.cette_\’étroite ‘ Zéclairée jgar une }a'n‘t:e1'n_e‘_‘[§_1lpL“ attachée.a.__. Iali ’ chhrrette. Le'sHeTfl'a.’nts criaient. Ma méfie,»cQgn—1’I;1\__1V.e': 5: av chaqueg danger, réci'tait~-; l"_E\f /. . ~ , Jean: : « Au commencement était«le‘Verbe,_eot‘J§ T : Verbe était. avec Di_eu,’et VleVerhe était ’ ‘ Mon pére jurai’t;rle paysan restait sil»enc"ie1_fnx~.-r jUn’choE: de la charrette fit ‘Ioniber '1e moulin a café_}s1.trma figure. Je me mis A h1g=r1e' I maisvma,_rnére,. qni nej pouimit .voir ce?,.qa11i * m’était ‘arrive, se f_2‘!.Cha,€_1,:II1e donna.-n‘desree;t:a1_T _ ches pour rne:fajre’taire;.:Teute ma figure_s7;i3%fLfa1 , prodigieusementr rj-11sq*uT’ea am-e3*ferm_e,r les-ggrgu Q'uand» le jour se leva',«.je.recomrhen<_;ai douce;-_ ment2‘1gémir_etdis;- T ~~ 7 7’ g" —‘ Mere, regarde-moi, j e ne vois presq,ue.p],11s’.;, 1_1ous.__éussions payé p_o.ur toute_ la charrette, 1e ‘.5 __— _ 'p'_aysan l_’avait en_con_1b"_r'ée in point de tuer pres-. :-..-.'_ sés enfantsh 1e_Haar1enimerdyT<_:,'éJ_‘t.1-‘m _ pére avait loué _- " "Nous arrivétmes de.'gra_nid métfn £1 Ainsterda-In -. :'<_L1'r_:_1'e cave. I1 ri.t- lé .éhfan1s, .un Q3; sous 1es7 "“'b;r‘as, et ‘les fit sauter a .13? _"re. M'6i, a" cause de_ ~_n_ia ffii-gure tuméfiée_,'_.' Q7‘-‘_I_11e3"porta jusque Hans la a tr \ '-f _ —-—.\ Ma" pau_vre pe_t.itt'§-a_<_Poes'ke » (1), net: plains 'p_L_us' {nous avong r'na_nq1'1'é-t-olis éfre noyésj’ -1_.=.—- ' _) ' ’:Petit¢:=z_ ‘C-hatt'e.._ ..'):°'1:' NON !_NON 1 Les jours 01‘: la misére ne nous talonnait pas trop, j’avais des joies et des sensations exquises, _ par le seul effet de mon imagination. Je pre- ,- nais, ces jours-la, ma poupée, mes osselets, mon ‘_’ sac rempli de morceaux de porcelaine et de -fa'ience, adornés d’une f1_eurette ou d’uneIarabes—- que, et j’a11ais sur les grands cananx-, a la re; cherche d’une belle maison. - Les grands canaux d’Amsterdam m’inspi- raient beaucoup de respect: je ne po'uvaa's -me rréver Cendrillon que dans une de ces maiso-ns._ du xvne ou du XVIII‘ siécle, a haut esca1ier_doub1e de granit bleu, cloturé de grilles et de chaines de fer forgé, éi ‘la majestueuse porte scu1'ptée, vert foncé comme".1’eau bourbeuse; des ca- 1 .1-' NON ! NON ! naux, et dont une.;,ferrure, martelée et ciselée ainsi que de _1’orfévrerie, grillageait la large i-mposte. Les vieux arbres qui se reflétaient dans .1’-eau et les barques qui y glis-saient coinme-sur de l’huile, me donnaient une sensation de paix que plus jamais, dans -aucun pays, je n’ai re- tro_uvée. Je 'ch_oisissais une marche du perron et vidais mon sac : je disposais mes morceaux de fa'1'ence t-6ut autour de la marche, comme des plats sur ,_.un -dressoir, et asseyais ma poupée au milieu. 3"._ _'--Tout en jouan mon esprit se délectait dans des réves qui se pa _a _1eur— de la mai-'- §?i'nT‘.T’y habitais en conipagnie des personnages' des contes e errault. J’avais'_Je—s-sfiles men"?-‘ .p ute grandeur, hahillées J comme les princessesdes i'mages d’Epina1 : elles _,£_ értaient coiffées de vraies chevelures, avaient des V your: qui s’ou‘v:raient et se fermaient, et elles- disaient « Papa » et « Maman ». Ou je naviguais sur }es canaux dans une har- . que bleue, dont la ‘voilure était de toile orange. Quand je me révais a Belle au Bois dormant,/" 1e bois m’emBarrass‘a1t or rce que _ avais jamais vu. Aussi me faisais-je dormir dans ma barque bleu ciel zpelle serait _venue a la dérive d’une ile du Zuiderzee, par tous les méan— J ‘F r- ‘C \ W» JOURS me: FIAMI-NE Er ma Dfirnnssn dres des canaux de la ville,'et aurait ainsi'v~ogué doucement jusque dans le Canal des Seig_n"eL1rs; la, un gentilhomme, avec des dentelles a__ses habits, l’épée a-u cété, seraif monté darrs"Ia bar- a que, m’aurait éveillée et conduite dans la ‘belle. ’ ‘ maison sur l’escalier d'e laquelle je jouais. ' J’ai1rais préféré cependant étre réveillée 1_)_ar_ . une jeuhe daxlne blonde, :21 qui _j’eusse- te;1d1i']_.es -' - -- bras en ouvrant les yeux. ' ""' Quelquefois _la porte .de la maison s’ou_vra_i_1', _ laissant passer une vieille dafne a <_:rinc')_'l-i'1_'1.e_, _a1._1_' _ chapeau a bavolet, a la figure placide ehé'a'c§f§§ ;_ de bandeaux pomma-dés et de repentirs gris,‘()ju bien c’était une_ jeune femme a 1 ee, a a er. , niére mode, d’un paletot sac sur la jupe grise, . I collante du haut et s:§;v_a§,ag_1__t_dans l<3ha_§_enr_i1J;,'g' ' traine qui balayait Ie pay‘ e_llé"5t”§it c6'iffé'e‘-d_"_1_1‘fi gros chignon a bouclettes=et d’un tout petit cha-' peau rond Iiiqué sur le devant;-de grandes-Bjqua; cles d’c_)reilles en jais se-balangaient au hciut Hes ‘ ; 5fl__.), "’£l_obes)a.llo{1gésr; elle avait en main une mi1'1usc'L1‘l§~ . - f’ "i-+71 o’1}}Brelle'de"sQie verte, bordée d’une frange,=‘é1- ‘ dont le manche en'ivoire était replié. ' _ K A Les dames me laissaient ordinairement: sur.lg'e - perron, en disant un aimable: -' — Til joues, petite fille ? Etdlé Son jde‘ le1i’i{s "rnani~ér’e _ ' _ppDno'Ii‘cer T_lés m0tS'T1j_1'é7_§if§ifI1‘£{ie‘Iit. ‘ ' L, a'i1tres Tf,o_is; fie Ia pérro\n,/par‘ la J 1;fi1i’:}ia}$i{,ziient Fries defiieuiés, éés ‘,‘;a'p'_‘Ci)S1rQpheS me rejetai-éyit dans la réalité, et,_ L'a'1;_(féf&ut”d¢ mieux, j"aurais bi.én_ /accepté d’étre _ ties jolies soub1Z'ettéj»s,>Ma ro‘_be-_.de Péiques-‘ JgI’¢1§it_’fj_gmais- aus'si q-iie le,ur's ifobéfi» ’ "V trgxeail; }et puis é ceé"‘-heeicux-=AbrziAs' nI‘1Ts‘,T :é>norme4s e$:.r_5i1ges, rn_-’aItir[éie'I1_t'. .M_a mére, ina soeurTa‘in_é_e _ {=:_f‘ ;i1bus tous avionusz de's Bras trés mincés, ’avecL _‘dTeTs ;p"oignets —d~éVriéi‘1—fd>u tout, qi1‘i. déplaisaierit _ ‘For ux f_errime's1de'l-’i_1jiip:_isse: Ju>sq11”a1-V1x nichqns 7 ; ‘.I‘?gpu9A¢t= hz_1ut }:J1ac‘.és» defiyfiné “faiSaiént_l’obj§g T §‘Ieg£s.g ,_ et elles lf1i._souEa1i'a1ent, de ltnirie-Mb:as_s’e A at allcm‘ ée,-TqAt1'i I)‘ - JBURS DE FAMINE ET‘ DE DETRESSE du Canal des Seigneurs, une jeune dame sorti-t E ' de la mason, accompagnée d’une fillette de mon ' ' age : :21 peu prés dix ans. La petite fille s’arréta '-_ pour regarder mes joujoux; puis elle chercha fir‘; dans sa poche, y prit une piéce de monnaie et l_;. voulut me la donner. Je fermai mes deux mains . 9 et les mis derriére mon dos, en regardant la_ ‘, petite demoiselle. Elle rougit jusque dans le cou _ ' et se sauva prés de la dame; elle lui ent'oura I!" I le corps de ses bras et, cachant sa figure dans- .J;'. \ les vétements, pleura en lui parlant. La dame la conduisit vers moi et m’offrit des bonbons que j’acceptai; puis elle s’adresa_ :21 la fillette "en une‘langue étrangére. La petite répondit dans 3' cette langue : ., ‘ " —Non!Non_! , _ en trépignant et en cachant ses mains. La dame parlementait et, lui prenant une main, la mit dans la mienne. - .» Nous nous regardames. Elle a'vait les yeux bleus et les cheveux blonds bouclés, comme moi. Je la comprenais mieux en ce moment que je .n’avais jamais compris les gens de ma classe; ,2 mais pourquoi, étant si semblables, é_tait-elle.'_si autr - - " In ‘ —~_.-4‘ -. pour cette differenee: 't1ue‘je_ n,e__po1'1v'ais__-com- prendre et qui me seinblait hostile. -. " " _ _ Quand elles furent parties, je me demandai A,[_:5'T, _ quelle Vétait cette différeiice, d’ou elle provenait, ' ;et‘- de bonne foi, dés ée jour, je £us persuadée les riches étaient faits d’une matiéire plus .précieuse que nous, les’ pauvres. J’en étais con- vaincue quand ils parlaient,' quand ils riaient _ surtout, et qu’ils savaient exprimer ce que, moi, Z je sentgis seulement. 4 - 1 Mais autre chose m’était encore resté. Ces _ I V i Non ! Non‘! » _dits'd’une.voix énergique, mais déIi'cieuse,V pap la petite demoiselle, m’avaient ’ “ _par,u‘les mots les plus beaux, les plus aristocra- T tiques. que j’eusse jeimais _en'tendus. J’igno_rais .y;_'- ee gu’ils'voulaient.dire,‘ mais jei meules étais ’in_crustés dans la,,mémoire, et la premiére fois que je‘ les pronongai -fut -quand Mina voulut K nfettre des apillottes ‘dans les cheveux He X Naatje. Ile lui réphquai, en trépignantcomme la --._/ 1' petite fille et en imitant sa voix, par des : « Ndn ! _._ )1 ‘ 7;?‘ 1_\IQ_i1 ! 5» qui la fireiit s’arréter de nettoyer, et ma ' méye de revauder. * . _ Mp6""D’iEm' op‘: ¢=' 4 L a-t-elle cherché ces mots ? c’est du frangais ! --— Du‘fran9ais ? fit Mina; ou voulez‘-v_ous 7‘ ‘ qu’elle l’a-it pris ? Cés sont des» mots que cette T . Q‘ piaise invente. comme elle en invente toujours. ...»' .,.I’ , NQN_ ! .lVON ! __ 35 . mrienvoyer faire une course, au lie_u (je me, laisser' éette créature enfantine 36 - JOURS DE FAMINE ET on némzssn ' — Si ! Si I c‘est du frai-_1q,_ai's': je me rappelle forfbien que ma mére, quand j’étais petit-e,'p‘ar'- lait le franqais avec son frére de Liége, ef que’ a: Non, Non » revenait souvent dans la conversa- tion. O1‘1 as-tu entendu ces mots ? ' Je ne voulais irie.n dir'e. Mina soutenaif mofr-i dicus que je les -imientais. I e n’inventais jamais rien ;'1 it§§Jdont je me so'r_vai_§_._ j-e . les avais us ou entendus}et je les répétais £1 l_a grande exaspérationtde ma‘fami-lle; maig ja._r_nais 1 je ne m’étais servi d’a1_1cun comme de eeux-ci. ' Devant_une_ injustice", je priais :- << Noni Non! :6 Quand on vo'ulr_ait me prendre mes joujo1ix,"-‘E; trépig_n\ais 5 a: Non! Non! » Enfin a: Non! N_on! :3 étaient devenus‘ pour moi 1_es mofs suprémes de la protestation, et j’en "avais si bien' sais'i‘la" signification que je suis sfire de'ne les a_.v,oir. jamais dits 51 contresens. - I. _" A 'L’ECO~LE '-E3A‘1‘HOLIQU'E - I . -. .- Comme les deux' bias‘ man pére ne pou- Vaient suffire 2'1 'nour-rir_ dix bo_1gches,. et que ma _ mére, 2'1. cause de ses Iiuit enfants, avait d1‘1 aban- , _ dtinner son métier—de déhtelliére, 1-amisére étai-.t *_ _ continue chez nous. Auss-i, de tqmps 2'1 autre, ma . écri-v-ait-elle 51 quelques dames"cha-ritable's ' ,p_d-ur orbtenir des secours; par-fois, on nous en "' 'gdr0nhait. .. _ . ' _ Pea d'e -gens sa¥n1 élre bons sans se méler _ _‘ -de-vos affaires. Uné de he's =da-mes avait décidé. _* . qlie .je ne pouvais-continuer 51 fréquénter 1-’école 1:-oxnnwnale et que jegdevais aller 51 une école_ ca~t4holi(}u_e_Z- Elle avait, en, payant ' cinq florins pour Padmission, '1e droit 'de placer une enfant duns ehtte éc0.le. 38 JOURS nn: FAMINE ET DE ué1‘1‘u:*.ssn La premiére fois que je m’y rendis, je por- -. tais une petite robe en indienne lilas, un tablier blanc propre, etun ruban bleu dans les cheveux. Une soeur novice me .conduisit jusqu’é la classe que je devais suivre, et dit 51 la soeur qui la dirigeait : « C’est la fillette de Madame... » en nommant la dame qui avait versé les cinq flo- rins. Je fus saisie et regardai rapidement les petites filles pour voir si elles avaient entendu. -1 » ~ Il y en av’ait une qui, tout de suite, rr_ig_(_l_évisag§a , ‘ a__vec (l_é§qi1_1. Les autres me requrent trés'bien_. Celle qui se trouvait derriére moi me demanda mon nom. Je lui répondis : ' _ ' ‘ — Keetje Oldema. _ - - Elle se mit 51 me--carésser les cheveuiz et le cou: cela m-e parcounait des pieds £1 la" léte exquisement, _et_puis la no-uveauté de la chose me c.harmait. Ici, on n’allai_t_ donc pas me traiter fen paria.‘aIe devais hientot déchantexj. I:a‘_ petite qui'1‘11’e”'-<:Faressait, avait dfi apercevoir m__e§_gg§{- t_e_s_et mes poux_, sous mes beaux cheveux bloiitls ond11_lés.r3e?l"entendi's chuchoter avec sa voi-sine et dire : « Pouah ! » Celle qui avait surpris- le 7 nom de la dame l’avait répété aux autres et-, 51 - la sortie de llécole, on me traitait déjéi avec mé- ". . pris. Au bout de quinze jours, jflaisz comme partout, la béte noire de tous. Si je m’appfocl;ais,' -...._____ ...—:- ' ii 'L’fiC0flE cllrfi-OLIQUE 3 " Ion 3-e taisait; si je disafs quelque chose, on me tburnait en ridicule ou oh s’éloignait. ' ‘ .._. " - _ ‘La fille d’un ci'r?:ur de bottes, mais que sa ‘._. Ifiére tenait propre; -avait inventé que mon pére, : ainoi, était l’aveugle ibien cqnnui du-‘béguinage,_J qui vendait des allume es, et on "HE IT'a'p"pélait' _;- plus que: << Des Rouges Claires, Monsieur », :i-_ niots dont il se ser'vait pour offrir ses allumettes i ' aux passants. Ma révolte et mon humiliafion T ' ne' connurent plus de bornes. Ga, mon pére! '' qua_nd mon pére était admirable Frison, ' haut de six pieds, beau eomme une statue, aux ‘yeux bleus limpides et aux cheveux bouclés. Ce , ~ ' vieillard cadugu , ignoble, mon pére! quand*§3r<«yf‘v'7M¢: ' on pére était jeune et’ souple, et sgugafi, de la T - roupe £1 la tébe, par dessus un cheval. J’ep hur- a1s fie. rage; je trépignais, jé leur, expliquais, mais ma frénésie augmen‘tait encore leur joie. - =Elles finirent par me tirer les cheveux: mes crofites s’ouvrirept et le sang me dégoulina dans 1-e cou. -- Ma-is que devins-je l’h—iver ? Comme, a cause du froid, on ne .1aissait pas retourner les enfants " "' -eux, ils apportaient leur déjeuner. Nous tra\}e‘rsions justement ‘une période de famine noire : mon pé_re n’avait pas de travail. Le pre- "mier jour, je prétextai que j’avais oublié mon JOURS ma §'i;M1_m«:. aft‘ D1-:.._In=':1_::_nn:s's1«: déjeuneI_‘,._e1;.la soe1ir_n}e laissa par_ti;r. .Ma.is la _ -* sec_onde fois, voyant que je n’a_v-ais rien a_ppo_;té,— ,e1le m’appe1a _e_t je dus avouer n'otr 'ri1isg‘ar'e. _ ., Cette pieuse vfille-, mais peu §:h_ol;ig1_ie s’ag1ros_'-_ _ sa aux ants." en lsant qu une _ _ ' _ ' if petites camaragles n’avait rien 51 manger, que , celles qui avaierrt trop d_e tarti1'_1es devaient li1_i on donner. “ . _ , T Je me trouvai 2'1 c.¢‘)té de la soeur, treinblém_te_ de honte et de mortification. Je préférais la faim, ga me connaissait :~ la faim est -sileno-ieuse-et, si v'ous- savez Vous taire également, elle vo:_1s (_i_étruit en douceur. Mais ces petits anges,-.51 qui it on faisait appel, me terrifiaient. Je_déclarai__é-Ia‘ soeur que je n’avais besoin de rien, que ma mere _ '\ était sortie quand j’avais dfi partir pour l’é_cole, ‘~— et que je man-gerais le soir. 7' ' "u Je lui avais colifié tout bas notre détresse, mais ceci, je le disais haut pour étre entendué des autres. La soeur ne le prit poi1}t ainsi : elle 'me traita d’or'gueilleuse_-et de menteuse, ajoutant: ' — Il n’y a_a_u_cun_e honte £1 avouer -sa pauvreté, .. et vos petites camarades vpnt montrer qu.’elles' sont meilleures que vous. I1 y en eut qui m’apporté_rent une croL‘1te.ron_i- ‘ _ ,, -' _ . ;; ; . A L.«ECOLE CATHOLIQUE 41 gée. D’autres me donnérent des morceaux mor- dus. Jepne voulus de rien, décidée :1 ne plus venir a l’école plutot que de subir'_pareilles hl1._miliations. A la.sortie, toutes m’attendaient et commen- cerent a me houspiller. Je me defendis Hes pieds '." n - n 1 :et Ties mains, et en mordis cruellement une qui me griffaitlla iiggire. Mais elles m’acculérent a un m‘u'i", ef ensemble me cognaient, me'tiraient - par mes boucles et me crachaient au visage,~ quand un homme, a grands coups de pied dans _ le tas, vint me délivrer. , _ A la maison, je suppliai ma mére de ne plus m’envoyer en classe, puisque partout on me mal- traitait a cause de mes poux et de notre pau- vreté. I Elle répondit, que je dovrais forcément rester a la maison pour garder les enfants: qu’elle allait étre obligée de courir les établissements de charité afin d’obtenir des secours, car pére,' n’ayant pas de travail, était parti en_ chercher dans une autre viHe. Tous nos pauvres petits ont été traités de la sorte £1 l’école. Kees et Naatje rentraient ordi- 3' I ‘J I] ' na1rement,&f/iglire tumefiee, et en pleurs. Kees -._-_—..—--"‘ .i'Ot_JRs gm? r_,‘«inur; E1: Di; b:§f.r_mf.§s _ 1 « ' éta-it si innocent qu’il dis-ait-51.ce11,x qui voula1'_e{it 7 '1 'maltraite.r sa soeuit :_ _- - -— Prends gift-rde, si tu oses frapper.mon f)e.t__it . f1_'é_rel ' .. ' ‘ if ' Et il pleur-ait de grosses larmes, en la p1to_t=é+_?._ gean"t} ' ' I" _' -LA SOUPE AUX POIS, -'\ "Ma mére ava.it reg;11"qu‘£fi1"e cartes pour quatre .-_.p'ortfofis de soupe a1-rx pois; Il fallajt aller la P 'c'-here-her. Nous néttoyéxn-es" le mieux possible _not"1'°e unique petifseau en bois, qui seryait 51 -i tous 'u=séges. Et, aver: un plzit blanc commie" cou- _ v<:;‘k5:l.e, cela nous sem'-blait. éonv-enablef "L, ._Nou's- n’é‘tions jamais éllés che'rr:hér de soupe. ‘_Msi Inére était fort génée de ce seau, qui indi- _ 'quait cla-irefnent o1'1 nous nous rendions. Les 'g'amins criaient aprés‘ nous: << Snert e1n1ner, Sneft emmer! » (1) Aussi',' pour 'éviter une ‘_- grande"artére trés fréquentée, fit-elle un long détour‘par les ruelles £1 bouges-pour matelots. _ f"'-..r""“‘~____..=‘-""\.._,_.___.._.-' ' . i I ('1)' Snerl 3 Soupe aux pois. 4 Emmer : Seau. 44 JOURS m-: mums E!‘ m: nfirnnssn I En arrivant a l’orphelinat luthérizn, oil on distribuait la soupe, nous dfimes faire queue. Ma mére n’osait pas: elle me passa le seau et alla m’attendre aux environs. Je revins, le sea-u rempli de bonne soupe bien chaude. Il y avail’ du verglas; j’avais de grands- sabots de ma mére aux pieds; je me tenais, de _ ma main libre, aux chaines‘du perron de l’or- phelinat. Le verglas me fit glisser sous les chai- nes, et je tombai sur le dos en -répandant la moitié de la soupe. ‘ Je pleurais. Un homme vint 51 mon secours : i_l me ramassa et bougonna que ce n’était pas une charge pour une petite fille. Il se disposait 51 porter mon seau, quand je lui dis que ma mére était au milieu _de la rue. — Ta mére ! Eh bien, alors ? En effet, ma mére nous regardait sans appro- cher, mortifiée et rougissant de honte et de , colére de ce que j’avais signalé sa présence. Quand l’homme me conduisit vers- elle et lui manifesta son _ étonnement, elle ne trouva 51 ’ répondre que : i — Il n’y a rien a faire avec cette créature_ enfantine ! _ - ‘ J’avais onze ans. ‘ ' . Elle saisit le seau, me jeta un regard furibond, . ,,.»__..._._. _.1 .-—-......u~ et,~ en dandinant son_’ cbrps appesanti Lp'a§lapg1;g§- §ess ‘prendre ce qu’on aurait voulu, et j’a\‘/ais de_s dons. Ma voix-était si jolie qu’un des instituteurs ne manquait j_amais de se mettr_e de mon coté, la téte penchée vers moi, quand on chantait e'n choeur. A la éymnastique, on faisait grimper aux échelles filles et garcons; mais moi, qui étais souple comme un chat. je devais descendre des le troisiéme_' échelon :_ Pinstituteur de--_.gard;e_, o - . "-r- c.'A1:r115:_cH1s'i»'in',-.1a'?1'--:1'=—i:1r.;«r14:" ‘ma COMMUNION ' 51 . I . ‘ ,9, :vH,.?__‘ _.,,.,_ .._______, .1 _ {yozani mes dessous_ en guenl es_; osa1t pas m-e ‘ -' _ ._ -alsser 1'1ic")'r1€€f"‘,"'('1'1'1'e r?€g_i‘1-i5ai'§_-'j_e'~H*onné cependant _' . pour grimper la-haut ! _ ' Et ainsi pour -tout '! ' La premiere communion approohait. Le curé Ede notre nouvelleparoissé venait i’étre nommé: ' _il é-tait plein de zéle et- de d'élicate _bonté, et s’o'ccupait beaueoup de donner un grand éclat 51 cette cérémonie, ‘ A1} lieu de distribuer aux pauvres des uni- formes qui les_'désignaient, il s’arrangea avec les' ' _dam'es patronesses pour remettre aux méres lrargent des to-ilettes. . ;Depuis longtemps-, ma mere et moi, nous par-' liens de cette robe qui allait me stigmatiser; ntiais lle regut dix f1orT£.£,“‘e“t ‘nafis p1‘ff1-1"és7_iElTe: ter to notre' gou .71."-gus-u.n chapeau blanc -entour‘é de gaze, une robe grise £1 ruches effilées, railde comme une planche, qui m’_§ncaissait au ---lieu de m’hgbiller, dye hautes bottines :21 lacets He soie blanche avec deux- petite§__f,l.0ches sur le pied, et des gants de cot'on"Hla‘nc. “_""" ‘Une dame me donna du linge de sa fille, si .bien la-vé et repassé -qu!a.c’était plus beau que du neu~f,/ ,. . o Mes cheveux bouelaient 'naturell'ement, mais Parvant-veille de .la' ‘premiere communion, on me . mg-. ;;_.. _-',..:+“< -: rs’. 7);;-\:, 4, JV. ; 1 :1 I o F 52 J0-URS DE FAMINE ET DE DETRESSE \ ' 4|. - mit trois étages de papillotes, et, le matin méme, on tourna chaque boucle sur un baton, en la mouillant de café sucré pour la tenir raide: cela me f_aisait une chevelure toute brune, 2'1 moi _5 qui étais:'_l1lond épi_. ’ Je m’ha‘hi:llai,dFe ‘grand matin et, frissonnante ' -d’étre'aussi belle, je me rendis a -la cure avec» , ma mere. Je la précédais de deux pas, tenant ,' ' de la main gauche un petit mouchoir de mo_usse- ' ' line déplié devant moi, et de la main droit-e' mon‘ -1 livre (Le priéres. . { Toutes les fillettes étaient un peu p_?a_l_es d’étre jeun; moi, cela ne me faisait rien;'j’HaTsJ' éntrainée. Nous nous montrames toutes, riches et pauvres, nos robes, nos souliers, jusqu’aux j-upons: pour ma part, tout mon orgue_il allait aux-j)etites_f_l_oches de mes__bottines, et je relevais 'cont'iTfi'1_ell%ment' ina 'roBe sui7'le devant pour qu’on les remarquat. ' Le curé était parvenu a m’effrayer trés fort. Il avait dit que celles qui n’étaient pas sincéres auraient certainement une maladie le jour de la - Q communion ou tomberaient mor.tes en s’appro- _ T chant de la Sainte Table; 'puis qu’il fallait lais- . sEr fondre l’hostie, car si on la mordait, le'sang‘ ' nous sortirait de la bouche. ~ Je ne pouvais‘ prendre aucun go_1‘1t a la reli-_ 1'5 cATHI5:cH1sME ET PREMIERE COMMUNION 53 gion. Comme contes de fées, je préférais Cen- drillon et le Petit Poueet 51 ceux des‘ Saints et d_es Saintes. ava1'§'fi'é':TFmoins trés peu-r. 'J’étais tconvaincue, comme malgré mes efforts, je me - squciais peu de Dieu, qu’il m’aurait foudroyée -et, m’approchant de l’autel, je le suppliais de me donner la foi’et la sincérité. — Dieu! faites que je sois.‘sincére quand je dis que je vous aime ! Donnez-moi la croyance, file you-s_en suppl_i_e_ ! _ .. ~ 11 m’était resté une dent de lait, at derriére _ _ celle-ci avait poussé une autre dent, trés pointue, . avec laquelle je me mordais souvent oruellement ' la langue. Or, au moment de la communion, je claquais tellement des dents qu’en fermant la bouche, j’incrustai l’hostie dans ma dent poin- tue: je me mis :31 chanceler et 51 zigzague‘r , fcomme T\7re._— ‘ ""'_'r " "7" Je m’attendais 51 voir le sang jaillir de ma bouche, _é<_:_l_.'_:1_l)9usser toutes les toilettes‘ des .g autres; et-Hie _g£ttfer"ma'robe. '' _ Et quel sca1?daT€T"je sentis littéralement le curé me chasser de l’église, et vis tous les assis- tan_ts me livrer passage comme £1 une pestiférée. Puis, si mon pére nous quittait encore, on ne nous‘ ai"derait plus. On dirait: zxéoyw __.~*">»..—) V L T C’est§.Afix?6:Ldes:i-Tleurs‘gqilif a"'nfo"rd_ufvié =B6r+ . _: ‘-Dieu -: qu*ii1s_i?hz?e1i,t§ent.J'.;1eqfain;?sT’T ‘ \ 3- - '—J’eus' toute’sT§’1i_es‘:_pé’iI1e‘s dixi-'1'1io1fd’e Fa Ts1i_i'v1!é_ fies ; _aut'I'és et- 51 ma.:1”)1&c¢.~Ai1a=sacris1}p L - '_ nous o'ffri‘t d-es‘ p"e_t_1‘ts: §'ei_ Tdu eafé‘; une"d3s§tE [T me pritdans "s_é§:~br‘ais,’en’i-disantg:1 V 'L _ _T ’ — Ah! laTpfa‘iiy;'é"peti1ia7—-!! e}1e’va 1 I Mais no_n_.§':g’éjtgien§,1e§T_£g'_f5gz§; ,t_er:1jtb1esip‘arT‘1* ' \qué11es je v'enE1is__ de pa§e1f.'T , _. 77 ~ T - T , Et voi151Tqi1g-;:M1iié_n[n-’éfait _a}.r’_1fi”vé’!§ J"E‘1NT'ENDS-LES PUCES MARCHER Nous habitions ulié chambre unipq_u.e, dans une impasse gluante d’Amsterdam. Le soleil n’y pé-nétrait jamaiset si, en hiver, le froi'd humide y_'é._tait glacial,-.-en été la‘.-.c_haleur moite nous a_1;_1é-a._nti'ssait. Il n’y avai-t7q'fi;flH?"a'1c6v_e a étage, ' - dans les barques. de pécheurs, mais -. éloiédnnée : on y était comme dans un placard. Les parents dormaient dans-1e compartiment du ‘baa; quelques-uns des" enfants dans celui'du -=haut,_'les autres 51 terre, sur lune paillasse. Dans ._-u:n'_coi.n, un petit ton'i'1eau servant de chaise perc'ée' 2'1 la famille; d-‘ans d'.’autres, des langes d’enfanf sou'illés,' puis les détritus de tout un ménage miséreux. L’odeur t_1e la pipe de mon ufpére et_‘es é anations de dix pauvres rendaient .‘‘l’atmos'p rab‘1e'.’'''''‘‘''''’-‘'''''''’ _' 56 JOURS DE FAMINE ET‘ nE‘nI7:TREssE , . Par une nuit d’effroyable chaleur, i’étais éten- due avec trois de nos enfants dans la couchette du haut. Ils dormaient; moi, je ne pouvais pas : je me tournais et retournais en m’agitant. Nous _ étions couchés sur des sacs en grosse toile, ren'i- plis de balle d’avoine qui‘; réduite en poudre et -3 iin_1bLl3_é._e .d’urine d’enfant, formait une matiére 3 immonde et corr76§f\7é.“Ifa toile, m’aga<;ait et me brfilait la peau; les puces me harcelaient affreu-- sement; j’éto-uffais; j’avais des bruissements d’ore!illes qui me donnaient des hallucinations. J’appelai doucement ma mére et lui dis q_ue je' ne pouvais pas dormir, parce que j’entendais les puces marcher. — Tu entends les puces marcher ? Ah ! cette créature enfantine ! et tu me réveilles pour cela? tu vas te taire, n’est-ce pas ? je suis éreintée et veux dormir. "“""""‘}- . I Je me tus, lmais continuaisl a m’agiter. N’y tenant plus, je me laissai 'gIisser a terre, en m’aidant de la_corde, m’habillai et sortis. I1 pouvait étre quatre heures du matin. Il n’y avait dans la rue que les éveilleurs (c’étaient des gens qui, pour cinq « cents » par semaine, éveillaient les ouvriers, en faisant un vacarme qui troublait tout le voisinage). En dehors d’eux, —.;_-’E1~ir_n;NIx's 1_.;«:_s 1=Ud€§.:‘M1inc'-Hrzn - ' I *pgr_s_o_nn:e;_ tous les -rna_g_a-si_11'_s_di1 Nieuwendyk fer- ijiésg le_‘-calme partout; ah} que j’aimais celal ._—re;nt:' un tel so1'11ag'em'e'nt'--qu’en jubilanut je hap-_ ' Isur banc. -3 _ :J’a_1lai vers la-Ha.ut-e D_ig._ue q'l1i avan.<_:ait dans -_" FY. La Haute Digue ' ' ' de favo- rite-; '__'1’.y fai_sais sou-ve 1"_écol Imissonniére avec " H =' - if ' “'co es, l’Y I"! _ \ . _ _ _ glapotai-t contre Ies'be—rges; on y trouvait des "’c6'q1'1iilages; plus loin était une oasis 'd"arbres _et_ ‘d’herbe fleurie. Quand j‘arrivai 51 la digue, l’air _.frais'du large et la 'brisé matinale hme _causé- pais l’air: je levais l_es bras, en éca-rtant les jdoiéts, pour mieux s'e.*nfir‘jo-uer le vent'sur ma peau irrit-ée. J e restai ainsi longtemps £1 me griser puis c'6-ntinuai ma promenafle pour chercher des f.lei1rs. Arrivée soils les arbres, je fus surprise de,voi.r dans l’herbe les:pissenlits et les atiue'- rettes fermées. Je n’avai!fia1s vu fifeurs la 111111! e! n-e connaissais pas ce phénoméne; je fus si ,ét_onnée que je n’en cueillis aucune, comme prise de méfiance, et j’allai m’asseoir I] y avait 51 hommes travaillaient*; tin d’eux vint se metfre 2'1 c6té' de rfioi et dit : _ - — Ah ! la grande fille qu'i‘~est déja dehors I et ‘o1‘1'vastu ? cet endroit' un chantier o1‘1 des -é 58 ‘ . JOURS DE"FAMl-NE Er DE. bfirnnssz ..Je luirépondis que',41e—pouvant dot{rni’r;'fi’ét;1is sortfe, mai ‘fie n’eus gard§,de‘pa es‘ puaes: Puishje 1u:‘dEEI§H(Ia1 pqurquol les pissérfl-its et l‘es péqi1eret.tes étaient fermées.' -T 5 — Ah ! m_on ‘Dieu, quel'afige ! mais eTll_es-Vd'o‘1f‘- ment, ma _chérie, elles dq1j1_11ent. " " ' Ce disant, il me souleva ét me gmit é1 cjhe'val' A’ b , . . . M . . sgr ggigggggx. J y eta1s a peine que _]e/.mAe sen- tis'"émpo_igné¢, Tflanquée da_ns I’herbe, e‘tTqu’_uAn_ ’ homme sauta 531.1251 gorge de l’indivi_du, l_11i,T hut:-. lalit :31 la’ face z.‘ _ x . V ‘_ — Ignbble S'_p\domi_te (1)1 tu as étc’ en prison pour avoir‘_abu__s¢"a des petites filles et, élpein/eg sorti, voilél-que tu recdmmences! Et toi, que_fa_i.s-: .1 ’ tu’dehors.a cette heure? 'D_é>campe L} Je neTme le.fis pas répéter. Je m’encourus_et ‘arrivai ~l:1ors d’haleine chez nous, oil j’entrai‘ ex} coup de vent. Ma mére se réveilla en su‘rséi‘ut. 7"’ e Qu’y ‘a-ti-il ? qu’y ai-_t-il ? s’écria-t-elle. J’avais eu grand’peur, mais ne me rendaj_s pas "compte Vd'u danger auquel je venais d’échap:1’)er : \ 0 -' .377 (1) En Hollande, Pappellation dc « Sodomite‘ ) est, par_ extension,. cou1_'ammet1t,usi_tée parmi le peuple, comme terme d’injure et de-mépris, sans sig_nificati_9n préqise. ' . . . ‘ 7 ‘ / . _ — Quoi ? Que racontes-tu ? Tu es\sortie ? ’1"é\7eilIes ‘£1 chafiue instant, et[ jé suis éreintégijgr '1 _ J,ENTENDS LES PUCES‘ MARCHER au-ssi, au lien de r'ac'onter ce qui m’était arrivé, je lui dis : —' Mére, sai's-tu pourquoi leg’ pis_s§_nh_]s.et les péquerettes sont fermées la pui't"?'Eh biefi ! elles , dorment comme nous. — Oui, je suis ‘a-llée 51 la Haute Digue pour me rafraichir et chercher des fleurs, mais elles dorment. ' ' A _ — Ah ! cette créature enfantine ! Tantét elle entendait. les puces niarcher, maintenant les pis- senlits dorment! Mais avec tout cela,\tu me érein-tée. Allons, ‘va dans ton l _ ( Je 'n”y son-geais pas,.et quand ma pauvre mére 5’-a's'so'_upit 51 nouveau, je ‘sol-tis 'dgu_cement dans Pimpassje, o1‘1—je me mis a 'ouer éux osselets sur . -H-F‘ ' -.‘.,g _ V la plerre de la cltern . - .2 A, J’étais invjtée 51 urie rféte de, charitjéj 5 ‘ enfants. I1 sétaist expressémenf ¢ditT que les.-gnu devaient les cqndlgire et_ve_nir les 1:eprend1_"e,»_;;at,-; comme il. n’y\ avait pas. dé vest-ia.ire, e1_n_ppTr»t}_e‘r_ ‘les chapeaux et-les n}ant_e'a_ux. Vous _voye_z T » ‘que ma mére allait.k‘icl}'e1j tousses mioches.p_oi1z ' me condifiiia s2‘1‘*i1"Tfié_‘t'?§_fé’!"'Si je Ixlofilkffis 1"{‘el{T-‘T . _V dre, je pquvais aller seule. Ce qui m’inquiéfzii1_ ” u ” ' le plus, était mon' chapéau : je m’étais mis dérn_s;’. la téte que’ je serais chassée si on découiri-;iit~T 1' que ma mére nfétait pas liypour l’emQort’er. - je voulais abso_ll_1ment assister 51 cette féte i .11 y_ 1 . ‘avait une stombola; si' j’allais gagner une_ boité A coudre, le révé d-efbufe _ma vie-! car,‘dep1firs" .;:- l’2‘rge_ de six ans,‘ je-confectionhais les robes stiles ’ ’ "Z {nice s -doiffures de mes p0upéé_s;—et_le f T—As’uj;}‘et’de mes tra-1isTes,‘je’l'av‘ai§ fait moi-méme. ' _-? 1e,' up ‘soir, pér une pluie iiatfant‘e.— J’entI_'ai gvec rfion:_invi‘tatioI1‘. En étant chapeau, je le_diSsi1§ii‘I}ai; comme une vo- }_Cj'1'17S‘e;. sous mon‘ tabliéi;"J’ai Tle_ souvenir’ d'ui1-e jqib de commande‘. OnVn'o1i's[ dO_nna du lait ,d'anis _ .:¢é’i_f d;_as"lpetit's pains b_et‘1'rré_s‘;‘.T0n nous fit chanter '~ .' defnombref1x Wiet; ANeéi-Tgndsch Bloed ‘et des _ j ;.I4Z§lheImus Van Nassau:1_‘v_e't1,’.et dans la cour f —‘-'i;qi:1’éc1'a‘ira1'ent quelquésflampions, nous dfimes, ‘*- _pa_r une _p_l;1ie chaiide .q11_i nousfaisait fumelj _ . V comme dans tin bairr turq, jouef defs PateI‘tjt;,’ ~- ‘ -’ 5 .P.atértje,'Iangs den kant et ‘des [Collin-Maillard. . Enfixi 1a tb.rn12o1a.+ j % I ’ +“Y a.—t-til des boites ‘£1 coudré? _ k _ ; _On regardait par les cayreaux. ‘ Oui, la, p1usieurs-m6fi:e.T T , VA — Ah 1! je les vois;- si je pouvais en gagner '.i1nel 7 , T Et_ je me tins-_c_:eT langagé: ¢ J’ai dolize a_ys; L .‘ . '3:-;il‘»*est femps quevj"aiie_ une boitga £1 ‘coudr'¢ £1 moi, ' T jpour‘ n‘e plus recevoirfde tgrgnioleg quand j’ai -géciié _le fil dé ma mére. Puis, dans une boite, f: i} y ajtout : un g1é,‘de§ ciseaux et autres outils.‘»f M 0 A‘11"Ti‘.fri9n tour; .I_e prénds un billet : un‘_Monsi;eur : l’ouvr_9"_e‘t.dil_i: ' _,‘ ‘ .62 ' _ nouns ma FA.NA‘I"__l1}{l'<1>E',lI_‘_‘DE m5:’rmass1~: ./ xqn. _Kussit.§tTe1L pdnte oi1v_¢r‘t'e', J’ T "mun chapea'u"dehors,._et ‘j'e repris mon__ql1e‘hfifi » — Trois images. Et il cherche t_rois‘ im»agés;’re15ré§en_t_aht_ d‘é's ba»taTlle§.' ' ' _ fi . Je ne m"f1itéressais_13lus. 51 _1a féte : . c’était encgre uhe fpis ét to1'1jouf';s[u‘ llai; _je‘ rqgfllé; . ,5-.., soubs I'a p'luie, seulé, A dix heures du_ sb_i"1‘, par: les ponts et les canaux. Arrivée 51 la_ maison, jje .‘ donnai mes images de batailfe in un de mes fréres et je me cou’chai_ien pleurant.‘ ‘ ' " -‘ \ , v 15.: . MON PERE 15fi0P_0sE DE NOUS ‘ ’ ABANDONNER _ La propriétaire éfait venue nous insulter pour les d-eux.semaines de loyer fine nous lui devions. On s’était couché aprés cela, tout agités. Sur les paillasses 51 térre, les enfants s’endor- mirent vite. Moi, je me pouvais. - ’ Les parent§fl§ns rent. Mon pére proposa 51 ma‘ mére d’abandonner tous les en- 'fahts, disant que la'Ville prendrait certainement " soin d’eux et qi1’ils,auraient moins souvent faim *et' froid que _maintenant; "que lui était 51 bout de forées, q'1;’il 'n’av'ait que trente-huit sins, qu’elle ‘ ,_ sans doute n’au_rait plus d’enfants, et qu’ils flour; T raient se refaire' une vie 51 deux.‘Ma mére répon- “»;*._-ditzh _. I _. _ - ' ' Ndn, riqn, égbangidnner les e_nfants, jamais I __ h_ . . ’___ i . 64 JoU_ns DE FAMINE ET on nfirmassn J ’entendais tout cela' de mon lit_. Je fus prise d’une folle-ferreur. J e voulais éveiller mes fréres. et soeurs pour les prévenir, ou _aller supplier mes _ pirents de ne pas nous quitter, mais je n’osa_is, - de crainte des coups:£J e rampgi sur le véntrefius-' fiufi la porte, et me couc ai en traverjs afin'.‘dE_ -- r de partir. ‘ _ Mes parents, ayant pergu que-lqu¢_a' bruit, se a \ turent. Ma mére dit : _,-._‘_ I . ‘ — C’est Keetje; elle aura~entendu :"'_aprés des , ". -: scénes comme ce soir, elle ne dort jamais. Ff. '_ ‘— Mais non, f it mon pére, ce sont les rats. '- , Puis il appefaz " _ ;_ , , — Keetje, Keetje !, . - -. ._ Je ne bougeai pas. L I ' — Ils dorment _tous, reprit-il. Si tu ileum, tu ~.__ _ '.‘ ' v‘iendras me rejoindf'e- demain in ”midi a 1'-éc_ai;~“1_é, et nous partirons. Com'Ine c’est jour depaio, ‘E nous aurons un peu 'd’argent pour prendrueffei ‘ _ bateau et aller loin d’ici. - - _ _ - ' — Non, non, jamais je' n’apandonneraj _=_ '1nes_ ' _ _ petits. ' _ - ' Ils se turent. la porte. Quand ma mér_e-_se Ieva pour préparér Q le café de mon pére,__e_lle'_;ne trouva 1:21. ' . 5_ \ Je m’en_dormis vers _le matin, étendue; de-v‘an;ff, 3, ‘j o 7’ \ 5': v \ MON 1=1~‘:m~: vnor>os1::' ma ivoris ABA-NDONNER 65 ' -2' . -.-4 Tu vois, j’en étais sfire, elle a‘ entendu e_t I '_ '_v_ou1ait nous empécher de partir. : -5" -Mon pére se leva d’un bond, s’habilla en qua- ' ’_._t‘rg;_1171ouvements, et se s-auva-sans attendre le café. _ -Vers midi, en « jouant école >> avec les enfants, 3'32,--—-_'.je les avgis tous assis sur le séuil; mai's ma mére \ “lie sortit pas. Plris j"attendis anxieilsement le soir. Quand "inon pére refitra enfin, je'n'1-e jetai avec un grand cri dans ses brag. Il mé souleva silencieusement, '-‘_me' garda Sur ses genoux, .puis _en me caressant _- gles cheveux, et'la voix rauque, il parla: .3-j3'_5 _ _ —' Keetje, je suis souve'nt si'fatigué, et, quand on yient alors nous injurier comme hier, je ne ' " s-ai-s plus e-e.que‘je fais.- * 4:Pére, dis-je, laisseamoi dormir cette nuit entre ma mére et toi-; ]"aimera.is tant, puis-je ? — -Oui, ma: Keetje, oui, mav« Poeske >>, et avec fa poupée, n’cst-ce p-as '? —— Non, pére, mufmurai-je, avec vous deux seills. ’ J’étais in-définissablement heureuse. JE FAIS DES VISITES Un matin,-ma mere me dit : — Keetje, tu ne dois pas aller é1'l’éc_o}e au- jourd’hui : il faut faire ta visite chez_ Madhem-oh _ selle Smeders, puis tu ipas, avec mes comp‘li- ments, voir Mademoiselle_ Rendel (1). — Mais, mere, elles n’aiment pas que je vienne chez elles. . — Nous n’avons pas le choix, ma Keetje. Elles nous donnent' chaque fois un pain: nous -ne pouvons laisser d’y' a'1ler. Les Smeders et les Rendel étaient d’anciens voisin h travers la neige, wers (1) En Hollande, les femmes mariées du peuple et de la petite bourgeoisie sont appelées Mademoiselle. JE1'F}\1s -mas i'1sI'f‘Es 67' . . » l’a11tre extrémité d’Amsterdam, ou ils habitaient. Je me fendis d’abord chez les Smeders. Ceux.- ci-étaient des ouvriers comme nous, méme d’un - craninférieurs. Le mari, manoeuvre‘ aux docks, ne savaitipas de métier, ‘tandis que mon pére était un cocher -trés capable, employé chez un ’ gnandloueur : il avait un beau fouet bagué d’or, et~portait ‘une cravate blanche sur le siége, aux enterrements et aux‘ maniages. Mais les Smeders — n’a:v.aient qu’un enfan.t, élevé presque entiére- ment par sa grand’mére; chez nous, il _y en a\\rait huit que. mon pére était seul 51 faire vivre. Ce neus était une grande mortification dedevoir ‘ _ aocepter la charité de no .Zfi ‘? TE. 'esl' EV-Ec afpréhension que j’6tai mes sabots aul bas de. l’escalie1j presque perpendiculaire et " sqigneusement récuré a l’eau de craie, et que je 'montai e_n me tenant au cable qui servait~ de rampe. A'rrivéu,en haut, je. frappai craintive- ment 51 la porte : aprés qu’on m’eut répondu, j’ouvris etv pénétrai dans la chambre. Mademoi- selle Smeders me regarda assez froidement. —,.— C’est toi,f Keetje, pal“ ce temps-la -? Prends. garde, tu salis la natte.. Va t’asseoir la, —‘elle 1p’indiqua une chaise prés de la porte, — et gicas-tes jambes suspendues, pour ne pas salir les.barpeaun. « ' J; 68 JOURS ma, FAMINE ET‘ ma nfirlmssn _ O — Oui, Mademoiselle. Mes bas sont mouillés ‘ parce qu’il y a des trous dans mes sabots. Elle continua de passe_r a l’amidon ses bon- nets blancs,-'et le devant de chemise que "s'6'-1'1- mari pfiortai_t* leg d_im_ancl_1_e. Ses mouvements étaient nious, mais s1‘1rs.'Elle était vétue, comme toujours, d’un ju-pon de mérinos noir, large de six aunes, et d’un caraco en indienne' lilas, dont le - corsage aux épaules tombantes et les basques descendant jusqu’aux ,genoux., se front,-aient autour de la taille. Comme chaussures, des bas blancs et des pantoufles en iapisserie verfe, a fleurs rouges. Autour du cou dégagé, elle portait un collier de quatre rangéesfde coraux, a fer- -moir en filigrane d’or; aux oreilles, de longs_ pendants en corail.‘ Elle était coiffée dé‘B'5fi:‘ déauxtblond sable, luisants de pommade, qui_ lu.i couvraient les oreilles, et d’un bonnet blanc tuyauté dont les blrides pendaient sur le dos. Le frémissement continu de_s§_narines ldilatée et son regard bleu qui vous jaugea-it;Ti1'é "ca ient toujours un malaise : je n’aurais pas aimé la facher. ' La bonne chaleur dupoéle me tapa légére- ment 51 la té-‘re : tout me sembla voilé. Je regai-—_ dais avec étonnement, a ehacune de mes visites, cette chambre, au plafond has a poutres couleur ‘I1 JE"FAIs i!gss“‘.V!!rIx'I'ns orange, dont l’o'rdre et la propreté°m’in'timi-- .da'-ient. Au milieu du plancher, _passé a l’eau de V‘ ':praie,'était étendue une grande toile a voile peinte en jaune. avec bcfrd orange, -que la femme inepeignait tous les ans; "tout autour des nattes; ‘ devant et sous la table, placée entre les deux . fenétres et couve1°fe d’une toile cirée jaune, des morceaux de tapis-de -foute couleur. Aux fene- tres a guillotine, des pots de géraniums qui, l’été, étaient a l’extérie‘ur, des rideaux en mous-- _seli'ne a_carreaux maintenus par des rubans jaunes, -et au milieu un écran en étamine bleue, pour que « les voisins ne pussent vous‘compter les morceaux dans la bouche ». Hors des fene- 7 tr-es, des séchoirs ou, par -les temps secs, pen- daient les chemises en laine rouge-"'du mari. ‘ ‘Des chaises peintes en acajou étaient rangées 4 le- long desm rs ornés d’imagos. Dans un angle, se trouvait une commode en ‘acajou, garnie de grands cuivres' aux ‘serrures et surmontée _d’une barque a voile, oeuvre du mari, ancien marin. Sur _ ;la table, un bocal, avec un poisson doré-et, prés ' , de la place du mari, un crachoir en faience ' bleue; sous la~table, deux chaufferettes ‘en bois.“ T Un doux engourdissement m’envahissait. Ce - -confort, si loin de notre vie, me faisait réver. Ce _ bon fauteuil en paille, si pére l’avait le soir pour 70 " ' JOURS DE FA'1_V_[IN-E E'I"DE nfirnnssn se reposer, comme il-y serait bien, appuyé contre le dossier, une chaufferette au-x pieds -pour sécher ses has ! Car il souffre beaucoup, pére, quand, par ce temps, il doit nettoyer les voitures en plein air : ses mains sont gonflées comme des pelotes, et de grandes crevasses le torturent ‘la nuit, au point de l’emp' or1n1r. ,pour- Ifa-i‘t"1'11e tenir sur ses genoux en fumant sapipe. Le crachoir serait inutile, puisqu"il ne chique pas. Mes regards, continuant a errer, rencontraient l’alc6ve cloisonnée, orange comme le plafond, garnie de rideaux en indienne lilas, écartés a-u moyen de rubans : on voyait les literies recou- vert-.es de taies‘ et de draps, 2'1 petits.carreaux rouges et blancs.- Sous le haut manteau de che- minée, bordé d’un vola'nt a fleurs, avanc,-ait un long poéle orné de cuivre, portant une bouilloire en bronze‘; tout a c6té,_l.e seau 51 braise en cuivre jaune et rouge. / Mademoisellc~Smeders passait sa vie 51 frotter, astiquer, et faire reluire tout cela 51 ou-trance. L’odeur de la térébenthine et de l’alcool, qui lui servaient a délayer la eire et autres ingréd‘ien'ts a faire briller, Pmprégna'i_t la chambre. Tout 'ce-l'a m’intimidait; j’aurais néanmoins voulu vivre dans cette joliesse et dans cet ordre, mais alors il faudrait changer de mére, et pa plus avoir _ pour rien, pour rien, je ne voudrais ne pas les - vastro er la natte avec les pieds de la chaise. . ”“ .-en dedans, mais n’osais plus manifester mes JE' mis mas vlsrms '71 e f;.:— Difkje, ni Naatje, ni Keesje. Ah non ! Ah non ! ' ' ff a'voir. Ma gorge se serrait, je m’agiiais sur ma ' . chaise. ' — Mais ne remue donc pas ainsi, Keetje ? tu .......__.. _ e me tins coite un instant. Les voyez-vous lachés-ici ? Dirk qui se traine sur son derriére fr _et n’est pas encore propre ! Quel dégat ! Je riais A sensations. _ . — Et ta mére, Keetje ? elle ne t’a pas dit ~ _quand elle va acheter un behé ? , . — Vous pensez, Mademoiselle, que ma mére. ' _ A achéte les enfants ? Je crois plutot qu’on nous '; les donne de force! nous n’avons méme pas ~... ‘ d’argent pour aller-chercher de l’huile pour la lampe. Je comprenilrais que vous en achetiez, mais nous ! Et mes parents disent toujours que c’est une calamité, mais qu’il n’y a rien a faire. Mademoiselle Smeders me re arda bouche bée et ne répondit pas. Elle choisi sur le feu, y versa de i’huile, puis alla vers l’al- cove, souleva l’édredon sous lequel elle prit le bassin rempli de la pate a crépes qu’elle y avait 1.: mis lever, et commenga a faire des crépes pour le diner. Elle laissa brunir l’huile, y versa la (.1 _ ‘-9. ‘ 72 ' JOURS ma FAMINE In M: nérnzssn _r Afite avec une~louche,~fit' hien rissoler-des delfx /Eétés; glissa les crépes sur un plat, y étala‘du_ sirop Adoux, et les déposa, couverte‘s d’une assiette, entre le matelas et l’édredon. afin'de les ‘ T ~ tenir chaudes-. -Aprés s’étre léché les doigs, elle [ . plaga sur la table deuux assiettes, deux couv‘erts 1 T en étain bien- luisants,- et, _pour étre man_gés avec T K { les pom.mes de terre, un plat d’é13erlans froids :/ délicieusement croustillantsf ‘ M ‘ J J # . J" Ah ! si elle voulait me donner un éperlan ou une crépe ! Je laverais bie'n sa vaisselle et reste- rais jusq11’au soir pour faire toute sa besogne; Mais elle se dirigea vers l’armoire, y prit un pain ' V - ' noir, me le donna sans l’envelopper, et dit : — Maintenant, va-t’en ! Moh homme Va‘ "rev-ega. F . nir manger ': il n’aime pas trouver des étrangersf ' Et bien des compliments a-ta mere. , l V — Merci, Mademoiselle,'et bien les"compli- ' . ments a votre homme. ' Je repris mes sabots a la porte, redescendis. . en me tenant au cable, et, par la neige fondue qui pénétrait a nouveau dans mes sabots, j_ei tra- versai la rue pour me rendre chez l’autre an- cienne voisine. ' Mademoi-selle Rendel avait été une dame, disait-on, mais avait fai-t un mariage au-d-essous de son rang. Son mari était facteur dans une W34 Jpwe «mt 1 '3 EL. is L 'JE mus: fiiis :1/Iu1jE_s messagerie. Ils avaient cinq.e_nfants, étaient bien mis et habitaient un re:-de-chaussée. Mademoi- _ -selle Rendel faisait le matin son ménage, et sor- V tait invaria_blement les aprés-midi, habillée d’une " robe de barége gris sur une large crinoline, et d’un chale noir 5 bordure viole-tte, qu’elle atta- c'1_1ait devant par une grande broche a camée," ramenait dans la taille en croisant 1.es mains des- sus, et dont la pointe, derriére, rasa'it terre. Elle portait i bavolet en avec des brides violettes nouées sous le menton par ’un noeud a longs bouts. pe_ndants; des repentirs .poivre et sel sortaienl du chapeau, de chaque coté des tempes. Ses bottines trop grandes, sans talon, étaient en lasting et lacées sur le coté; elle avait un sac en drap noir au bras, des gants a un bbuton recousus aux extrémités, et un mouchoir blanc déplié en main. Dans cette tenue respec- table, Mademoiselle Rend.el passait au milieu de la rue, en saluant les voisines avec de- jolies inclinations de coté. Elle allait voir ses anciennes amies et revenait le soir, son sac rempli ou avec des_ paquets dissim-ulés sous le chale, et elle pou- vait, le lendemain, payer ses petites dettes. Elle me rec,-ut trés -aimablement et me demanda si ma mére avait déja acheté un bébé. *_ ~_— Mais non,- Mademoiselle, ma mére ne fera l V 5 ., $"‘.‘“F='?"":'1~*.;F- '2~z'.7~‘ A wax‘ "-_:' "* ' 2 -y n- - . ‘I Iv‘, I 74 " Jouns ma FAMINE Er ma nfirnnssn pas cette bétise ! Nous sommes dans une p‘ann-e noire: voyez mes sabots. Elle n’ira donc pas acheter des enfants: nous en avons du reste huit. ' .- — Bon, Keetje, bon. Approche-toi du‘ feu. Quel mauvais temps, n’est-ce pas, mon enfant ? Elle ne craignait pas que je salisse son par- quet. *'-- - " ' J’étais bien plus a l’aise chez elle, mais je pré- férais l’autre chambre. Ici, des bottines trai- naient sous la table, le chale sur une chaise, des chapeaux sur des me_ubles, et des joujoux d’en- fant dans les coins. E1le—méme avait une vieille robe noire _tachée, et_ les cheveux dans des pa- pillotes. _ Mais sur le poéle, des pommes 'de terre bouil- laient, et des. boulettes de viande rissolaiefit dans une léchefrite. Ma bouche se remplissait d’eau. Il y avait neuf boulettes : une par enfant et deux pour chacun des parents. Si Mademoi- selle Rendel avait pris un grain de chacune, elle aurait pu en faire une de plus et me l’offrir. Qa doit étre bon, d’aprés l’odeu-r. C’est étrange! Comment s’arrangent-ils donc tous pour avoir ces bonnes choses ? Chez nous, il n’y_ a jamais rien, méme pas 5: nos anniversaires, ni a la Saint- Nicolas, ni a la Noél, jamais, jamais ! et ailleurs JE mus mas V'lSI'I'ES il y a tous les jours de tout. Ici, je vois toujours . _ neuf boulettes sur le feu. Le mari entra pour diner, ainsi que la fille ‘é ainée'qui apprenait les'modes * tous deux me ’ I firent on accue . emoiselle Rendel - alla dans le jardin, se fit donner, par le bou- langer d’é1 coté, un pain noit par-dessus' le mur, _ V -et me le remit en disant : — Keetje, tu as encore '51 aller loin. Va, ma ' petite, et bien des compliments 51 ta mére. fly " Tous _me 'condu'isirent' aimablement jusqu’é1 la v,e ' ' porte; la fille aiflée me chargea encore de com- — ‘ /- ‘ pliments, et je m’en retournai 51 l’autI:e bout d’Amsterdam, chargée de mes" deux kilos de pain noir, -pas enveloppés. - . .e _ ‘ La neige‘ tombait drue. _Quand j’arriv.ai dans "_ notre imna toutes les femmes étaient en ' , e-——-.~~ ’ . . Uyuvfj , ‘em_o1 : en rentrant chez nous, Je. fus Sll1‘pI‘lS par 0 W les vagissements d’un nouveau-né. ' - ' 5.4. . ‘ I ‘ . L .Jn ’I r‘. -._.. __1I $2" E. r.'. J.” -‘.9, _-3 '|| WT TOUPIE ET CERF-VOLA'NT ' <1 i ».t—— Moi, disait Dirk, je voutdrais une, toupie" grande comme la'bouilIoire, et qui ferait, en tour- nant le bruit de millq abeilles. _ Eh effet, quhnd, sur le quai, Dirk jouait 51 la toupie, il s’agenoufl1ait et, appuyé _si1r les deu.x_ mains, la téte penchée au--dessus d’elle, il 1’éc91.1— tait ronfler. Sa figure était radieuse : ses yeux bleus deve‘na.ient noirs; ses lévres s’humectaient; tout son étre se tendait dans une attention pas- sionnée. Aussi, quapd sa toupie _était tqmhéeu-' dans le canal, ma mére lui refusait-elle ranement un « cent » pour en acheter une autre. C’étai.t alors un nouvel amour : il ~la badigeonnlait orange avec rayures hleues et vertes, et lui trou- vait ges qualités, que *n’avait pas l’ancienn-e. Sa room; ET cuir-'Vo"mN'r ‘passion durait jusqu’a :l'a-catastrophe prochaine,' ' _ _ _—: (ju’il accourait, affolé et hors d’haleine, nous _—- ; annoncer en bégayant. ' _ '_ Kees désirait un cerf-volant aohet§__au bazar._ _ _ __ __-— Car ceux que je fais moi‘-méme, disait-il, ne _" -veulent jamais monterz l'es queues sont trop ' - lourdes. 'J’aime qu’il souffle dedans et que‘ cela fasse : Houhouououououou...! Alors c’est comme _'fun moulin a vent qui _tourne; puis, quand il --5. ' iponte bien, il vous tire, et on a la sensation qu’il va vous enlever. J’ai souv'ent souhaité étre queue ' ' de cerf-volant, ‘pour m_e- sentir balancé‘ la-haut ,_dans les airs. . . L. __ Le dimanche, trés tot, Kees allait au coin de _ ' notre canal, 51 _l’échoppe.du gommissionnaire Barend. Quand il faisait beau et qu’il y avait de la brise, Barend, dés 1e,‘ grand matin, dévidait ientement la corde de son cerf-volant, du baton ' ‘— , auquel, elle était enroulée. En manches de'che- - ;—,'_. "'n__1is-e propres, le pantalon tiré trés haut sur bre- 5 It-el-les. la casquette noire garnie de deux petites T" "U 'f_1oche%_.§ur le devant, les" oreilles percées de '. menus annea.ux d’or, le br1‘1le;'gueule en terre de Gouda 51 la bouche, il avait son air du dimanche : .. ‘- } dg yiejlle hgride1le__étr1l1ée. . ' Kees tenait le cerf-volant des‘ deux mains, aussi haut qu.’il pouv_ait. ' _ .7 ‘ .. >9" _- A , ..-It . - . ‘- 0’ 3 T "iv " 7-8 _ JOURS ma FAMINE ET DE mizrm-:ss1«: » Barend faisait un temps de course, puis cr'i_a__it: — Lachez ! "Et, aprés plusieurs essais, l'e cerf-volant 3on- tait en ta-nguant. '_r" ._ , II: L _,,._ Quand il était a ime certaine -lliauteur, Barend passait le peloton de corde a Kees, et ;1’un saut _s’asseyait sur«la toiture 'en zinc de l’échoppe. Kees alors lui rendait la boule qu’il avait dfi, tenir de toutes ses forces, grimpait a coté de lui,- et la déroulant méthodiquement, tous deux sui- vaient lehjoujou aérien dans son ascension. Toute la matinée, l’homme et l’enfant resta_ient ' la, la téte levée, 2'1 observer gravement les évolu-‘ tions du cerf-volant qui_montait, montait, en . balangant élégamment sa-longue queue. Quand i-l avait’dispa1:u trés haut, ils se regardaient émo- tionnés, et la satisfaction brillait dans ileurs yeux._ De temps en temps, Barend demandait a Kees de rallum.er sa pipe en terre, ou il‘ lui faisait tenir le baton, dévidé maintenant, et i rajustfiit sa chique, aprés avoir lancé un long je de salive brune. Puis l’un et l’autre se taisaient, tout a leur‘ contemplation. ' ‘ * ' Quelques minutes avant midi, la femme de Barend poussait 1_1n cri pour 1’-averutir que le diner \ . F ~u TOUPIE ET c;a:1’in"-voLA1\_rT ,, 79 a_llait étre prét, et l’hom_me commengait 51 en- . rouler soigneuselnent la ficelle sur le béton. — Keesje, si le vent ne tombe pas, il fera encore bon cet- aprés-midi pour une nouvelle montée. Maintenant je vais mange?‘ ‘ Un jour "i1 ajouta: — Le dimanche,"nous mangeons bien: du hachis. Et toi, que manges-tu le dimanche ? Kees réfléchit un instan_t, et ne' se rappelant d’autre viande que les langues tie chev-al que monl pére-achetait polir quelques « cents »' 51 c'6té de l’écurie de sbn patron, il répondit hardi- ment : ' _ — Le dimanche, chez nous, i] y a de la langue de cheval bouillie, avec_des pommes de terre. Barend le regarda du coin de l’oeil. — Dis donc, moryeuxffbus-toi de ton a'1'eule, mais pas de moi! - ' Kees,'tout déconfit, 11.3 considéra sans ré- pondre. Barend partit vexé, en d_isant cepen- dant : ' ’ — Allons, 51 tantét. -' _ . — Le petit rentra chez nous, oil il n’y avait trop souvent rien. 51 se mettre sous la dent, "on tout au plus du pain'et du mauvais café, et,nous conta la méchante boutade de son ami. «ii - _. ,5" _'. JoU_RS ma FAMINE ET mi n1':1-massn " —-.,— Comment, béta, tu Int as dit quig nous main-» —T Commént, bét_a, tu lui as dit que nous«_E_a'n- _ geons de la langue de cheval ? mais oIr\7§'.cr1'er aprés‘ nous ! ‘ ‘ : ' ' L’enfant ignorait qu’on se cachait de manger de la viande de cheval. _ - ' V L’aprés-midi, Ba;-end et Kees se replqgaient sur Péchoppe, et jusqu’au soir, la téte levée—é-t Ie Ijegard tendu, ils suivaient le céerf-volant dans s_a fandonnée aérienne. \ ’ 1 ‘UNE EXPULSION . -I ”'[ I C’éta'it en pleinhivér. Depuis quatre semaines, n-ous n’avions pu payer iiotre ioyer. N_ous alliohs étre expulsés de l’unitju¢'cl:1ambre que nous ocaupions. moyennani iln florin p'ar semaine, ans une im ass immonde d’Amsterdam. Ma ‘me ' § Phuissier, afili de- 'l"amadeuer; mais, arrivée £1 l’e'xt'rémit-é de l’im- passe, ellc revint préoipi.t_amn1ent, en frélant les deux murs de sa crinoline. \ —-'— Ils sont la‘: ! ils sont 151 ! haletait-elle.! En effet, trois hommes érrivérent: un huis- sier' et deux aides. Ils commencérent 51 déposer nos frusques dans Fimpasse. Mon pére, qu’o-n avai-t prévenu, accourut; i1..obtint de pouvoir, par une fer_1étre, évacuéer le tout fians une cour I 82 _ JOURS ma FAMINE ET ma nlirmassn '§ voisine. Sur 1’impasse, donnait la ‘porte de der- riére d’une maison du Nieuwendyk : ou l’ouvrit, et on nous permit de déposer dans un couloir quelq'ues‘objets et les enfants. . ' . La chambre vidée, l’huissier la ferma. Nous étions sans demeure en plein hiver, aVec neuf enfants, dont un 51 la mamelle, et cela pour une dette de quatre florins. . Quand le berceau fut dans le couloir avec tout _ ce qu’on pouvait y remiser, ma mére me dit de garder les petits, qu’elle irait chercher un gite pour la -nuit. J’ai perdu _le souvenir de ce que fit mon pére. Mei mére resta frés longtemps absente. ll commengai-t/51 faire noir dans ce couloir", of‘: on nous laissait sans lumiére, par crainte d’i-n- ' cendie. Quélques-uns (_I'es enfants pleuraient. de faim et de froid; d’autres s’endormirent. dans des coins, sur le carreau. Moi, je bggais le bébé dans mes bras, moumnt de frayeur et d’inquiétude. Je sanglotais; de temps en temps, j’appelais 51 haute voix ma mere, puis n’osais plus bouger de peur des revenants, dont elle nous avait conté- les exploits. Enfin elle arriva : tous les enfants se mirent. 51 crier 51 la fois. Aidée pa_r une des servantes de la maison, ma mére nous e1nmitou- fla le mieux qu’elle_put. Mon frére Hein dormait si profondément qtfqn ne parvint pas £1 le I‘_é- UNE ri:x;5:U:1.s1oN 83 veiller: Que faire ? on ne pouvait pas le porter. Nous le mimes dans le berceau, oil il dormit_ toute la nuit. S’il s’était révaeillé, il serait mort de p_eur de se trouver seul, enfermé dans ce couloir; mais il ne se réveilla pas. - Ma mére nous conduisit a un logement p‘our pécheurs. Dans une grande chambre a_cinq lits, trois nous étaient réservés : un lit pour pére et mére avec le bébé, le deuxiéme pour les quatre 'gar9ons, et le dernier "pour les quatre filles. Ma, mére descen-dit un instant. Pendant son absence, entra 'un homme qui devait occuper un --des autres lits. Il me sembla vieux; je devinais quelqu’un pas de notre‘ monde : quoique en gue- nilles, il avait l’air (_1’un monsieur. Il s’arréta- interdit, nous regarda-t-ous,‘puis vint a'moi, me 'mit la main sur les cheveux, les c-aressa, me renversa la téte, et me regardant minutieuse- ment : '— Hé ! hé ! dans quelques années ! dans quel- ques années ! _ __ Je ne m’étais pas trompée: c’était un 1_non- sieur. Il pronongait les mots .t‘els»qu’ils étaient‘ écrits dans les livres que j’avais lus: j’avais remarqué que les gens riches parlent comme dans les livres. ' ’ — Quel age as-tu ? ' 1 _JoURVs- DE I«'~Am/1‘éz:Er ma néinzssz — Douze ans, . T V . T ‘ T- ; — As-tu un Tpantalon ? T- - ' T — Non. _ . - _ L , T— Alors .léve: ta robe, et .r_11_ontre-n_1oi.at7e_s jambes. , . T‘ T _ ' . ' Je n’étais plus assez petite pour-ne pas seniipr . sun danger : j’appelai .ma mére, qui m.e,c;iaT du has de l’esoalierT.de ne pas faire tantde bruit, que nous n’éfio‘ns_rpas chez nous. L’homme ne;se — - ~ déconvcerta point. I] dit a ma mére, _quand ,el'lTe .r_entra: . T j ' ., T ,,‘_ — Madame, .;vous avez, debeaux Tenfants, et f cette fillet,te-, dans quelques années, sera trés jolie. — ‘ _ ‘ - T — Oui, mes enfants sont,trés jolis, fit-Jeplle ,avec orgueil: Nous. sonimesfvenus de laocanT1‘_- pagne; notre appartement n’est pas.prétT: voila pourquoi nous logeons ici. ‘ "T L’homme al_la se mettre au lit. S’il était sorti,. j’aur-ais raconté la chose a ma Inere, mais main‘-‘T’ tenant je nfosais pas. . _ -A Nous couchames les enfants. Arriva un .pé—~ ‘cheur pour le dernier lit. Il nous regarda ahuni, ' puis bougonna :, , . T ‘— (la va étre gai avec cette marmaille’! . Heureusement un paravent nous isolait aquelr ’que pea. Je me couchai. Ah! para éxemp-le'!' * ' ‘A put *“:;:x1=jui?‘s1'¢a1~z ' jamais. je ne m’étais.trouvée dans pareil lit: on’ - enfongait 151-dedans. I] y avait‘ des taieswet des “draps‘é1‘pet'its caigeauxf rouges et blancs tré_é 7pro'pres, et,. at} inilieu, fun creux~.eXquis dans ‘leiquel je poulgi C’était du vrai capoque pour le moins, et pas de la_ba;11e d’avoine réd 'te»e'n 'pdussiére, comine chez iious. Tous les enfants, étaiént si agréabfeimeiitzsllrpris, qi1’un moment ce furent des rires tfillés et _des pépiemeifts, ' omme dans une voliésre en é1')-. —_Mais... nous ne pouvons pas rester indéfi- _ niment sans manger. __ ' Ma mére avait toujours dit que j’aurais été ‘ habillée de b.leu ma premiére commun_ion, et ‘ ' voila que nous avions acheté cette ‘robe gris-de- per;e, garnie de 'ruch-es, d..’une-rpauvre~ étoffe «_ rai,de et réche. Je la pris dans le placard: elle était bign sale, surtout sur les hanches, d’y avoir 88 Jovns ma FAMINE ET‘ ma nfirmzssn . frqtté mes mains, et toute décolorée. Je la pliai respectueusement et trés légérement, pour ne pas » la chiffonnez-,_ et, la portant 51 bras teudus, je m’acheminai, émue et frissonnante, vers le Mont- 'de-piété le plus proche. . """"""“7"“ ‘"«#A11' moins vais-je demander u'n gros prét », me disais-je. Ma robe de‘_ communion avait, pour moi, une bien autre valeur que les trois florins et demi qu’elle avait cofités. « Je vais exiger quatre florins : ce n’est pas trop. » . - C’était un samedi soir; il y avait beaucoup de monde : les uns venaient dégagerles vétements de dimanche, les autres engager les objets les‘ plus disparates, eifin d’avoir un peu d’arge_nt le lendemain..‘I:§s‘.flI £e_gg_a_g_e:_i_i_e;1t leurs fr_usqu§s du sabbat jdéga ées la veill_¢j,_,'pour pouvqir"Ei?:1ie- ter' leur f<‘)fi'd'§%?'(':'.3r~hE17=,rée de la semaine, et . - protestaient quand Pemployé voulait réd.ui_re le prét, sous prétexte Que‘ les vétements avaient été . portés tout‘ un jour._ Mon tour arriva. — Co§1bien ? _ :1 — Quatre florins. _ ( L’employé défit le paquet, examina 1a.,robe~-.v T en la tgnant devant lui, 51 bras écartés. I1 répc_>n_- ‘ dit tranquillement : i ' ‘ — Dix-huit_ sous. _’:M,< honteuse. . 1"} Je _I*é~..s*tai_ un mom(=,nTt-§ais”ie’, puisnlmurmufaifz T—-C’est bien. _ »- T M _:-Il réduisit nia’ rc)v1_)_e, de iprémiéfe cOtnmu1_1i‘on ,_en un petit rouleali, _c(i/xi-t1i'me fit presque pleu- er. _ (T? 1 :‘En'sdrtant, jeTrenc01‘:t_rajiL dans le ‘corridor une fjiéfnme-,_ avec uuhe plaire d_’i1i1menses;_bot‘tes de ~ :"drag\l1‘eur eh mgins, q_1§7ell»e,xnTeidemanda de vou- V , Eéir engager 'po'ui“«elIie,;:IAerll’é n’osait pas, étant -T .—'*Oui, jeiveux bie_I 1;. que f‘aut-il demander * — Vingt—'q.uatr_e spqs. _ f Jé rétourne »a11 giiiéh_1__§t.f"Ayant TbienT i_nspec_t é Ies botfes,— l’em_pldyé >'zi_1'je-”~i f'éj)ond : —-Di7X—hl1its0liS;”5 I ¥ C’est b’ien~,Lch1rohot‘e-t-ell'e.- ~ T .-—” ’C’e'st bien, dis-jej512I’e’mployé. 1— ’ L"a fe1_nme me’ doniiea ‘ileux « cents .» pour ma ,;:f¥’pei5ne. : - % .— N T— . -".Je mé pfécipitai ver's Tuneboutique o1‘1, avec K,,"’1e1svdix:huit sous, j?Tachétgi' du pain, de la marga-1 7rineL‘ et’d'u caf_é mQuil1rv;;puis, pour mes, deux ~l_a§Bll. u bois 1dor- j .. ..' J V - -V 4 . .I_OURS;DE.FETE'. 7 5’ A ’ J er,~n1e rappelle surtout ‘les. transes -de la faim, «I ~ ‘ les joi1rs.de féte. Mon pére, qui s’était mis ‘_:11_ ‘ ‘ boire, s’enivrait alors dés le matin avec les pre- miers pourbéires qu’on lui donnait, et était. le reste du jour,‘incapable de conduire son fiacre. Or, c’étaient _ces pourboires qui nous faisaient - végéfer. Il y avait donc, ces jqurs-‘I51; u-n redQu.- T blement dermigére. T ’ ‘ ' Ma mfg‘. cependant not-1s____‘~atti§gi_t Al__c_2~;rp_j_gg_-x____ ,qu’elle pouvai-L pour la féte, et,~avec.vle plus’ -p-elit. 4 énfant sur ses bras, nous alliofis‘ fairefiun tour, " . humer les bonnes-odeurs de mangéaflle. Les femmes,"s1'1r le seuil des portes, atten- daient la famille et les invités. Ma mére s’arré- tait éi causer 151 01‘: cela sentait bon_ le caf‘é‘ et les :1. 2?? _ ne nous invitait. -r tartines beurrées, dans le vague espoir d’une invitation, du seulement fie l’offre d’une tasse de café ou de n’importe quoi; mais non, jamais on Puis nous rentrions. Les plus ‘grands refouil- laient les armoires, espéraint trouver une orofite égarée; les petits pleupaient et réclaplaient 51 manger; ma mére, péle, les mains sur les genoux; ne disait rien; mon pére ronflait, empestant Patmosphére de son haleine d’ivrc')gne. Alors ma mére sortait précipitamment, et 'revvenait peu aprés avec _du pain pas fissez cuit,- de la margarine et du café moulu. Elle était al"lée _@un des nombreux petits boutiquiers dont tout Ieifonds,valait hien dix flo'i"ins et que nolis avons conduits 'de la sorte 51 la faillite. 0 — JOURS n'ETri:'1'i: ' » 91 ' u 4 /N-onus VIVONS— DE ('3HAR.ITE“5 .C’était en'1870. Mon pére s’était laissé montdr Ta téte par un déserteur allemand, qui lui a_v-aii faitaccroire que, tous les hommes étant 51 la guerre ou _ayan_t été t-ués, l’Allemagne mxanqu-ajt de bras. Quand il s’agissait de voyager, §1}on pére ' perdait -t-out discernement. Il nous, annéinqa 'don_c . qu’il allait partir pour l’Allemagn_e, o1‘1'oertaine- .' ment il trouveréit vite du t_ravail bien rémunér_é, et qu’il nous ferait venir : il s’était engagé dans ’ -"-. un cirque allemand pour faire le_ voyage gratis._ l-'.. - ‘. I1 avait se_s hardes dans un sac et, les larmes aux‘ .v'--. yeux, no11’s"?fu‘Ifl§'. Nous étions tous plus morfs que vifs de cette I " , fugue que rien ne justifiait, car mon pére avait- '- du travail, et il_ était 51 peine parti que le déseg-_ s NOUS VlV6NS ma eniamrfi . ' I , teur allem'and occupa-'sa place. Mon_pére nous aebandonnait en plein hiver, laissant ma mére av-ei: neuf enfants} sans ressources aucunes. jinféressa plusieurs da-mes" a notre sort; elles "furent tout de suite -d’accord pour me mettre, jusqu-’a ma majorité, d_ans un établissement de , bienfaisance. Notre ahurissement fut intense. " Ma mére s’étant rendu em3nt fibur les arrangements 51 prendre, ‘et ayant vu des petites filles qu’on y_é_le.ya_it, vint -nous dire que oes enfants ava'ent l’air si atées et s’inclinaiént ‘H .si profondén"1'e%1i;t 1' _ 1_'ii)€rileure, et ceci..._ et -c_e1a... Bref, l’idée'se_ule de savoir sa petite K'eé'tje aussi a-platie lui_serrait la gorge, et, quand elle d_ut signer un acte par lequel elle renongait ' -a t_ou‘t droit s_ur ‘moi, elle refusa. Zut! elle-aimait mieux que‘ 'j’eusse faim avec elle: en somme, nous en avions vu bien d’a'utres I I Ce nous fut un grand soulagement de nous " étre décidés a crever de faim ensemble. Nous 'fimes, a cette époque, ‘la connaissance Q" — de -tous les établ-issements de charité d’Amster- ‘ dam. Un d’eux nous donnait trois pains noirs par semaine; un autre, tous les quinze jours, un “ lflorin en wé il y avait bien pou.r 7 » cinq ée-ntisqae mauvéisleg monnaie, mais enfin I "Ma mére s’en fut trouver le curé, qui bient6t' / . 94. V M JOURS DE,» EAMlNE__E_'I_' ngz’ nfiynnssu sans cette charité par miet_t‘es, nous serionsmorts de faim et de froid. Ce n’est pas qu’elle ne comptét quelque peu sur le rétrécissementaque produit la faim. .Ainsi quand on donnait une chemise pour un enfant, elle ‘était si‘ étroite.» qu’elle le gainait comme une seconde peau : on pouvait compteroses cotes a travers, et malgré le fr,oid,>il y étouffait. Ou, si.on n’avait pas votr-9.. pointure pour -des sa_bots, on vous en passait- de plus, petits. Nous recevions aussi descartes pour des bi'i- quettes de tourbe : Heinfet moi, nous allions’ les bcherchér a l’autre extréinité d’Amsterdam, sur un traineau auquel lui était attelé, et que, moi, jespoussais, nous frayant un ch'cmin':‘1 travers la, neige qui nous montait aux mollets. On nous donnait des bons de soupe aux pois, dont par- fois nous vendions quolques-uns afin d’acheter du savon et du sel de soude pour pouvoir faire une lessive. A sept heures du matin; nous allions sur les_ . . 0 . grands canau2;_*/,fkg1re queue a la porte des « mal- ' sons riches ».iI:¢s larbins manifestaient tout leur: : A ‘‘‘*-~.- ' —~"i"‘i‘ - ,- degout lorsque nififs etlons sales, dlsant qu,1J y av.ait"cependant assez d’eau dans les canaux pour. nous laver, si nous Ravions voulu;» et any I - NOUS viv"6x~i§ mé: _.cHAnm§ . . ,_95 ". —'_' -nous distribuait encore -des bons “pour des pois, “ [des féves et de .l’orge. ’ ' _ _. Q : Nous étions livrésgé une "'charité étroitement -L 1 » ‘_ méthodique, et qui nbus classaft £1‘ jamais parmi ’ - . ‘_l_é_sMVagabonds éfi Q. _ * 'on.pére ne do iia ‘pas si no: de vie pendant ' "‘ les six mmqfi dfl;;8 fURfdimanche ' _ 'matin-, il.ouv;'it la porté et rentra, le sac au dos. .7‘; V ’ Hein s’élan_9a vers lui"avec un grand cri de joie: ' "—0h!pére! é .— "I ' L’attitude de ma mére d1‘sai»t:-« Vous venez L nous éter le pain de'la -bouche. » . ;0n.sut en effet bient6t5' que mon pére était ‘ ._ K ’ revenu, et on ne n_o1is,.donna plus rien. Ma mére _;._v ‘ avait un mari jeune et vignureux, 1‘1’est-ce pas ? " K _ trésu. capable de.travaillér f)our_les ,neu.f enfants “ ’ q1,i’il avait envoyés dahs” lemonde. AH 1 VOU.S AVIEZ DES « KWARTJES » 2 . Nous étions trés familiarisés avec la faim, et ma mére avait mé_me appris ail la manier dé __ faqon assez dangereuse. _ . ‘ ' T. Un soir,,nous étions assis autour d’un bon fell;-' de tourbes: comme nous,avions demandé des secours, on nous avait donné des tourbes. De toute la journée, nous n’av_ions eu d’autre nour-_.-,-T riture qi1’un pétit pain dé dix « cents », que ma _ mére avait pa}-tagé en neuf tranches, Elle "avait : ‘\ '-' le‘bébé au sein, et nous bausions de ce que nous ’ " - aurions acheté 51 manger si nous avions eu un ' florin. ' > On frappe 51 la porte; je cours oLi'vrir; un Mon- sieur s’arréte 51 l’entrée. 7 — Restez donc, petite femme, dit—il gentiment . . 1 AH !. vous Avfiaz ms < KWARTJES » ! kw ,-: mél méré; vous étes assise avec tous vos enfanté 3': .'.- -'_' a,_i11.~our .du feu ? Voici... K I1 me\remet une piéce d’un florin et part. __ ‘ Je voiilais tout de suite chercher ce do'nt-nous ‘ _ " - .'é'v’ions parlé : du pain, du café, et.des harengs ' ' ' ‘_s«a'urs _q1'1an‘-d ma mére me dit : _— nne le florin. . '_Je le lui donnai, et Elle I'n\e passa trois piéces d’un « kwartje ». J-e regardais, stupéfaite, ces . priéces, et levant le regai'd_v-ers elle: '* — Ah I fis-je, vous aviez Hes -« kwartjes »? _ ‘E-lle baissait les yeux en" rougissant. _ _ I -.—-Oui, tu svais, e_es_s1”2_; a«u_.nes d’in.dien-ne que — .. 3;’-ai regue.s'de_Madame... Eh bi-en, il me manque P ' quatre at-mes pour faire une robe. Cela cofite un 5-’ ;--< kwaitje » l’a.une: on a le méme dessin au . 3-_ _ bfieuwendyk. J ’ai épargnépou: les acheter; avec _' " ce 'flo-rin, j’i-rai les che1j_cher-demain. .« _ . .- . J-e resta-is hébétée, en Irépétant : ‘ -5; . _,— Ah I vous avi_ez‘ des « kwar.tjes‘»,_ des ' K i < kwa'rt_jes » I ' _ ‘*'. — Allo-ns, morveuse, va éhercher du pain. sf “_ av"-=--w»..._.--* 5 '_' 1 > _ \ ' » ‘ " - . 5 i % ~. ; - » .j T ; ~ ,3 :- <.44;..--—:j:}}“,.»3V_M{". ‘='~.:' ' ' UUSURIERE’ -_ . a-‘~ ‘ V (‘ -_ 3'? \ ‘y ~' ' V —' ‘ I Ma mére me fit des signes mystérieux. Je pen- , sais qu’elle voulait, -en cachette des autres, me '- _ \ ‘ donner. une tartine beurréé : comme j’étais I faible, on me gétait un peu..Mais je vis sés yeu.x clignoter,‘signé évident, chez elle, d’é'motion.T — Ecoute, Keetje, chuvchota-t-elle, nous-‘alldns T chez Koksidégager mon mapteau, ta5rob*e”d'e premiére communion, e,t le :pardessus 'd'e‘pj=.1:e. ‘ — Tu as de Pargent, mére ? fis-je auséiAm-ys_w- rieusement-- qu.’el1e. ' W ‘ —.0ui, j’ai épafgné. . ' » V L’épargne chez nou_s re_présentait’ des jours ~ sans pain. Mais‘ comment faire ? Nous ne pou- vions aller complétement nus :‘ nous 1’étion.s déj 51 aux trois quarts‘. gent et nous di‘t d’all_er A une porte de derriére ..L’Usim1i:1u«: Koks était un épicier qi1i donnait deé denrées sur gage; tous’ nos véternents a‘v.aient pbassé chez lui, et voilél que nous pouvions dégager les prin- _cipaux. _‘ 1 Ma mére tenait'les quelques florins en piéces. ‘ . d’un « cent >> et en « dubbeltjes (1) >>, dans un \ cornet de papier gris. La femme Koks‘ prit l’ar-_ po_ur y recevoir les \7étements. Mais une fois 151, elle déclara .qu’elle'nous les donnerait quand nous viendrions dégager‘ les autres loques suij lesquelles elle avait eu la'bonté de n cer d'es deprées. 5' ‘ - Ma mére pleura, se fécha, menaqa; moi, je sanglotais, en parlant de ma r0'be de premiere communion-. Rien n’y fit. L’usu-riére» nous cha_ssa, en. disant : A .— Vous ne pouvez pas prouvér que vous m’avez remis de l’argent. .« On dut me coucher : l’émotion m’avait donné -la fiévre. Ma méfe eut, pendant plusieurs jours, des clignotements d’ye1ix et des plaques rouges sur les pbmmettes. Elle mglrniottait des mots_ de xlengeance, et griffait l’air, comme Si c’e1‘1t été la nfgirne d‘.ie_'7E‘.§‘El‘§EE;;,/vxrauvvotxfxb (1) Dubbeltje’: Un dixléme de florin. b , . .L(_ / - _ IBAATIE’ - K "> Dirk joueiit £1 la toupie sur la gla-ce ¢ no-ire ' cam]. I1 an-ra.it don-né lon\d_in,e§';,pour une -péire -de paths, on. un _pet'it.trai-neau dans lequ-_c_‘l.il_ nous an-ra-it tons en-talssés et tré-his jusq.u’au_s6'n'. - Mais ne pouvant avoir ni l’une ni l’a-utre, i.l s-e c_§e_nt_a_1it de ea golgpie, q-u:i tourn-auit 1nerveil-leu- semen} stir la glace en déo_Ii'v'arLt1des-arabesques, . Les mouvemeials sjji1n1ents.m*ont tsoujourértn-i_s_e' _ hers de H10-i-61-,-S-l,I‘ 1-a g-la'ce, il fa-H-ait s’en d-onn-or --'_ _e ,. tr-op si-on vtnrlai-t'nepa§ se figer 2 fie suivais d»on'c _ ' an quvai les éba-_ts -de yon frére. H devinhbien-éét ' _:.j tout ble-I1 de f1-aid et, has de oe -jeu qui fie }e -' réchauffait pa's assez, il l’aha'nd’qn-na pqu-r £ai!=e des glissades. ' ' Sur l’aure rive, -une femme ls’app;:eo-hajit du pertain} qaieliquezdhase 'd=a"ns son tahfief‘ _: T Arrivée au bord; elle~yi?7pxfit 11nTci¥}je{‘qu*‘eH'e jeta L xme bade pnaiiqdeé;-_é§_v.t‘rayens'Alafglace. Cinq s:_ '7fo_is,' elle plongeassaeméfhssdanssle tablieryet ciaiq » . , 1 j 55¢!-is,'hInqa un7db;ie:‘t[. fD:1'a'k;eq1_1i s»’étai1'approc~h-é, , '4 4 [z£tTt_;1=_a:pa: le darnierisafi v‘o.l,‘eTt se seuva en 1e’ dissi- * 7 * i T sous soicliagmtfaiil. H remonta s‘I1'T-"Te qu_a1T . de—f6H'e cété, et ‘r‘r'1‘é'T1TcTntra un petit-vcshat gfis-,.* ' Vtémre bhnc, de quelqW1’es‘*semaines. ‘ _ ' J’af séuvé ‘ celuf-ei,TJbégayait—il.V Allonsgvfte .1_e?/iiéchauffei e't lui d'0.nT-n‘er diu laeit. L la mfiison,‘ flirk pifit. le pc)_t'z_1i1 laiti su__r le H et en donna I.1_n’1.)e_1‘1e£Li1__petit ‘chat’. Ma mere ' réclama: T 5 ‘ "_ A W _ é¥- Eaoute, ncine :T du Alait, nexus, ensavons trop " raireniesnty nous—Inémes- ' .‘ T V. — ‘ . T‘ V.— VQyon.s,,_;,n;e1:e, p“c‘;u1:‘b!leA‘ ren1,a_tt1~e__(_.de son émQtjQn"d’avoir ._é,té‘ jeté de si haut—! , .9 —— C’est hien, si do‘-s't'.‘nou.r l’é1;_aotion; may je‘ g he veux pas de Qmnmensal. . , * ' 1-ui donnerai de-ma tartine, e-té l’impasse A , est reinp.lie do sduris et* 1-e canal de rats. T L ‘Li pot-it chagbiut 13:-écizjeusementi: en ‘montrant . uine lémguette rose; pvuis ‘il se mit sur ses quatge A pat.-ties’, s‘étiIfa, et .le dos bombé, la queue dressée, _ ‘ ifmarcha sur« Iva tdile en dbnfihnt *de délicats " 1 ’ s 102 JOURS ma FAMINE ET‘ ma m5:Tm«:ss1«: coups_de téte d'ans-la figure de. Dirk. Les_ yeux. . . de celui-ci brillaient d’orgueil. ' ‘ — Tu vois, il est reconnaissant, il sait que j-e I’ai sauyé : c’est mon’ that I 11 me de_manda si 3573-trait un matou ou- une chatte. Mais comme l’inspection"_ne"no'us révélait 171'én', nous jugeémes, d’apr¢‘gs la physionomie, que c’était_une ch'atte. ‘ " Et Baétje, comme il l’appela,-resta chez nous-. _ Mais elle était 51 Dirk: elle coucha avec lui, et aussi longtemps qu’elle fut petite, il la'porta dans sa casquette; il la nourrissait de petits I morceeiux mordus de sa_ tartine, et d’un peu_ de *7: lait gfiipé derriére l_e_ (_i_os de ma mére.‘_“5"'“i ‘ — * I1 lE'p'ren§it éfussi sousson h'abit, les samedis -.-_ V aprés-midi, quand il n’y avait pas de classe et que Mina nous chassait de la maison, parce’ -_ qu’elle ne pouvait faire son nettoya e avec cette. .-'._' ' ~ ‘ 7’ mar_mai1le dans les j %E'l3‘i%-nggfif 5. ‘pagnait sur"les§r aux oil j’aimais EL - fléner, et nous choisissions une maison, pour ' « si nous a'vions é.té riches », oil nous jouions 51 monter et 51, descendre les hauts escaliers des perrons 'usqu’é1 c-’e q_1_1_e‘ks__ (1gmesti_ques_"_n2us fissent déguerp1r_! ‘ 1 —-.-= -n - - -. . ans "fine de_ces pérégrlnations, nous f1‘1m_es attirés vers une fenétre‘derriére laque_lle était :1: I 12.‘. I? _I—2 I I ! _ I \ I ‘H! I V ' . . '1; '\r-‘£*”""'3‘;__ .-{»'*l-«‘:‘,';5'.L-’§ir‘.Vz\,»‘—¥i.2 1, ,3‘: 3":-:*"‘*“‘/“’ .~ ~ ' :B'AK'I7JE “a‘ss‘,is, sur un'coussin’de velours bleu, un énorme’ __a«ngora roux. Il suivait, d’un regard tranquille, ‘ , 'eu1[1e‘grc'>sse mouche sur la vitre; puis, se dressant ' ‘ g - ’sur vies 'pattes de derriére, de. ses 'pattes‘ de :-T A’ ‘.9: — J idev'an‘t il aggripa 4’i'nsecte. ; ‘ ' 7 b Debout ainsi, il nous stupéfia“:’son ventreu '5 _ ifauve cIair étincelg_it_ a'u soleil; sa queue, qt1’il ' 7*}, "(_1éplo‘yait it droite-du cOr13s‘etTs‘;"’B‘2i§t'j'é’, c’est«un chat; mais il est . gtrois fbis comme toi, et Apuis tout autre. Toi, t_u aurais dévoré la grosse tmouche; lui l?a seule-- f -‘-1Tf‘?ne‘ut tuée. Il garde sa’f;{im pour les tétes 'de V t -harengs saurs, dent on le bourre sans doute: pour ‘—s1‘1r_ que, sans cela, il l’aurait bouffée ! Toi _ » et mqi, nous n’attendo11s jémais pou ‘e’s.3anlc_)_teJr —Z ce. qui est dgVé3t _]e, sa T v j ' T queue, et ses yeux co‘mme’deu'x billes’d’or, ne , . ressemblent pas aux tiens : il. est tout autre, tout‘ _ ‘ autre, tu vois. ’ . A_ ce moment, une servahte hsortit dexla mai- son, portant une. assiette ‘de pommes de terre froides, qu’elle déversa contre un arbre, pour les pauvres chiens. Quand elle fut rentrée, nous allémesin l’arbre, pour luettre Baétje pres de 99 i.o““ gt. ‘:1 _ . ’-1 - 7 .. _ 2 104 J0-URS DE F:\MlNE ET m«':'rnEssE repas imprévu. Mais, comme les 29_m1n.es_de tefre étaient propres, Dirk les nrit {rifle a une dans: sa casquette, et p_lus loinl,"‘su-Fun autre penjen, 51 nous trob; nous fimes un excellent goflter. Vers le printemps, Baétje devenait_ gross-e et grasse que‘ c’était un charme; Dirk l’a_ttribuai.t_ a nos promenades su-r les_canaux' (depu-is les ’pQ1nmes de‘ _t_erre, nous étions a lfafffit de ces au.baines)I ' o ' “"14 Puis, tu comprends,. les souris, elles lui courent entre les pattes ! _ Un soir, en se couihant dans l’alcc‘we, mes parents y trouvérent Baétje, commodément in.-_1tallée dans la paille, avec c_inq petits..D-i_1*.l{ en . deveint muet de surprise. Mofn pére voulaif se débarrassef de toute la nichée dans les égolsts; Mina, qui n’aimait aucune bét-e, propos;& de les jeter dans le canal. Alors, devant les lamei|ta= tions de Dirk, ma fnére dit, ennfaisant d'es cl-iygnee ments d’yeux aux autres, :qu’il pouxlrait‘ les garder. ‘ : I] fit un- nid de ses vétements dans un coin pa_r terre, et coucha dessus la eliatte et ses petits; mais le lendemain, sans que mes parents-éussen-t rien senti, elle se trouvait 'installée a l’anci.'enne place. ' ' Quand nous rentrémes d'e lT_école, Baétje vint ‘_. 0v‘-*“«*‘ V4 ' B.-KAT.-IE ' £1 la r'encontre de_sbn maitre, et ra<_:'ont_a, en un langage net, ’qu’un grand malheur lui était arrivé : , -—, Bofibelofibelofrbe-lofifi I I I ~Leuéleuéleué- .'l'eu-éueu I I ! Mawawawéaaw I Puis "elle sauta dans l’alc6ve, et Dirk et elle se I-nirent a fouiller la paille et a mettre tout sens dessiis dessous : mais plus de petits chats ! Il ‘bondit a term. pale, gt les de_u2_: poings le'vés vers Mina, il bégaya : — C’est c’est toi, Sosododomite, Sosos.ododo- mite‘! ' Elle, Péparta de__la malin, ‘en riant_ sourno-ise- _ I-tnent qie sa figirre camai-de. "En automne. Baétje engraissa de nouveau: "Dirk lui caressait son -ventr_e blanc, ce qu’elle accgptait en ronronnant, Un join-, on ne la re- tr‘O‘fiV5’=pas'. Di'riE"'é’t""1:3'3;i'; nous remuéxnes toute i’iJnpasse, mais Baétje _avait di-sparu. Le nez en pi_¢;1 d.e marmite de Mina frémissait. Alor.s Dirk n,e chei-__cha plus. ' ' — Sosododomite, _c_’e.st_,_ c’est _toi! Sososodo- dommité, c’est tttoi I I I _ .1 Pendant tou_t un temps", Dirk bégaya pénible- ment. ' "" " I "ff-L>’?-r £3: Ar”? 4.; E SI NOUS ETIONS RICHES \ Les soirs-d’hiver, quand nous n’avions ni feu —' ni lumiére, le _v-entre vide, nous nous coudhions pour avoir plus" chaud, et causions de ce que nous aurions fait si nous avions été riches. Un soir, transportés par la ;griserie', mes pa- * :. - rent_s se disputérent presque. _ Mon pére, ancien cavalier 51 l’armée, auraig eu -. des pur sang e-t m’aurait appris 51' monter 2'1 che-_ val: j’avais le corps qu’il fallait, disait-il, pour" porter l’amazone, car‘ jamgis une grosse femme‘ n’est bien 2'1 chev_al. » ‘ _ ' ‘ Mina souhai_tait une robe delsatin vert, et des - . bottines quialui monteraient aux mollets. Moi, je voulais une armoire en verre remplie do poupées, habillécs de soie et coiffées de per- -. s1 Nous’ 1'moN's Rlcrias 10"? .les; puis une frés grande poupée, qui efit é_té la rein-e des autre__s. Elle serait vétue d’une robe faite d’a'iles de' ffzfpillons, que j’au‘rais assemblées par un’point de dentelle. - ‘ - — Tudieu! excla1_na mon- pére. , ’ — Cette créature enfantine, di.t ma mere, est toujou-rs 151 avec ses poupées ! —'Moi, fit-elle, je porterai des bonnets en chenille, qui-feront enra-ger_ toute l’impasse. C’est cela! t-u ferais e_nrager toute l’im- passe; comme si nous all’ions nester ici, étanf riches ! 1 — Ah ! c’est vrai... Puis les enfants appren- dronfle franqais, 51 jouer du piano et 51 danser, et je leur friserai _les cheveux 51 l’einglaise. Nous habiterions, au Canal des Empereurs, une grande maison, o1‘1 ll y auraif des chambres bleues, rouges et vertes. — _Pourquoi 'tou—tes ces couleurs? demanda mon pére. ' —- J’ai lu'qu’il en est i dans Les-4‘ maisons zriclies » :lon le voit te travers les —v ‘*«—.. fenétres. _ ‘L-"Kl?! et comment serait ta chambre ? La mienne ? rouge, je l’ai t-oujours dit, rouge. Comme je suis brune... \ . J’ ‘ I " ‘ 5JéfiR§‘M.re‘AmN£ i=rn£;éi=:BEssE“ — . -‘. . - _ V _ ’ ‘"1 .>’ . »J%’auraTi 911,§éi km poéle a1il_t:1',I;_1é%p;-jés dc .§1m_1.lit.: 5 T g5; 3" et je mangfifais, quelqne Chase (12. bop tDI,if¢§ 19. heures : .d.es_1I;i§4:Qt.tesVet’£11J,§h9-§«01a1 5 huit,\hg.94 T T rIes,F1;ne pomme cuite»;T;g;_1;:ufV, Igne .I‘ti1{3¥?'«§T5".‘._§5?‘T T V T unQ1eguille:f1_1mée}e‘t gin cgfé djx! ’,s_ _g_c>r11;i--. ” ‘ chons urs 51 onzé. ;Enfin, tOuLes-les _~ heures, q1'16!q 1leTchosé dTe'bdn!' ’ ' ' ’ ' " ' — Rt, Somme d’ha;bitude. tufins feraiéxpajs ’éT’ _ ; ’ A diner, méT.me__Tsi~ 111 étais‘ rilahgi. '1-‘.0-u1'g,u_;‘_§‘;1d»-és. f 3 r assurle T T * T _._'9-‘:4. . mg .qu_é,i,? §EIhVbieUs7!1Qis?-i_l fatn: ' iait un . Q-.n;_p_9. ds p9mIrges.de;terr2-an laxtslfil. T aux boudins,_ bien fricoté, bien chaud. Tu nueraig, tqi, ne jamais_ nous '(_i‘onne,1" up repas so‘lid_e. Si §u Zirois que‘ leg. _ge_ns‘§rig11g§ rgaggggt‘ T _ toutgs ces .« niaiseries » ! Lg vjgmde 41u’9,1;;yD1'_t ‘ chez*1es bouchets, v._oua se,qu",i1s man$£JTJ1-g¢1;T T crue encore.;.é1Jc§ qu’i,I'p'a§,'ra:‘lIti- 3 .' I ' \ _ — De la Viande cfue ! ’non, céla me dég_ofite- IT pa-.it ja1na_is.:Tj.e Tn’en mango:-a-i- ‘_ —. Ah! I119I1.fP:iei1! squpiya ';H¢iI1, .sj-nous -T ‘avions se,ulenaeI;_.-t_ c,hac1.m an .pet.§‘¢ pain de tm,}',s, A «’ cents » ! ils_sont_ tr'és grands ejzhez le_bo’j1}apc : ger, derrjégeilg coin, n’ayez.:vpu$ pas vu celaf? 7’ ‘T ».; plus grands q.u’_aiHeurs,_¢tq;1.a1%diQn,an a mangé _ um on a déjél-une bppn.e\b‘Ol1Ché€'idaI1S l’.eston,1a.vi<:.T ‘\ ‘ {2 ”' .,.,,§k,«;;~__:V. sr-No‘-ué-._ {Nofis ne d1'sio_ns _pli-1s‘ rien. Mo_1} pére se mou- _.<.=1'ra'..pu.f_s répondit--5‘ ' ' ' ' .- 3 _ 5*" ¥—- Oui, Heintje, dors mainte-n'ant. Demain, {{1- '“.=._1_:r'ras.l:1n petit pa'i-1'1 d§ jfrois « cent§ ». . Mon pére' se moiIcha- encore’:- .1 J E FAIS PIl;I DANS JUPES _ _ Un soir, je-d_evais aller au Bureau de bienfai- ; . sance chercher un florin. On nous le dcnnait en - rouleaux de piéces d’un « ce_nt », tout en _v glis- __ ' J sant des piéces- étrangéres, dont on savait p(_e_1_'_- - - ' . tinemn1ent que nous ne pouvi T§lus d’une fois je fus jetée 51 la porte par des bouti- quiers £1 qui j’essayais de les passer. I1 neigeait e; gelai a p_ierre fendr ; j'e ]on- : -_.,.___ geais le Canal demnc , n faisant, je i rencontrai deux gargons et u_ne fill_e den monége, _ '. ‘ ' qui se rendaient égalem_.ent au Bureau de bien- J ' ' .4 faisance. _ . ' -, ' s ' Nous nous mimes 51 courir en nous jetant des ‘ V l.‘ boule_s de neige, et 51 sonner aux portes en nous "'2'. sauvant. Mais _voil£1 que je fus prise d"un petit '3 ‘ ‘ \ ' » %t5. ‘ _ > H V _ ‘:4. _ VW’ e_ ‘ JE"F,'AalS Hm ‘% NS%::MA'ES3;IHrl’E‘S _ ., L T \ '1-*‘}’iesoin pressant, et.impossi'h_le de—-me soulager, 51 A’ ‘Cause’ _des ‘ gargons. V ‘Nous ar‘riv‘émes £1 la_ Westerkerke, autour de, laquelle nous jouémes ét c‘ache-cache, en nous ~ couvrant de neigel J ’.aurais vpulu me retirer sous A . H‘-"fie:-charrette ou— dans un r‘ecoin, mais les autres ' -i_ -éouraient aprés moi. ‘ ‘ U»J’étais‘au supplice: j e devins tranquille et ne r pouveiis plus jouer; tje dis £1 mes camarades que .. 1e‘ frbid me figeait.'~ ; T V A - T ‘ '--Au retour, deiant cette {néme église, l’acci- _- dent m’a1;riva. Cela n__1e co1_1la_ch3ud jusque dans ’les sabots,- et £1 l’instant'méme, des hat1ch'es 51 la pointe des pieds, ines vétements se gelérent sur _mon corps: j'e fls brfilée et laéérée jusqu’au sang.‘ Je me mis 51 pleurer; la neige tombait . ‘jdrue; elle me collait £1 mes sabots en une messe .~ compacte et poinetue, qui me faisait clopiner _; t a péniblement. En érrivant c ez nous, j’eu.s £1 pe‘1'n-e V le temps d’ouvrir la porte,-et je tombai. _ Mon pére me déshabilla, essuya doucement le A sang, en répétant :’ »' “A +‘Ma pauvre petite « Poeske S, elle est toute crevassée, ma pauvre petite=« Poeske » ! ‘ Il m’assit sur une chaise_devant "le poéle, et me donna une tassede café aux trois quarts remplie de marc; mais .je ne voulais_rien dire, ,- I ’ *1» aa.1_r«;majgx1: _1’iriten‘tion' '7dc‘e;11idnZ:pér'e3 étzifiglgqnfiei L T ” Til sue féchaft Si‘ 0_n I‘1eTl’_a‘ecepvtai-t .1Ja§‘fé1i€__fifi§6l}gE I Puis mo-n: para Aétiaitigi‘ Beau, mesenLb1gitgzh"T’ ’ -T * btrnté Tsi exqiuisefque péuhrien au‘1:n-o‘n(te* 3 * A W A 6 d’1s ~ ’o‘1=g£.’: T » :7 '‘;Es‘i- on; pére,*"d£.1~ca£é -chaud, av|(~i'-.r' eu si froid .et» mal. ' VL 7 7 3-=3"? ‘ 4-‘ N—’est-ca p_as;- 4: Poeske 1» ‘.1 1e~~‘l’.a=vfi_’1.A$.‘.-=g$T1.(Ie~ pour toi; Inite-=.*‘disaLis‘.:‘:'Keet'je va rdntr¢ir:;é:_1§l%Ié_'T aura froid,-et du-Lcafé bien cha'11‘d-"llii feta.-‘filgiljsi-1*-LT 7 _ as our, pare,.u%és§;;13pn;t:éqjgg;;«,1,. 7 L ; E-'t j’(ava}s?1i"bra'\(exnien4:-_ ce9’17é'sidusbo11_elix{'>’ - fl .--.<--—‘_, /sj-5..-.?.r.-o.r:v~., ‘ . »- ii6s'jo;uTj6r:Lx; prim ’ .,aFHysr1-m.d'eu'i1‘£aisa'i»t ‘ ‘ " V’ifHc‘6uén“ ‘T " .'1Vfei7tfiéi'e avaif ._ i '.-_N0us= attendions (H1917 _ '6r_efi,Tq1J.i é%t>a'1t_ -eoeher " V éhez uny louehr: .'1)"¢‘3’1,'1t-T»"éfi1_"e aurait-ilT1_'e(;u un ' — Tp_t:>11_'x'boi1'e, 4_eAt.‘poL1.t?ric)"ns-nous Taqcheter;q§_s_;_1gg- b.e”s_fé-t_du café"p’our no11s‘i{éEhau tar; e~iiLé1n‘ger, 1 ~ — __ “ !_ 0I1: 5,9. .f>.ass¢:taitT:é 5i’l“falla‘1r=t d’aBO_13flf ‘T 7 ‘ ’s’_6t e“r cette rigfiidTiféT‘i_Ies .niombres. A "T ' k T" { .M0nT_'1a¢‘=,[1*d.;71*entm,'o«<:i(1‘rl$Aé= on ieux, les ma-i'ns , ‘ Ies po¢,h0;§,=htemHanV _ ft sous son bouirgopoa ‘déiiofin. . . K ' ’ “ . '4 _11 b T La lampe s’éteignjt 'faute d’huile; les pfetits: sabdts brfilaieht lentement’ parce qu’ils éfaieflt moufllés; mais 1’atmosphéré'se réchaixffa et une . - . I1 n’était que six heures du sfiir : il.ne fallaitx pas songer 51 dormir. A_lors,~ 51 propos du froid,~ ,m‘on *pére raconta l’]:;-istoire'de son oncle Cor- neille Oldema, qui fit la guerre de Russie sous 5 ’ J;‘~1* _ en or prls ans les E'§ lses. E retour' en Frise, la‘ vente de ces objet_s‘qu’un juif avaii s achetés, lui rapporfa de quois—acquéi'ir unle ferme ‘. et quatre belles vaches. »L’Qncle avaits dit : i — Il ne faut.pas croire que j’aie volé ces V - ehbses : tout le 'monde * pillait, les officieys _ . comme les autres. C’est ainsi a la guerre. Mais peu"sont rentrés qhez ‘eux, comme m_oi-T; a‘vec,‘le_ur.> 3 bufjp }wf)‘1'_é‘_s"<1‘f1‘é“'i§‘)‘1Ts‘""s"1%"RT morts de froieférh‘ Ffifute, ou opt été tués par 1’e1i'nemi, ou assassinés par leurs compagnons pour é‘tre pillés 51 leur 7 I <1 .IpURs7nE}‘.§a§1~;_Eit'¢oE=nIrREssm ' cbmmg ‘Frisc’m,:j.e s11—pportais%:§fisI;h ___ fxei-d; mais €eS'p3t.itS-hQI-I1-II1e§'bI3HI'lS,‘q>fi%#i _laient une Ian-géue incompréhensible', ’ ‘9‘_cem—n_1; des hannetons; Le froid .1es 1-7a’-1' 1 . A :et ’~_‘2~ '{leTT*1'f‘6'T1;R‘ ait le ca¥1TéE car, pour du' " ‘ on.a._vaient 1: its p§r ax-oxmgfrget-riaion«t daans l'e$[§iti1£r_- t-ions‘ les 'fi‘1=l-is a-bon1Vi1}ahI¢s,.et allaierif é:l}%'—/ _. - 7 “-em-ne pew 1e p1aisrru@n,‘z:ars;T<2e;a«2ns2e-ks‘-isi “ étaient. La nouriitare les7préc¥ééupa_itT.pe1-r>§‘1lu; _ T pain et un- oigaen et i-ls -awafient hien’ difiéggxihis T '- ‘ l'e_froi_d* fen f-Vaisait des_.1$e‘tTi?fisj. gat1(_;ons.; HS. i m;,ugai_§;. P§.i'.:fr§iI}e1T‘1£!:- ’tte pads se . lesT eux,ycL _ e' p1‘lS e vemge, puis Iéiitegfieaajt ‘ 5- , iF§;‘§fT5f 'é§Hormaien.t. C’é‘t£'b,i-t.‘fia'3:;"A . . T ils ne seréveillaient plwts; . » T T « Un d3eua(» faisait rout'e.a1vec moi. I1 lutf-a. cmii; } « T Ere l’engeurd’iss_en=ien‘t : il me paflait; ‘me’ pz_1=§'l&}. -’ je ne comprenais naturellemént rien; im “ ‘ '__ apg-¢‘2s;‘;“:‘iv1“__¢_zI¢5,::l»2;_:’:§fflt“; 5. la fin, he petulant -j’y«lus“s=e4, _' —*tI'ainer,.il?§j1ceroe~ha~*2I moi, en bégé-yarut f_:0§m7e V ‘ é r]r_I_a—n. edfan-t;[ et-aim-si les :;r_u€-res; il s’ét;'eHla < '-deueement. .jIe_yi$ Heux ‘¥imbh1eVsn¢n- 91‘ jhavresae. ‘N "““' ”"“ "‘ ’ - ‘ -' T « S-i» en ahemin je n’av.ais pas rhTe‘n-_d*i-é; 1-e grbs ; ‘ orteil estensibterneilfiifozs .de_ la chavussnre, fl’-est, " pl-ojbalale qua iam-ais je7ne ser‘a1's-r‘even-It; 1h:ais_I_ same‘ pritzpbour un paruvre d_iahle,— saas’-1=ien';-72$ _ \ ‘Lass--u-aux cnalsisuoliss Ma méffi. q-ui s’était réchauffée, eonta, a son TORI; la campagne de son oncIe‘Hannis en Espa- __ gne. L’oncle Hannis était un petij‘. Liégoois, trés‘ 'pi_3u)_{. _I1 avait avec beaucoup d’_a_utres, dfi partir’ ' " pom‘ .ce pays. C’é.tait trés loin, et, a mnsure que Pan marchait. la _terre d.ev'enait si séche .et les _ gens si bums qu’il se dis-ail que certainement on le conduisait au bout du monde : et il :-wait rai- son, il a_ yu_ le bout 'du monde, confirmait ma mére. On leur ti-rait dessus de, derriére les buis- ' sons; les coups partaient des maisons, des toits, ‘des arbres, mais on _ne voyait personne. Alors, aprés une plaine janne de sable brfilant, ils arri- vérent au bout du m_onde, la oil le ciel vjent rejoindre .larterre en une eau bleue,- bleue, comme on n’en avait jamais vu. Les camarades ' -s’étaient baignés dans le ciel, mais lui s’était ~ agenouillé; par respect, il y’ avait seulement‘ trempé les mains, et, de ses doigts mouillés, il avait fait le signe de la croix. . 14-4"? _ _- - Pour ce qui était' -de 1-appo‘rt_er d.u butin, l’oncle iflsaé ._+_-: . disait qud’ c’était un pays de meurt-de-faim,)o1‘1 \ T ,_ des femmes, noffes c_o"fi1_nTe'Hes‘ sorci'éres,h<:'fian- _ . taient et dansaient beaucoup, en poussant la . (/ croupe et en faisant claquer des petits morEE§’u‘§€ ' (T5333 entre les doigts. Quant a boire et :1 man- ger comme dans notre pays,( la-has les gens E’ if "’ g I‘ a,~...,x.v=_,,_é;:~-1.-=. Jr» . A, -. '- . II8 ‘T ; ' —.l0U'RS DE mums 3-.r_' n1: nfinznssia z riches eux-_mémes ne sav.aien_t pas ce :que c’était. _ ' — N'8'us: ne Vle savons .pas‘ non'vpl1_1s.-cone-lat _ -, _ mon frére ‘Héin. :4 t ‘ ‘A—— ' IIT so1_n_1ai_t. dix he11_res chez les voisfns avles ' petits sabots étaient consumés; 1e froid 1;edev¢;_ A T _naii intense; excepté les tout petits; 'auc;_11‘;1feIeJ ’ ‘ *; nous ne parve_nait« 51 s’endormir; e’t_1a_nu§t«éta‘1't.. . enéore si lQngu_e‘l — " ‘ " . ; _ -V: I_4NE VI__L_L:AGE.R.()UCE *”. , -L -;_. ~ "'> 5 .—: - » . < - 1 '3' , . . A_b ‘ Mpn pére, ét/ant 'fv1fe, avait, pour quelques I « dubbeities >4 H . _ ’ d’usa§é "de c_onni‘\_Ier‘1VceTaVv’e'<_:: pii”f)?1_lefrc*nie?r qiii, + #3‘-" " , T ; p5O13T‘§g d1sc'u per, S e a1t“<':mpr§ss_e e enon- Q ’ ‘tier an patron: celu'i-féi' aVait- ‘tout simpleni‘ent Z fait. arféter mo‘nv pére. La”cOnsternatiqn et l’affr')-7 T -~ ‘ lépient ‘furent intensds che'z’1_ious.‘Nous vouIio:as‘ ‘ "§avoi1" c_)1‘1 monEpére"av’aif été ai-rété et oil on A TI’aLVait conduit, m’aisT'1ious‘n5e _son.gez‘ames pas un “ i1”Jstan.t‘é1‘ la prison‘. - M * ‘ Nous voilé_1 donc, ma mére et moi, lfichant le _mén'age e-t‘tous les fipetiits enfants, 51 courir; les liufeaux de police d’Ainsferdam. (1‘g‘t;1_1_t»_1_1._13f,__1:§_r5 _ f T donnée lame_1.1_t_'a£l_§;; Dans le dernier'bure_au, oil ‘ nous arrivémos. exténuées, \le‘s agents étaitént .‘~"-Qt 120 JOURS ma FAMINE was m31'm-:ss1«: assis autour du poéle; ma mére, dans son émoir, emplgya le terme d’agent secret, c,.e qu_i_la_i;i_t_ rabrou_e__r_par-l’u'n d’eux. Un aut-re lergalma. en F1-he montranf : — Voyons, on les appelle ai-nsi. Puis il n.ous_informa q'u’o-n avait conduit mon pére an a: Village _Rouge »: c’est ainsi qu’a Amsterdam'{_)n'_désigner_la'priso}1.'_=“ ‘I _ Nous rentrames Tchez en sanglo-tant; qualnd Mina revint de son travail, ce furent de ‘ nouveaux sanglots, et toute la nuit se passa en lamenfations. _' Le lende_main.é1ait _un dimanche; 1_,1_ne nuit d’j;1sQmnie at de géflexion m’avait surexcitée, e,_t' je fis pne sortie vipleigte cpntre m.o_r}_ pére. — En so_m,n_1e. c’est enc.ope pour buire qu_’_i1 mus a conduits :31 cette honte. Nous n’g§.ero_n.s p1;;§ s,Qr;ir. Moi, j e flanq-_ue dans le canal le page-y xnjer qui s’av_isera de me regardelf _de travers. A-11 In__£.>.ins ,s.i .c’était pour nous nourrir qu’il avait volé! mais non, c’est pour (in geniévre. Je ne pleura plus: c’es1 t_rés bien fait. .— Tais-toi, Keetjo.-Dirk a remué toute l_.a 1_a»ui_t;. il ne fa:-.1t pas -flu’.-il t’e_nt..om1e. car i1 se battra in mart si on 1-’i.nsu1-is ‘a co -p-I‘0pBS= ne 1: réve.iJ|.l.9 PBS. ‘ *;_...I-‘e in dDrs?‘p8ir.?f;’i‘l'lir\'I3ia’1k, at il 56 9; * zméwwe , r F T‘ a s W " Miha trouvnit _qu*i3l’? fallait nolis. ra:r1\a.ssa:,-;_ 3_ — > qiféhb 'somm‘e__ ee.n’éta1't’ pas agvjegs faiaf '_jla"<:hose.» ‘“ T _ ' - ‘Nous nous c}a,q=y1_¢«a14‘kr~&‘1:1se:s cette ’ ?7 aid. .Li’aprés-m’i?1’f?o3§fi1QE%§Frés lbs autr-.e,s. se- :7.4ri’sa,-néront- dahorg. :I‘l.-faisait trés beam. Je -sq:-tis A a\}_ec précautionfdre l’fn_a_§pass'e,' et. filai 1e— lqilg des , " filaisréns, en afféctant" allums 'pmassées.* A11 5., 'ib1o_n:L(v7§du;—/canal,_ jar rencofikai ma meilleure amid; ’ T ‘T 7 T -'égaLen1ent,. aJe' vonlais 7d.’abord aae caoh§g—,__r m.£i.sas_on frére~a'u§si§9_L:trouvait_ an << Villag" Rolfge » : il était matelete et, son pére lui ayaql T _7ref1-i‘sé de l’argent, _i-‘lT:a\?ait-‘vénA§‘i_.u Soil unifornief T :Nous 'f1‘1mes donc comma 'pousséés 1’u1i‘e vers , ’-l’aut~ré'. * 5 a T H ‘ '— Riika, dis-je, ’all>6r;‘s."nous promener aux Ace.-Schansenp. . i L,’ _ '_Les‘ « Schansen » étaient des boulevards exté; rieurs qui menaientia la prison. Nous aboutimes 21 celle-ci comme, ‘par'"hasard; nous marchémes aautour» du « VilIa’gé_Ro1rge »,- -e_n inspectant’ toutés lés fenétres, fiofismarrétant’ 2'1 chaque _ instant et parlarrt haut da.ns Pespoir d’étre en‘; tendue‘s par rl_es rn6tré’s."Mais‘1_1on ! rien ne bou- 7 geait’.' Ptfis nos regards se rencontrérenf et nous~ 122 g , « "JOEVIRS ma FAM1fiE' pr ma m'«':1'm-:‘ss1«: I V '1 ‘t'ori1'b2‘1mes'dans lés bras 1’une de l’autre ed’ p1eu- » ;_ rant; nous appelames éperdument nos p'risoi1- =' 1'1ie’rs, et nos'c'ris : T ‘ ' ‘— Péfe ! Pére ! V . - ‘- '— ' _ _ —Fritz!Fritz! ‘ ’_ s’éntremélérent dans nos sanglots.. “ __ I -7; _ Nous trouvames des excuses ien di§ai fl_'que Iiion pére était ivre et, ne savait ce_ qu’il faisaif, el qu~e.son frére était si jeune‘!. i . ,. _‘_Ap1"és que_lque temps, on relfii-ha mon‘-plére, " (son lar‘c_1'_:_n_ <1_’iV__1fogne,ayant été.jugé frop insi: ‘gbfi'fl'i'a'1'1t‘ po~1*1i'~”j"1i(s‘tfi'f‘i'er’ une pou’rsuite'; ma‘i7s7.le I ma] était fail, et ii ne tjrouva p.lus de travail dhez ; a‘u(_:un loueur_ de _la ville. . T V M ‘ _ T T I 7 V‘ “ . . \ . . ‘ _.. \-« -M . A*sW*;§k<3M.m ,1}; 'd)()'fl;uf _; T ' Mi 0!}: }'£.“i§:§Ux‘~,,‘v"{..")§J1 V J I MARCHANDE DE RUE 4 P Les jolirs suivam Pincarcération de mon pére, - V 1-amisére devint atroce ch'ez nous. Les trois fid- ' "rins qu.’il gagnait par 'seIi1aine, servaient 51 payer ' lelloyer et les quelquesfdettes criardes;,!pou-r le ' Ljeste, nous vivions au jour le _]Ol1I‘ es pour- boires qu’il recevait. Et fnaintenant tout était if _ ‘ supprimé du’coup. " ’ _ Nous élibérémes avec une {Iieille voisine sur leparti £1 prendre. Elle é_t presque tous les habi; .tants de notre impasse etaient des colporteurs - al_lemahds, qui vendaient des poteries en terre. -Elle mit ‘trois casseroles sous mon tablier .d’.en- ' . -fant, m’expliqua combien elles cofitaient, ce qh‘elles devaient rapporter, et le boniment que . j’avais £1 faire pour les vendre. -—'——"'_ ’ 7 ‘4 r '. s - (1) Achetez deis pot}: et dgs casseroles! Acheiiezdj :_ L7 " JOURS ma mmlm-1 :21’ ma nI'¥rR1«:§sE”i 7 " Chez moi,T_ tolfte ém6tion_ ,se traduit par des' tremblemgnts. Je pag_tisT _dc}nc en trembloi‘ant.A_Jé‘_ -- pris l¢=f.7.g1_;g‘1"t_ier juif pt, de>port.e en ponte,T»jf‘pff}’, fris ti'mfdem'ént' mes casseroles. On avait reffisfi, partout, et vo-iilél q1i’upe juive m’acheta' 1es§t'1_'ToVisT _ pot§ 51 la fois. Ah ! par exemplé ! du coup',7d¢ , frqid que jfavé1_is_, je pris [Ia fiévre; J E''_ cours, 51.13 I-1- maison ch_grch_er' trois autres cassero/les; je 1631 T* ‘j vends. Q11elTle»j—oie'1TLe s_6i1j, j’avais IL} gainT_i_nTe‘sf- ’ _ H pélfé d’un demi—florin. J*écri\‘Ii"sf"t611"i” i1'€“§1Ii1:§’1§T nioh pére de ne pas s’inqui§:1er de nou§.: _qu'e,v: ‘ é T v_A.. . moi_, je gagna-is largement la’vie pour-t‘ous;V_q:u[e 5‘-"Q \. ? j_3..n’a.Va]',§>ph1s:d.¢'sefI}£He}S‘§ mes soul_i_e1‘§., _ _ ’ que ie mqttnaisdes sabots; q1r’il de-vait'7s.¥I:1Q-7 V T ‘ . “_éré}§?in.no¢ea£er,de so41_1aIéein.j; ‘Ii T‘ Z; .. Ma , ‘T ‘ "rue ! [En €[1i61_fl;1~le.S_: ? j.o§1,rs, avqc.un _pe.u de orédit, j’eus une charmftg T pleine de pqteries, qiJ79.n_criant je dé§a:it>ais»2d-:32 _ porte en pourte : <; Koop'! pqtten en 7 K0094 »‘(1), T , ' , ‘ * C.o.mmeL‘l‘e’s .PéquesAA,juives approchaietm lggrdans JQ_dg11_§pegstraatfine poster parmij}os_, a,utr§s coIfi6“17t§aijifs,' chéi Hui les juives vsnaiqng 1:e1;onve._le1'_—'.1eu_1;iiaisselle-dje Péques. Co.m‘ri1-é~ h les m.ar»che}nds,~ 7 jqflxgvenais, fou-rbe. - -.,‘— m'RcHA.1.V!!::‘b1r nth; =_-yprdais oo-l-ler une casserole féiée a an cIient, .512 my manquais pas; les "cl-nrétien-s se fédlzraientv, st favai-s £1 m‘excu'ser, méis les jliifs point. U11. jour, une juive me d'ema!n-tie hm ;_ je lui en n'1*ontre'un;_at1 moment d-e lac eter, efle le 1-etvorurue et aper oit,u'ne.f_él-Ere : elle n-e me dit T‘-‘ rien. et en KF 3mvfient une deu— , juive a rqui je veux passer te méme pot : - ele l’avertit sitnfleument : _ ' '—- Ne preuezpas celli--h :fil est félé._,/' . " =_ ‘ N1’ -l’-the ' Parutre me te raehifiié as :a_-u’.-21 de1_1x . ~ reprise "’ava'is essayé ‘de ti‘-Um.pe«r. Mais 0111 tons ‘ N.‘ sh-mportérent et sam _n 13rg'_sq=ue eogtre gt “ moi, —et at je n’e e’ ter1'-f§§' He 'f1Ter 5 1 E: ma chprrettve, 'c’ést quand ils -trouvérent T Ive" ta.-r‘fin'e 'beurrée'dahs ‘une des, casseroles (3 7 q13’ils devaient a.cheter‘« Kaucher » pour les I’ ' Péqnes. _ . ‘ - ' . 'u‘Ap-rés «les fiétes, je me répan-tii-s par la "ville . avvec in-_os p-orteries. J’orr-ais snr les grands canaux 5 dfflansberdam, qui' m’aftira‘ie‘1'at tdujours par ieims h-étefs sévéresx aux majest-lmux perrons, - ‘par lepr lsvordure d'e vieux arbres aux ' roI§1- ’ ' , fig?/pp1-1:ien'tes, par l’e‘aa d’un vert noiratre/ (; _ ou par dis une barquea v'b1}e'§Ti.§§aiI_s'Ii€n7cTel%'e, gtir -le grand cal-me qt-Ii s’e-n dégageait et qui me repamit du.bruft et de la p'auv'reté de chez nous, K «)§?42§0/v~a'm n,,{zm, /14’ J 126 JOURS DE FAMINE ET DE D_l:JTRESSE o1‘1 les enfantspleuraient toujours de malaise et de faim. La, il faisait tvranquille 'et exquis : je Tpouvaisjm’isoler, ’et me raconfer des histofr-es ou lire les « Mystérés de Paris ». ‘ _ J’étais Fleur-de-Marie, et quand fiodolphe m -reconnaissait comme sa fi1le,_ je .ne faisais que - changer de robeapour étre une princesse, .Aen avoir les épaules, les mains blanches ét le lan-, gage. J ’aurais grasseyé : les riches grasseyent. Ce n’est pas moi qui aurais embété mon prince/dé pére pour rentrer it l’in_1passe, comme _Eleur-de- Marie pour retourner £1 la Cité : non, je l’au.nais sugplié qu’il en retirat lesmiens. Etre prin'cesse sans Klaasje et Keesje, m’en enlevait.tout'1e gofit. Mére et Mina y retourneraient certaine- ,ment, les jours o1‘1_e1les’ mettraient des-robps neuves. . . A Diep ! que la femme‘Segers va rager ! Elle _se cachera en. les voyant venir. Puis la propriétaire, _qui I'1’aa ‘aucunea pitié de’ nous. maintenant. qu-e pére est en prison, sera bien déconfite aususi quand on partira en lui payant Parriéré, -et' en ‘laissant tout dans la chambre. On lui ‘dira: « Nous n’emportons pas_ces guenillesjionnoz-.les aux pauvres. Nou_s-somme,s des Princes 5:: / Mes réves ne me faisaient cependantpas oublier la réalité. Je ,ne ,vendais rien' ’;sur:;_ les - , . " .7!’ I ,‘! ‘<3/'r‘]’/I/I? /".> —:’ T -' V ' "‘MAncHA1§<'m!::-DE Rm; _ A » ‘ 2 ‘ grands canaux : les gens riches achétent dans les. ‘ M 1 magasins, et les larbins e claqyaientla porte au '5 -nezgen m’insuIfan3. ors, je retcurnals 3 ans Ies ~ rues popu airesfoh la vente mérchait : « K00p! potten en pannen, Koop ! » ~ _ A midi,. j’allais, pour‘ cinq « cents », diner -.au « Lokaal ». Tou_s,__les gmarchands dc rue, les ourneurs d’orgue, Tes aigniseurs de ciseaux; enfin _ .to1i gagifé-‘petl ~de=~1'a~"r'uf"e; 't?i1Is”l'es ’éc,lop§s, les épileptiqnes Vet les-.aveuJg1e_s venaient y maim- _ ge'1‘T‘I:es"hommes prenaient nn plat de féves b avec un morceau'd.e‘—g£§_i_§se au miheq en gulse _ \ .de,viande s mangeaient beau?6‘11I)°'3e 7} ' , l’o‘f§€'7§fi sirop; mais" les en,_f.a ' " .choisissaient tous du riz saupoudr comme moi, de cassgn- _1_1_g_g1_e : c’était servi tré-seha_u e tres propre. On ‘I avait aussi du, pain et du caféepour le méme prix :’ tout, jus u’au bain. cofitait cinq «_cen_ts >2‘ ’0‘n laissait deaors Ies orgues, les charrettes et V les balles rempllies de marchandises, et jamais 1 [rien n’éAtait soustrait. \ ” Je .rencontrais'l:'1 mes voisins. les auires mar- ’ ' ' chandsde poteries. Un _d’eux, Willem, était un . - ‘gargon de mon ége; quand nous colportions en- sejmble, il m’aidait'é1 montJer,_ avec ma charrette; les nomzbreux ponts d’Amsterdam, ce qui,;était_ trés dur pourmoi. Il me 'dit un jour qu’il me 1% ‘L’. '.;oUns’fl:_ tii:.bE'rn1-:ss1«:_ I Mons, -et me déinahda sumi am-si, j-e 1’:I=ih=i£ris un Tpéu. J’a‘Va$s'la téte bai.ssé~‘e ct -j-e =saeam2is;»§uép,andis quepui. A1orsilm’aiV¢1-hit T ' ’rs_~ge1'+érem-en: 5: passer les "pants, ,et, qumd In‘ T vente marchait, il ach-etafi quelques friandisos ', , a-ant il me diannait la plils grosse part." ' » U~n ma!-n, Will-an Se tr0uvai.t parmi p‘_ll‘si-enbrs -cdfiroxfiéats deTl’itnp~asse,.arrétés au Canal Lys : c’é=taieM des ’gra1|§ds; .pn’sq:ie-des hommes. T I J’a1‘!‘ivais ya‘ 1-£1 five bp1i_osée«e‘t devais, pour Jes rejoinéfe, hiorrterflna [pout trés raide...\Ui1‘l_-em‘ ‘a-caourrait 5 men sece-‘urs, mai-S les autfes, .se mo: quart fie mes‘ -efforts, 1I'1:i- oriérént de «ne pas n-midvér. 11 était -déjé a1.iLmiJéeu«dI-1 pont quand, .L1_1_(_3_13*[eg§ §1Vga_}e1£r's.-;qie31ibe’ts,El_x;bIa.m3Tss'a ch'em’m7. } I La {fiche ét£IitVe3icessi_=s;Ff):3TI-r H165 f orcE§ ffiflis pxfis :1-e tou|!"i1a'Ht trop court, si je recul-ais’, je torrrbais dans 1-é cam! aver: ‘ffia cha'rrette;« je me raid-‘is, je t1fa'vt}3rsa’i I-e_ pont. Mais, a.-u 1-ibu fl"-a-Her vers c§rma1‘a'des,je cuntinuai ‘dro_it»{lV.2 . “’%“><~5“s~J e£onds ayec-lé'gé;inT,;J_ét_'5a13_1"és un pe_fit temps; A 5’- V Tfoujours un peu 'pench_e'e de cétéz Notlsulai‘ per-_n .~ > LEQONDE VIE '15RA1_*IQ:UE ‘ 3:?-* _n _, 5;- .‘.V. >~ ; c ' .( - .‘ . _ AV > ‘ - ‘ ‘i Pendant sa derniére gr'osses§_e, n1a\mere avalt souffért de .telles privations,’ et lgs _fi‘h"1?ses?de ‘deux expulsjons en un seul hiver lven si_ ll. fort déprimé_e que,-pour" la premifitre fois,.elle mit‘ . -, aufmonde un qlggnt débile. g T . + ,- » ~« C’était une ‘f)etiteQ"fiUe -blo,nde,‘é1'téte dfangé‘, _ .r dinies an bout de deux ans. . 7 7 V Ma mére en gilt une douleur que rien n’eipa’1-__” “'1-"1'? §ait..Nous l’ente_ndions murmurer :21 vc_>ix bassej» ' — Ma petite"f-i'lle! ma" ‘petite fi1le_ ! Elle est m_orte de misére. ’ , . ' 2 .: _ Elle nous 1‘-a‘ppe,la.it constamment les gestes_ fle' son bébé; qni nesayait pas encore parler. .» _ ' L Te rappjelles-tu‘, Kcetje, quand élle était sur - " f ,, ‘ 1' ' VUNE 1.1«:goN 'n1«:"v1i«V: l’.RATl6UE I ' 131 mes genoux :21 table,‘ qu’en voyant le pain, elle __ ‘me faisait ouvrir le tirqir 2 Etcomme elle s,av'ait bjen choisir, parmi les couteaux, le couteau £1’ ‘- _ p:_ai13‘ qu’elle‘me tendait «_alors, triomphante ! Et _ .‘$ "te_; il pourrait le voir. A — Aussi -n'e faut_-il pas enliever cesideux bou- "teilles, mais toute une rangée,o et rgmettre_les - _,deux sur le tas : de la sorte; cela ne se remar- quera pas. ' ' 9; . ' —.Et comment faire‘sortir-ces six bouteilles ? ' .— Tu 1es.placer-as sous la provision de char- bon,- et chaque matin tu en éacheras-deux dans le ' V "134 / . -JOURS ma mnnnn ET‘ on pfirnnssn bac aux ordures, au moment«de le' mettre 2'1 la porte; je.me charge du reste. ’ -_— Oui, ainsi ceia pourrait se faire, fit Mina)‘ aprés un moment de réflexion. ; — vr's" ss' r,r’_‘ Tu de a1 b1en au 1 m’a o te undes pantalons du vieux monsieur, puisqu’il est para». »- lysé et ne s’en.sert plus. : ~- '— Un pantalon !' de quelle faoon Pemporterv? la vieille me remet, tous les soirs, mes deux tar- - ' ‘ ‘ _'tines au moment de mon départ. ’ ~ 4 En fair-e un paquet serait maladroit, ec’est évident. Il faut le mettre et replier les~jambes jusqu’aux genoux: en les attachant axiec une épingle, celattiendrai et personne ne verra rien. — Ah non ! le vieux a la peau qui péle, et il se gratte continuellement jusqu’au' sang. Je 'ne veux pas mettre sur moi un objet qui a touché sa peau. ’ -~ _ _ 1’ Je la sentais,fz'1 c6t‘é de moi, frissonner de dégofit. El-le me donna des coups d,e pieds et des coups de coude, de révolte, qui m’auraient é_vei1- lée dix foflsi l'e°n’avais été gout oreilles.’ I M Mon pérene se a pas, ’ma1s se 1 persueisif. — Voyons, nous sommes _sains : je n’ai »jama_is; rien attrapé." C’est‘ une blague, la: contagion: je n’ai plusflde fond dans mon pantalon : un de' ces jours, je ne pourfai plus sortir. V \ "Um: L_EgoN_nE vm -PRATIQUE 135 Le lendemain, mon pére rentra ave‘c deux- boutéilles de vin : oh en déboucha tout de suite une. C’était du vin couleur... .jus de choux rouge... Il en versa une demi-tasse 51 ma mére, qui le but en con_tractant la bouche, comme si elle 2 avait mordu dans unq baie sauvagcy Puis, avec _ u‘»IrE"'é1Ti1‘l'éT'e:-il ‘nous en a Fgofiter. II but -' alors 51 méme la_ bouteille, la vida aux trois quarts, et claquant de la langue, il déclara : - - — Cela n’a pas de gout : je préfére'un « bit- tertje » (1). ' - ‘ Ma mére devint_écarlate et eut des nausées : il _fallut la soigner toute la.journée. ‘ .. Le vin ne put jamais s’accl'imater chez nous. Mina, en rentrant le soir, fit un signe Ea. mon - pére; il la suivit dans le petit couloir obscur qui ‘.'* précédait notre chambre. Quand ils revinrent, eIle courut se frotter l'es fambes ‘avec un torchon, en répétant : ' — Hou ! hou !... sa peau péle, sa peau péle ! Le lendemain, mon pére mit un bon gros pan- talon, dont ma mére, en cli-gnotant fiévréusement des ,yeux et en tressézutant :21 chaque bruit, avait -. changé les boutons. (1) Amer. ‘ I :3: _\/- 1 /2-<’C>.v,«"t/\,’0\/x}*(>\/N,-'."‘if Bf/:*’C’_ \ ‘ JE QU_ITTE MA_‘PLACE , - Dés mon entrée dans l’imp'asse, j’entendis les é jolies voix des miens, qui-chantaient des psa.fi'ines ' 1 _ en choeur. _ ' ' -' ' T Un bien-étre m’envahissait. J e précipitai le past- et en._trai chez nous‘en coup de. vent. Les voix". -' K?-se t1'i'rent dans En couac. - .. ' --..--—-—-In--..... _ ' _.'. ‘ — Comment . o1_? _ r — Ou1. \ —. Tu as quitfé ta place ? , M5, — Ou-i._‘ ____ - _ . H — Bientje VzézayaJu'n de mes p'etits fréres, en . g‘ “ etendant ses m Utfés vers moi. Je le pris sur mes bras. '; — Klaasje, Klaasje, je suis revenue. —— Mais je te croyafs si bien n_ourrie dans ton ils nous donnaient des tartines dans lesquelles f n’est pas comme si on _re_cevait une‘; charité. JE, QUI'1m~: PLACE 137 V service, dit mon pére. Quand on est bien nourrie, on doit support_er bea'ucoup. Nous chantions'pour ___(ige_"i'_gip¢a_,_’ et autres « délicatesses >>_.qu?ils mangent devant ' vbus sans jamais rien.vous en passer. Soit ! mais je ne— veux pas _qAue_mesAtartines aient trainé sur leurs assiettes. 4 ,» ' _ — Tu oubliais_la faim que tu as ,eue' ici. _— Non, pére, seulement quand on travaille, ce Vi. r — Tu es ingrate, petite : tu mangeais le pain de tes maitres et ‘tu n’7étais‘ pas contente. — Ah ! non ! Je mangeais le pain de mon tra- vail, et non le leur. C’es£ comme la femme de ____~ _,.,_..,.. ...._: T _..[o_URs ma A I«'AMiNE ‘E1’ -01; n;5:1'REs sE AA journ_e;_§ Tqui eignait de devoire_tra.v‘a_ille,i'.'pour _ ’ ‘ le§‘—aT1tre§.7_e liffirditz i"Ti1"traTv‘ai1le_s a1i‘fresT_TT?"M0i.pas: j'e travaille pour gei’g131eT1“‘n}9v: Tvie. Crois-tu que je emettrais un.seau.d’ic1i—..T~lAéeeT pourzcette »uVsufl1_'i§‘_=;1_-‘<_:J1;1’.’z;§t-‘r_1‘E>’t_re___1¢)atr6nne,jsi mieux je dois étre traitée, et je travaillevde’-ifion A mieux. J’avaisTprévenu la patronne, et co.nin_‘1e,TTee T T soir encore,-“elle nous afldonrié des pom;;1es;;(_1‘§é,? ‘Y terre visib1ement:ftrip'otées,,« je suis pifffégéahsg T r V611-lbir manger. "*— 5—' [Eh bien !. tu pouritas te eogchef s:;'1T{1s's‘Qi‘1’_-%‘ per, et tej lever sans déjeuner. C’est incrg5:al§}_e,;. 3 qua_nd on a 51” manger, de demander davafixdtterge. — T M01; Dieu ! pére; [ye n’irai pourtant pas w'de_1-_ T les-\_(a¢s_es }de cette ignoble__v,i_ejQ§2 ét encoreT.etre« T €6.11" ob1igée“!T"J'é.T13§Vé{i’ e, elle me :payeT-: i1_9'i;s_T:/ sfimmes quzittes; mais je ne veux pas_ étr.e p_ayé~e.‘T’ avec des»reliefs, » 3 - ‘ r~ -—-—~j—? f _ ‘ -_ Voiléi, -c’es't -1a nbfiuvelleu qui ‘ _ , , ainsi : nous _ne pensions pas 51 tout cela. _ *1 ' ‘V Je haussai ]es.ép;_1:ules_et-j’a1lai m.’asseoir~a=ve_c?__ Q le petit. Le‘ c_ha§ meé_.sa§1taI-su.1‘- la enuquelet sfy» installa; le bébé s"e'ndo_rmit-, Au. bout d’une demi- “r.- >,,’\. K ' — ' ‘. 1 Q _‘ ,4? '"_“-C‘; ‘ .—~' ésrl _,_. ‘. . cg u-‘,{_./-._ . .3: ‘ h I 1 -5'.’ ’ I ‘T, T *. r /‘T’ — 5.‘. ‘Jr. T fi_1eQi_1re,Tj"avais 1;oa.ssa'r13g}~:z}_.»fi*1’2';_téte de r.espir_ea"l’air rniposté, de notre tandis;«-jfétais néanmofns freiy - _~ me: trouver parmi -les‘ T J o grandissais, et comm‘engais.é1 échapper com- 5 A jflétement £1 mes_ ‘parents. Jfétais. sans aucune. iinstr-i1ct»i~on; mais-d'eTpuisioI7_2‘1g<=, de1sept1ans,_ auquel= 7 "'_j§av§is\_:gppris 2'1 lire, -je dévora:i_s_§_yiHdement n’im-E V‘ " , I ».T p‘o1:t_e£fue;l écri_t bqui‘ 1_1”fe..‘toh'1l.)ai:t soiisfllfi’ m‘éfi"n.‘J/1 _ :_ j:_ErT .1 : 9?’Ti"%I1l'£I”i’s“,“'én"f"1i"(‘e: 1‘é‘fiHa‘fi’f"§o‘l’é?S6Ié;"I"fi'éf i-. ’}eiepti'iVs>%l':e"‘P\‘emie1‘ mot‘sjfi s'qu’fau ,de;'rfier,..1e_s_ j"‘.7;iches de la guerre-affiT7"s —aux‘devant1nte_s des j Wf'é’é§'fi ssac _s me‘sh9§5n‘f5ie“nTk"?§T1"f)oint ‘ =q'fi'_e&T?r’né parvenais p1_us. 51 I'n’appl'i ue. T A”‘le9onsf;J’asvais- sui»vi 7toute’ 1" ‘ * u Tfgdafis‘ lies’ ‘T5’fi}fi'§i1'fi'c6ilE‘~§‘é?h:re . — A » ,1éS'—H1—l11fS”£ Effiohes d’Amst}ardam; j’ai lu -ainsi 1 »fet1iIl‘etons e-ntiers. ;A I T ‘ _ Maisnion impressionnasbilité avatit surtout éte"; _ ‘ ?mi‘1rie par la misére, nous obligeait 2'1 rusero -’ . pour avoir du_ crédit; q1_i—i nous f_a-is’ait- passer par ‘§F”fWtou vl_es transes du qu’on ne. pouvait payer, 'et ‘Tfa‘6H6n.t'é"'3?s¥T'créanciers qui venaient _ jf ’V s_n‘ou»’s i’nsult¢15é\t7aiI'i.?ai1‘i;<‘é;1“Té‘s v_‘c3i§Th§. Des infamies ‘ ‘ T _ , *Ts’5étaien‘t incrustées dansg ma mémoire, ’co_mme‘ , celle d_e Pusuriére qui avait gardé 1’argent » K ;_{ .7-épargné sur la féim {de nos enfants et ne nous _‘ '— _ -*/fl__,‘fi/‘1=':T1z1=.s/s_n_:‘_ilV‘__’ ,‘' ‘ 3 endroit. J’a‘vaisv quinze ans. J’éta'is blqnde. et fraiche, un yrai poul_et de grain. J e n’avai,s -Tguére de chair, maig une fine peau gainziit= urie_;fc;hgar§‘—’ b. pente des’ plus’ flexibles, file‘ petite croup/¢§1au1e.; et étroite, deux tétons firenus"c'oIfiine'd’e g13os bourgeons, lav__sfléve‘mont§i§ _l£‘1VI‘1¢in_;_1_I_1te ét; qué je protégeai§'\3”ihs{fii£t V(T'¢3,‘_I‘1>1e-s Heux i11ai'rf§L La ’tenanc1Tére' ava'i't."insinué que de’s petites‘ * ‘ comme qa étaient fort demandées. Oh ! rien q1_Ie polir mdntrei‘ leurs jambes £1 de.vieu'x nieTssie1.1résT ’T * tout 2'1 fait’re_spectables. Rien,-T rien é craindre 1!. j J’avais été_ t1jés- indignéelquand j’eus coniprisi cé ,3 que ma so’e’u:r_'était devenue et 01‘; elle"n1’avait4:c;3n3 5 A —> duite,!f_t¥j5:;17§1vai‘s:Ttraitée-de pigggigk . ‘_; ._ J ’étais, 2‘1Tcett‘e époque, en service chez des,;iig;; » mantaires‘ juifs;’q11i, penfifint ;~une ‘IB'h‘gue~5.cF'1'T §eT T , e T s r17 u di.<._1mant, s’é;g_i§_r_1_£ faitséj-mar:-9 f; 7. ft‘ uwvs->,,—Z-at 3?‘ chgnds de vieux ha.b_its.rLe ménage se composa;i‘tg ‘ dans une grande chambrelet un_ réduit;“o_n fai».-_ 7 sait, le soir,—lés Tlits"par terre. L’argent,,;qu’i]'.s* gagnaient passait é la ndurriture, de préférence T des douceurs,.e.t ides toileites voyantes. jJ7‘e'§tai*'s chez eux comme un -enfant dé la maison etidore 7:’ mais avec les deux fillettes de‘mes patrons. .'_1‘Ous‘ T nié ‘téipqoign-aientl bea_ué'oi‘1pf'v-tde éyrnpathie, jparce 1 _ ’' re, lj,’é'tais ‘douce et '”V{a_i1ila”{1te._:"v-uné grande r ‘ lo’mie_rélgnait —dari:é»rip‘S-Tapports. Nos poux A . 'rt§1"é1=;r¢—_sympath:isaiei;t.vLésfuifs. a\}ai_e'nt des?» bux T;/"_If des ’b1ond§; '(3_f‘.:Aa:;l1 boutde q ‘ .,j_61Irs_,‘ ‘nous avions ’fai_t _deS t‘I4'0CSV.v Nous ‘e1‘I—in‘es : Tt'O1;‘1s des poux noirs, blqlndsi,-‘akdés‘métis cha- 7tf&_ir’1’s, *maiS aucun dé nfius -he s’offensait de ce JfIiblr.e échange; nous Ies;ltu ilons, avec le pouce, su_r ; lfe coin de la table, et ’ép1‘ouvions un plaisir férooe ’ gi.?7lés»:¢_:iitendre-craquersousl’oIigle. ' ' : 5-;Un soir de-.sabbat, j’al_1ais-me déshabiller pour me‘ jnegtre .au travail, qtliandjma mére vint. Elle " "de:_lH1‘anda 51 la Juive._si:jé l‘1e’pOT1VaiS,S‘0I't1;I‘ pen} f.d’ént,‘ quelquesv heures,‘ ajoutant que' mon oncle d:?AHemagng était an-ivé et fvoulait me voir avant ‘(le partir. Je devinais ;le men'songe. Au bas dé ‘ -.1Fésc'alier,- attendait Mini: h‘a,bi,Hée en trainée, ‘les ' _Qheveux coup‘és court (‘elf .frisés _au fer comme' céux d—’un acrobafe, le iI,ie_S3ge("‘9T1mar(d grossiére- ment fardé de blanc etlde'rou§E.".Te,me féchal, ‘désarrt 71Fé',]'é"riia“\iE3i‘1Cl’a5"i's:7§‘*tfti”tSfa vint me faire honte chez‘ mes patrons. Elle. me réponditque jel ‘devaisf étre ‘.pli1tg‘)t‘ flattée -qu’une soeur' s’i bien‘ *mis‘e vénéi/t me voir. - K » x — Oui, mais ton air »de:gr}1e, et la 'igueule dg l Vclow'n"que tu t’es faite, en‘disent ‘long strr ta 2 - , l ‘*3 144.. ;-‘F‘ JOURS rm; FAMINE'ET' DE nérnnésn V , belle toilette. Voyons_, _qu’yAa-t-il ? Quelle est cette __, .. lblague d’i1n eoncle qni désire me voir ? _ 3 —‘Ecoute, fit ma mere, Mina ne gagne plus tes jambes. _ , j .— Ah non ! je ne veux pas ! ‘ _ . 4 Je te_l’avais b.ien_ dit : il n’y a rien 2‘1.faire sont malades de faim. _ On me mit une épaisse voilette poureaehex‘, portais une rlobe de coton clair, toute s_ale~.de l’avoir trainée glr les perrons, en jouant avec vieux -chapeau de dame, mise-bas de ma pa- tronne. Ce chitpeau chiffonna la tenanciére :’ ell.e cruignaitque son _client ne pensét que -j’avg_1'_§ xdéjh ca ¢§,._ Elle ne oessait derépéter : 3 "p'our venir ici ? * — Mais non, cette guenille est bien 2‘: elle ! fnaigre, de grande gllure. Il me mania fiévreuse- ment, en s’exclama;1t: . . 2 * .. - rien; tous ses vétements-so_nt an clou. Nous :rnou'- ’ rons de faim. ll y a un 'monsieur qui-veut voir. : avec cette créature enfan_tine ! Allons ! les petits_; ma figure d.’enfant, et ma soeur m’emmena. [Jet les enfants_ durant ce long jour de(sabbat, et nn A. a1s quel beau chapeau ! tn l’as emprunte» _ Elle insistalt tellement que le client, aggcé, finit par’ dire : . » :7—_"‘~ C’était un homme de cinquante 51, soiicante ans, : ' MA FIIV.-LE, MON_Si§UB ‘CA‘BANl-ZL . — Jolie, jolie! , —_ _' Mon petit corps jainais lavé, mes cheveux bour ‘ fzléshrenfplis de poux, semblaient lui faire beau? L '.5c‘ou,p‘plus 'd’impression que si j’eusse été impré—'_ T *‘ ' gnée de parfums et enveloppée de dentelles; maisw ‘ T ‘ la, plus ‘grand; attraction pour lui, fut certes la , . ' douleur qEEgi€?§§‘s“éh‘t‘§1Ts'.fl" .7“"""" '. .vant de partir, ‘il Ii1e_don_na des flofins, en répétant :' “ , ' ' ' " —' Jolie 1 Jolie _r « Ma; soeur m’attendait;'quand je lui dis ce qui s’était passé, eHe me répbndtit : . - = - ‘ ‘-' w Je ale savais.5Maint:enant tu ne pourras ‘Ins , _’, . ine traiter de 3ut;’§n'. A /I F g k 7 ‘/”'~7W5T1Ls"‘i"i‘3‘f1"é'ci'r1tr2‘1méswn1‘{a)1 mé_re sur le fiont dAet 4 'notre -canal; elle grvait d-e"s plaques rougesé sur les pommettes, et clignotait anxieusement de/s_3K117{(1.A _ Je lui donnai les or s’, \ e V 'je un regar ~1- t_._ éploré, que j’.évita’i. _ -_ . . W _ . . ’ -ifi_entrée' ghez le’stJuifs, je me mis 51 relaver la, -.-T —. vais§elle du sabbat, ' ‘ , ‘ - '(,/‘W2, ,_;z,e,%:;2.J2 06' u——:..————- . Aprés 1A.)1us_ieuAr»s.annéeS ¢ffroyab_leme‘1i't ‘"1?-exjnf-’ plies de .jo}1rS de _famirfe, il_ nous fallut. ég.al§n1‘ent“' quitter Am§terdam. Cette fois., ce fut pé{1.r_é_ia Belgique.7La+;Ville.;paya.no{1:e ‘é‘I7I1ig‘I~'8.ti0n.;®Tgl_u}jS’ ffimes de nbilveau emba-r.q_ués he sofr, Tsu1:5’Tt1_i)T bateau. L’ébat mprbide de mesT_—‘quinze.ans,._a:y_ai1 7 donné ét-mori "e fig une_ qui me_ f»ai.sa.jit- co'I'fifi?éfi?ire to_11te betendue de not1je;misére;-Jet ' §1’aimaisiAmS7terdam. Qua’_nd nous paésémesésbiis E le pont de la'Haute-Ecluse -de l’A1'nstel et *q1ie~.~}a ville resta derriéi'e nous,_je devins péle etr grél ‘ ., .. .- ~_;.s;-surtaua, lottai,TcQm1'n¢ prisé de fiévre. " - "II §7 iivaitesur cc bateau un monde interjépé. ’ Un homme at uné femme se disputaient et furent‘ débarqués, en pleivne ‘nuit,«*sur le qvuai d?un_e ' §c1pse,_d’Qfi’ invectivérent le capitaine: D=a1;s_ ‘j1_7£i" Cetie.ville, trés morte 2'1 cette épotiue, mg i _déplut. Le flamand qu’on parlait autour de moi “me semblait ce que j’avais,,de ma vie, entendu ode plus grossier. Une dame bien mise fiis:_ait_ é _ un enfant : « Marche, marche, ou j_e te donne sur 5 ton cul ». Je vis de grandesfillettes s’accroupir, en se 'découvrant plus Zhaut qu?il n’_était héces- saire,’san.s la 'moindre retenue. Ah ! si g:’était 12‘: 1e Belge ! Jie demandai oil -se trouvaient les ca- ,_naux. Je ne me figurais pas de ville sans canaux. —‘Il n’y en a, dit mon péro, -que dans Fe quar- tier des prostituées,‘ et encore ! _ Pas de canaux ! Je ‘pris tout en aversion dans cette ville. ' - . . . 4.‘ Nous mimes nos frusques sur ‘une charrette £1 b.ras, que Hein et moi pouss2‘1mesjusqu’au fond ’‘ _‘d’_un faubourg. Cette .fois, mon pére ne s’était' méine pas zivisé de chercher une den-neure quel- conque. De br’.<.1~\I_¢»as_A<<:3~p“.<.1_£<_a_§i_<_a_r_s’chez qui il logeait, nous pefmiiznt de coucher dans leur grenier. — Il n’y a que -le cordonnier -du premier qui y travaille, nous dit- la femme.- ' -Nous mimes de la pailsle ’par'terre, et rtbus voilé couchés, ayant tous la m'g.ra.ine,_‘é,jproximité. de ce cordoimier, qui nousl W relu uait, miiksoéur ’et. moi et qui, dés cinq heures an matin, tapait dur sur le.cuir. aw. ‘I / V- J .. ’ J’-avais dix-sept ans. Noushabitions 2'1». B1:ug;el'- les un quartiexf ouvrier. Nous né savions pas‘ . mot ~de frangais, ehméme‘ le « marollien »_—‘§3':r1iA’s % ' . _était. i—nintelligibIe.:i ‘cela« nous‘ empéch‘ait ’touS?.51?§Tf “ mon pére l-e p.r'emie»r’,T de'trou\_Ier 1rn~ t1:av.ai:1,i: I ‘ " . V-.. _ .—~.»-I: venafizggz ~_ . ~» . K V . V Ttlne jeune femme du voisinag_e m,’e1nm¢;n ag:£r_T T_ ,lp‘_1_t'a_13rique de chapéagg_g_o1‘1 elle était'employ§é'e; I 3 fEAUx travail repr'it fiéyreux. Je trouvais trés jolie, en entrant dans 1'5,-salle, la buée argentée, oi: ces _ j'e'1rnes bras nus et ces chevelures de toutes nuan- ' ées se démenaient dans une grande activité; mais quand il me fallut. respifier les éman-ations qui s’en dégageaient, cette impression presque in- _ eonsgiente de_beauté se dissipa bientét. n me c'on-duisitg"\7é'1:s:un_e jeune femme qui devai't°ine'mettre aukcodf-‘ant E elle me requt assez mal, scar, comme on travaillait £1 la piéce, s’occu- per de moi étaii p-our el-le;;ufne perte de temps. 7' ‘-’ --Le travail co‘rTs'is"t'a'it a“tremper- da'f1s l’eau vitriolée de longs —bonne-ts en laine,'et £1 les en- rouler en les frottant sur une tablette attenante aux bacs. On‘ répétait Pepération jusqu’a ce que }es_ bonnets fussent a_ss_ez rétrécis pouren fagon-- ner des chapeaux de feutre. On suait abomina- blement 51 cette besogne,‘e_t, par.cet hiver glacé, toutes presque tou-ssaient. L’eau était trés chaude, '?{_l‘,’-acide corrosif: mes ongles se ramollirent en - . =q.uEIfi'i1‘es Eeures,’et' se cassérent, en‘ laissant dé- passer un gros bour1=elet'd-e chair au bout de chaque doigt. A l’heure du déjeuner, mes mains . étaient si gonflées et si douloureuses que je ne .9}. _ pus presque tenir ma tartine. Pendant ce repas, - ' mon interrogatoire commenqa : ' ——‘- Comment je m’appelais ? 152 _ JOURS DE FAMINE ET‘ DE- m5:'rR1«:ss1«: - — Keetje Oldema. _ ——— Quoi ? ce n’est pas un nom ! .— D’o1'1 je venais ? —' De la Hollande. ‘ — Ah ! et c’est la qu’on parle cette langue que. vous babillez ? Eh bien ! noI_1;je ne v_oudrais pas parler ainsi. Et vos. cheveux, vous les frisez la _ nuit pour l_es aVoir ainsi ondulés le matin ? — Non, ils sont ondulés-, disais-je, qn caressant mes bandeaux. - i * — Oui, on connait qa. Elles ne m’aimaient pas. Pour'quoi encore une fois ? Partout je produisais la méme impression". ..., Je sentais que pour un rien,'comme a l’école, 4-iglles m’auraie_nt mise en fiharpie. Enf_in ! A mfemfi-11;‘ au nez retro1T§sé,'me deinanda si je sava1s Ehaiiterf-_-."'“".P— — Oui. —-Alors, chantez-nous quelque chose._ x J’entonnai_l’air national hollandais. Elles me regardérent ébahies. ' ' """" . _ — Ah bien ! c’est comme 51 l’église. Vous allez 51 la procession ? _ - J’étais trés humiliée de cette demande. — A la procession, moi ? Ah n.on'! je ne crois pas 51 ces bétises. I ' — Et 51 la messe ? - ‘ [:5 , ‘E‘AB'Ri45UE >lfl'.;§:fi:Al5.Vl’A’UX » ~. .L.—Non’ph1s. A - _ 7 _;— 1Vrai ! vous en étes,—>>trne:prafiqt‘1e;VNous y’ 4a}iéns,.nous, it la/méssqz T_ ‘_ l:’;ef_1'ten-dis~ -chuchoter : «?‘C’est u_"ne_j Juive ».* _Ge‘l'l"e:‘qui m’aVait fait cG11_antér’n’e'f1 rev'enai_t pas, >\:fFanjf_‘Tévl;le>T é‘tait ‘écoeurée -de mon_ Tchreikntg "Ca,T.’chanTfé1-_73! AZ'ut‘! écou—tei :>n_1bi, jé sais ;‘=ch‘éntTér.= T . F T . ’_ "_Elle se canipa, les‘ deuic poings sur les haflches, T "'la5;~;t.éI_eT1‘_elev_ée Vde féqop jlaTlumiéTr[e jouaiti "j_3El§V:C£‘[lK1"i_i‘l:1'rf0f)-d‘ de>:§§§T";\;;iT3:é1i?inés d_1Ta_tégs, .ét, la . Cghdilché démesuréméfit 6i1vfé‘Ffef’¢ITE§‘_§{iéifla d’1‘1Tr'1e , -‘v'oi*xfd“e(poitrine,'p-o‘uSsée“¢n pointe : K L V Ah ! ha_ha !_meii ;lie'_f is nd deI_1;E1iss », etc. VT ‘ Des « Qaj est bien !L'» accuei11frent:sbn;chant et sfes"gestes. T ‘ 7 _ T H’ _ Voila commé_nf’nn_;¢h_ahte chez Inious. Tout le . 5Ifl_(5,fld:t3 comprend cglia‘,-Ttandis*A—que.ce que vous a_véz miaulé. .. __ ,;Ur;<;“m6ué aéheva sa__.p.ense'e_; Inuti-le 1 elles me fldétéstaieht d’ins*tinct.-T_‘ .f V. _' ' T :Q.n: miavait. envoyée,édérns un~ autre ate-Iier, ~ _ghAe‘1-chef‘ d§.s*saVcs de 1’ai.fie.,En‘ t_1-a'versanLla.coru ,- ' Zcroisaiiup Tyi1e:1’1§A“‘t1¥io1isiei1r~Lqui _m'e dévisagea, ?,I‘3,11'i'$‘?II1e7 s1.1f{'it[. —%DansC‘ l?é§E§HEfi" "i1"Yi"1fE *par' a ‘ ' ;t_'ra>n¢-ais,:>mais :je- ne‘c_or1.1épren’a‘is pas. E me, fit \- JOURS ma EAMINE Ef1"JI)E nlizrnnssh‘ alors signe _de le suivre aux ‘greniers. Cette fois, je compris ei fisn_on de la téte. Quand je re- descendis, il était encore la. 11 continua,sa mi- Et .toutes de l’observer»d-’un regard oblique‘. Quand il_eut quitté, une v}eille déc ara'a':‘"‘“""-“"‘ — Cela"n“e pouvait manquer : c’est tout, a fait son genre. . - . ‘ ' , V L’aprés—mi‘di, on avait fini par me laisser tran- quille. Je m’appliquais 15 mieux que je Apouvais, de mes mains endolories qui ne s’habituaient pas 5. ‘ce liqujde corrosif, quand un homme entra. e On parle au_abureau d’une nouvelle, qui ddit étre un oiseau rare. O1‘: -est-elle ? On me montra. - ' — {la ? Ah non ‘! ' 1 T. ‘ T ?et s’esclaffa1;t__; - _ - T... mais c’estaun‘e sauterelle: regardez d'dncWses ' ' ‘ bras ! !'”""""""’_"'”_“"-”'"c" A Le fait est que mes b_ras' de fillette maigre et mes l_0ngues_mains m’avaient plus ‘d’une-fois L! attiré des quofi-bets; aussi les -montrais-je le ..@I_-9-a--uo,, 7.»--.-—=-V... . . . .. .' »mo1ns possime, .ma1s, ,.1c1, 11 avalt blen. fallu 'retrousser mes manches.u.Ie pleuraispresque de mique, moi la_ mienne, et je rentrai a 1’atel:ier. . ‘L — Ah.! has !'1e patron ! chuchotérent~elles. Il tourna sur lui-méme, en se tapant les cuisses ‘ — KB ! la la ! ils en ont dugofit, ces messieurs! A = mBiz'1QU1.i bi: cIi'A:i’niAUx _’ p T » - hohte, surtout que la joie de toutes c’es femmes, ;-{ls . « 7 vieilles et jeunes, était 1-éelle. 7 Cela dura ainsi quatre jours. Le quatriéme, an go1‘1__ster, je ne— pus manger mes tartines : elles _=~ '- fles av'aient trempées dans »t:e_tte immonde .ea1_1 _ vitriolée. » ‘ - _ __ V- —' Je m’en vais, leur dis-je.’ J’en aifassez : un 9 . . étre humain ne peut vivre parmi vous. V —. _‘ Elles demeurérent qilelquev peu baba; Une des plus égées décleira : V _ f 4_ ' — Quand j’ai vu entrer cette petite, j’ai senti qu’elle ne resteraitpas‘ : eHe n’a'rien £1 faife i<':i. Begardez-la_donc avec son médaillorn, et ce ruban‘ dans les cheveux ! . ’» , V V Je ‘me rendis au bureau auprés du contre- T maitre : un‘_pe_tit hommqi-/réche7 et lui demandai ; .p . A ‘ mon compte;"' j1'5Ej6T1Tai. i21u“ii”"m’était' impossible i" ..de rester au milieu de»cet racaille.” 1en . a ez- -e , ne peux vous payer que le samedi soir 51 sept heures. C’était dit sui' un toiihargneux, qui n1’étonna.s .Le samedi, je rev‘1f1hs'._.5?Ie‘ V 2 , JOUR_S m.: FAMINE ET DE nérnnssn. ‘ . ‘ Ma mére me fit'_en passant signe de venir, mais_ " _,; je vis de loin accourir la femme, rouge, hfi ‘aide , — ‘Q hale-lante. J’eus le temps de me cache v“ L un arbre, car elle m’aurait écha'rpée,' e-t,,q}.1aénd' ’ elle fut passée, je me sauvai. Rejoindre ‘ma; famillq, il ne fallait pas y songer pour l’_instant. Je fis un long détour; et aboutis au pontVde’L_Lae- ken, C’étaft féte dans ce faubourg : il y avoai1\une f.oule rigolante. Prés du 'pont, au hord du ncanale, f le cagmion était arrété, ma mére et l—esn~en‘fa-n_ts— éf. c‘(‘)té,'-mon"pére, iv're, rcouc-hf 2‘: l’in_térie;tu".'-‘4—Ma mére me mit aucourant : la femme les ayanf rat- etrapés, avait prévenu les nouveaux propriétairjes‘ _ ___gue nous ne payions personne, et ceux-ci avaiént — i ‘ , ' rendu.l’m‘é’nt du demi—1nois -de loyer edonné en“ ' compte. Et nous voi»lé1 dans la rue ! Monnpére, -déjéi pris de boisson, s’.étaitenivré complétement, ' _ T et, comme il ne rentrait pas avec la voitu1;e,e Q allait sans doute perdre sa place. " \ .4. La honte et l’angoi§se m’affolérent. Mon fr.é1fe_ Hein, qui avait seize ans, se trouvait lo, mortifié comme moi. Je lui dis_: ' ‘ ' — Viens, Hein, nous ne pouvons rester, oomme' des vagabonds, £1 coté de ce véhicule et de cet ivrogne. A’1lons;nous,-en, nous trouverons bienrun{: gite. ' _ /""\-»~-~‘-I» ‘...~-*~;-‘—'_;-~" .k T wing" «'31-: 1iRUx1«:LL1-:5 ‘ um: Nuir lui )‘Je dish ma rnére de venir1e"lendeniain, £1 neuf-‘ ;,=henres,_dans la grande ~allée £111 Pare, et nous;,_; u ’.~1‘)‘art‘§n1-es_'__.' H'ein por__tait un p‘etit‘ coniplet_de coufil _T 5; ‘ ‘?’‘“'ée,1fu,n trés.p_ropre'; moi, j’a$s,: n“W§€r“‘ ; ; Hein, qui 'travaillai1 chez un forgeron, recevait T 7L‘cinquante,'centimés p'our son dimanche, et vou- 7 V lait, cornme il faisait toujours, acheter des boules _d_eLs1‘;rea-u : il en avait cent,,poE'”§E's“EifitiT1"§1IfE . ‘ 7} "1 ceT1‘t‘fifié‘s-'"é? en sugait /t_o*ute ‘la journée; mais — cetfiefois, pour ne'pas rester sans’ manger, je_ lui égns’eil.],ai.n_d’aéhefer'destpielits‘pains, ce que nous fimes.§Edmfi1e d’ha~bitgd_g;jje_n’é1v§:1is pas un sou. [Dans I‘é‘pei1pIe,‘l'éé ‘frérésr et soeurs sejconnais‘- sent en‘ somme peu, aprés ‘les annéés d’enfance : les gargons yont é1;l’atelier,*les filles travaillent d_e leur cété, et'l’on s\e" voi_t ‘et l’on se parle rare- rnent. _ _ k ,_ Je fus’ donc étonnée fie trouver monfrére si' ._ géuntil, de l’entendre rire Si naiverrient, et faire “des réflexjons si justes éi -si fines je fus vrai-._ 7_.—Tnii§nL_‘tjrés‘ héurense “(Te Xnorus senfi" Len «r»—.m-. - V. ‘. ,...._— -- .. .-——__.,.. .131 ‘- ~, _.ensen1b_le. - is "5 ’ “Nous alléymes au Jardin Botanique rnanger nos petits pa‘ins. Puis'je m’en fus chez un braveipein- “tre allemernd, £1 qui je' vot1l_ais'-raconter notre ‘_ mésav‘entu‘re_et demander de nous procurer un 10 ement our la nuit; niais il était 51 la came 8 P a ‘.,. ‘'u_ H ‘R. I _ , 164 JOURS ma mmmmzw ma nnrnzssn ~ pagne jusqu’au lendemain. J_e feyins vers mon frére, la-,1_'igure, décomposéh. ua —n35; 1'3-i?e? R.¢_etr_ouve;1j_ lei‘ fan1’ille,Tg1j_noV1’1‘i__l]3nt"é1;E:étée.de_ -« ce camion, c9ln'n}¢af’Jés"s‘§1Ti'mban'ques.au1$ré_s’de ” leur roulotte ? Ah non !—_t‘o-fif'1T6‘fi:é.<=aE'e‘se If,§3bif‘- fait :21 cette seule idée.' Z ' ' - — I1 no-nous reste, dis-je, qu’é1 nouspromener toute la nuit : il fait olgaud, cela ne sera rien, Nous nous acheminonsveifs le Parc. Nous yb fimes des tours et des tours, et»comme la t¢m.pé- ~ rature était trés douce, je proposai de nous lais- ser enfermer. A cette époque, le Pare‘ n’était pas éclairé; il y avait concert au \Vaux-Hull; la foule ucommengait é1_s’écouler;A un « garde—ville » étai_t‘ posté :21 chaqure sortie. A"\/oir partir le monde, je pris peur, et praignis que les'agents ne fissent une ronde, pour s’assurer que personne n’était resté. Nous sortimes donc avec les autres etwnous‘ nous mimes 211 errer‘pa_r les ru¢;s./..-trésNf"§im.+’I3uTs Ilia“ ?r'ayeuf‘fiié'Vifif'T§tre r;'imais- sés par la police._ T . ‘ . ’ . T — Mon Dieu I Héin, si nous demandions asile au commissariat ? Celarvaudrait mieux que [de- ‘ nous'faire arréter : ’j’en mourrais de peur et de honte, car on est souillé pour ‘la vie quand on a c UNE NU'[T AU PARC -DE BizUx‘ELLl.:s -V Yété appréhendé par des policiers; je t’en supplie; .a_Hons plutot nous mettre entre; leurs mains.‘ V . Je tremblais tellement que mon frére se mit 2 ’ 51 «pleurerj Nous déscendimes vers la Grand’Place. ' —* Hein accosta 1_1.1_‘1__g‘gg§;_t“__<;t_filui demanda asile; ' » qfiélgent fit un E-le-cor;Rs,._ e regarda, regarda / I 1 i éin, 's-7 sue 1 "Vers Le commissaire- ‘ 2 T - Mon frére parla. Le comniissaire, u_n vieillard, écoutait en me dévisageant : il entra» dans une ‘U. V T ‘, ‘_i:o1ére\‘bleue : V 1.}? ' 4 C’est.sans doute ppu'r des dettes que vous _ " ‘- étes Idans oette situation‘ ! Cela ne me regarde pas J ' et vo1is n’avez qu’é1 vous tirer d’affaire ! _ ‘ L’dgent hasarda un timide : . " ,— Ce sont presque des enfants, monsieur »le ' ‘ contmissaire. T H Mais il se fécha davantage, et fépondit que nous n’avions qu’é1 retourner dans la‘ commune 7 ‘ d‘o1‘1 nous venions. Je lui dis que ‘nous nous létions adressés £1 la police’ de-peur d’étre ra- massés. ' A » T t — Et de peur d’é'tre ramassés, vqus venéz vous rendre: elle est forte, celle-151. Eh bien, allez- vous-en. . . ‘ _ Une fois \dans’la rueb,»nous nous mimes 51 rire et 51 gambader, bien que claquant des dents. 3 __ ’r~ ' » — Ah! s_i c’est ainsi, que] bonheur! »Ouf! jg ‘; 5;‘ I I‘-"' 3'1 I66; Jonas my FAMlN‘E;E'i' ma mini:-zssn quelle chance! Allons-nous 1')romener,-‘mainte- nant que nous sommes sfirs de n.’étre pas arrétgés.-. En avant ! Ah ! mon Dieu J quel méchant Vieux T}. Enavant!-= V AC _‘ _ Et__nous _voil:‘1 rernontant» vers ‘la rue Royale. J Aprés avoir encore {GR quelque peeugngys nou’s‘dé‘c’1‘donsr‘:’i p-a‘s§é'r“qT1z1nd"mémé”Hfi1iiifafags le‘Parc, oi; nous pénétrons en grimpant par des- sus la grille. ‘ ‘ I Les Eancs étaient mouillés de rosée. Nous .n"osions presque pasmarcher. de crainte'd‘étre . entendus du dehors; nous nfosions alrer dans-ole7s has-fonds, ‘ <_:_§_use des ossements de eeux de 1839, 51 if/,7" Mon frére "g”rel5fiéii't> _s"ous'”son *1 f cou.tj_l Dedormir, il n’était—pas question : nouns“ V L e 1ons trop terrifiés; nous nous assimes, au pied; If d’un arbre.‘ A -T . ‘ V ’ Quand le. jour conlmenga £1 poindre, un ouv_r_i.er - , nous vit/de la rue Royale. Nous nous sauvénies V ‘ . glans les hauteurs. Je m’accroupis sur un ba;jé,; P je relevaima jupe et fis s’étendre Hein, ~1a etéte dans mongiron, ma jupe rabattue sur 'lui.T Nous ._ étions figés _de_.fro'id. Hein résistait moins-sba'.e'nA _(. - Aque moi; mais, ainsi couvert, il s’endormift_;j'.m‘oi,e_, I £je_fis_og11meill.g1is,‘sur,le flquj-vjxfe. §}’est_ ainsi qu_’a;1nT-T7 Thomme nous troiigilaf. ‘ V - » e- V" ‘ — Quefaites-vous ici ? ‘Al ”i ,1/'IJ11‘{V3:1:N'IJl'iA".A'rIJ. PR1!;#>_?;s‘§RU);ELLES - *Nous av_ons été. e11’f‘(ei“fi¥<5,s-."’ ' e T V A ._Quoi ? vous.vdus' ét,es“f-ait enfermer pour” a1're:V9t’gofit_ » ? _ V Au b _ ‘ T ‘ V _ 'e_c'ompren_a‘ise"déjé1'uhfpeu le jargon bruxel/-_-_. -, ‘ ms; . ' ‘ ~ —-T M_ais c’est mbnbf1‘éTr:ee=! = . . —e~7Vot’frére? Oui, jei-'eQmiaise’qa. Attendez;Tje '\_rxo1__1s*aur*ai.e L L T j ’ .> E1 il’ s’en alla.’eNoTu'_s‘; "I‘1’eatet’e’I1dimes ?pas Ysdn. netdi1r et sautémeé pafdeésué la grille.‘ Deswpéiysannes qui péssaierrt, ave‘c leur char-b r”e'fte de iait, ou des' péxxufi-e4ts__ d5e_légumes _sur_— la >t’tT§fte,Vpour aller a',u mai‘¢li_é_k1e la ,G-r_aend’Place, _ §'1?_i=cTe1Tn-é_1jen1 en par_lant.qje mon amafit,._ Je rougis: T *Fs'e_1is‘edef_honte : meme si Hein:—n’avait pas été mon "}_f’t‘:r'e, :c’étai.t un _petit ga1'At;on.e ‘ .. Au boulevard, hqus, aséimes : nouveaux AquVolibets_:ed’ouv1flfi_’e_r§fijgui ge fendaient _a-1T‘t’;5:I‘sHI. _ ‘ “;.1n;,.,»;.;i;i..—»;:’ -.r;:;_:= ' o.11‘Vé;'it,b nous y retournémes ; V‘ M _er'1d-re 'ma mere‘. Hein Igfe-hipouvait (plus. Un agent en uniforme "nous ’deman_da ce que nous V ‘ _"£a‘i's‘ions encore ’J"a’l“1’é1i's‘lui rép'6n'dre quand ‘" 7; e.'mon-ffére‘mee ’chuehota5 ; ~ V ' C _. ~’ u ‘e'..‘—h"Tais-toi! c’est l’ho1i1me qui nous a ré- 7 veil‘1és».5 .- « ! 168 j JOU-RS Dr: FAMINE ET‘ DE nfirnizssn I Comme nous- étions ~de nouveau affalés sur un ;, banc,[un‘Rc_L;hard,vint s’asseoir 51 coté de nous,_ en bo1T§PonnanE_IT:avait en main un paquet ficelé: -c’étaient visiblement des tartines. Hein et moi, nous échangeémes un regard, et nous nous "com,- primes. Le paquet tomba : d’un coup d’oe_il, je fis , lever, I-Iein, qui contourna le banc, ramassa les 'paquet etHs’éloigna lentement; je restai assise. L’homme s’aper(_:ut vbientotl de la'disparition, de’ ses 'vivres; en cherchant autour de lui, il bé- T .. , _ gayait : ~ ' _ '_ — Les cochons ! ils me les ont volés-!‘ Alors,- comme dégofitée de ce voisinage, je me levai et m’éloignai 51 mon tour. A l’extrémité du _ Parc, jerejoignis monlfrére. Nous défimes fié- vreusement la ficelle, mais, au lieu des tartines bien beurrées que nous espqrions, nous ne trou- vémes que deux tranches de pain trés rassis et . sans beurre : c’ét,ait égal ! il nous semblaexquis. Ma mére arriva £1 l’heure convenue. Elle nous dit que ma-mauvaise téte l’avait fait passer par "des transes mortelles; que mon pére s’était mis 51 errer par les rues avec le camion; qu’elle avait ’ vu un appartement 51 louer_ et qu’on nous avait. acceptés. Elle‘ nous conduisite dans une rue -de faubourg, au second étage d’une maison, dont encore une fois une . boutique de comestiblese ioopupait lei rez-d¢-‘chauissée. Un créditundus étacft «d_élj£i"qu\5ert : nous étiofis {zoués 51 cela. _.‘ ’ _-_}_IEin,'‘tout (,:8:t_1_~I‘:)_E;§1};é‘ pouvait presque 1'§a‘s _ monter les escaliers : en'—_haut, i_l se laissa choi,i';. - sur tin las de gpenilles, ,et;.‘S_’eI}dQI'_I]1it. Je bus ‘d'u 5 rcafé qt man-geaijune tartiné,'»ét lrne nouvelle étéxpe” »demi_sére c,oI'nmenc_:a. = ' » —.- T " " ‘ ~, .' >' »~.b”'-1 _;-{ e. / ‘_ L_A -VARIQLET _ Notr.e ha‘bita_tjon-se,co[IHpOsai1 d’une; cuisiqe gé.'f"*» cave et d’une mansarde; toute la f»amille;éou- A - ch‘aitAdans’be1le-cisur desloques. ' ' " * ' A Comme~j’avais dix-sépt a_ns, je ne voulai§._pI§1_s ': de cétte p1§_omiscuit'é, et:dorma‘1'§ arfs em ‘sol. sur apé. J’étais. allée‘l_e maiin, chez u-ne ‘amie ’q_.ui m’avait~pro‘mis de me .d’1iire in un théétre, o1‘1 ron demaijdait desfef_ho- ristes. OnTné_7m”avait point acceptée, parce\q-t1e”ie' ne connaissais pas le __fr_‘an(;ai_s. Décou.ré1‘gée,TT j’éteiis-resi.-ée chjez cetteamie jusquev tardi d2i_nTs’T‘1_%1TV ~s”oirée. ', ' V 7 Klaasje, m_on petit fr(‘:re_'de huit ans, souffrair dafi3..notre sous-sol,"je_tro1fiiFe.ma 'couc‘_he occuptée_ 7 _ ’ ¢nfan,t, ,chez qui szétaitndgggrgf u_n§_Ya;I'_'&l£;~_ "x1fii1°ge;__Sur deux chaises accolées au canapé, mon: ,3 ’f}7fi‘¥'Dirk; qui avait:trqi;ze _ans,nétait étendu avec _ _t _ ;;l.i;?pntit, figure contre figu1§e~;sur_le mébme-oreiller :_A T _” ;f1;;1iii ‘tenait Vles "mains 1’empé’cher_de 'se' I,_:;g1§,itter, -et inventait des histioirtes afin‘ de le *di_straire, ; , ~ - ~.— ~ ~ ‘.,_’—K1aaVsje était un 'enfant d’une ra're'be'auté. Jen .‘ _' ’l_’a’p'pelais non petit 1-éiard; pcrur"l’habitude qu’il V ‘L :_ay'ait» de se cacher sous xles meubles, lorsqu’il‘ : Twavait été méchanté Lafpé 'sée qu’il pourrait étre T 7 fdéfi urégnqus afft5T§iTT6 T c6§5H§Y§u*fal'e carreau, ne voulant pas Tmenter pirés des gargons 'et.des parents, et j’e_n— ;_ten_dis_Dirk‘ raconter dés historir'es _d’éléphants,‘ ‘ quj. s’étaient sauvés sur les t_9_urs de nSainte- ‘ t V-G~udu1‘e§pour .écha per aux pu'ces.qui'1'es harce- T "Ekntpéfiffif . ’Vtl’TfHTammation, on‘), les puqqs pouvaient moi'di'e ‘ ales élépha‘nts,.puisi1u"ils dnt une Ygrosse p-eau“ par- "totit-. Dirkyétait attrapé :_ilse tut‘ un instant, puis ‘ “ répondit : _ V v A t T —_ Dans le cul. T _ ~ _ Le»_petit fut pr.is’d’un _fou rire sicommunicatif ‘ ‘ que nous nous tondimes tous. I1 dit 'alors, parlant _ de plus 'en plus difficilément : , . .;I"72' ‘ ‘_ ._ioUns on FA1y[Ii§E"E'I‘fDE _DI3'I“RE‘SVSH5 V 7‘ —e Jae §ais.—=~‘b_ien que ce sont des’ nmnsonges,‘ _ -.mais 1.-aconté‘ encore: 'C’est si amusant Iju.'an.d. _ méme-' . .' —.' ‘ ’ Et Dirk inventait, toute la }nuit, des hi_s';‘t'cxiN1t‘e’s.-« Pendant toute ‘la durée-de la maladie, 'i.1 4 A ‘ pt‘ésT—de'l’enfant, lui tenant les'mains pour l?o'n-£2. péchei',de s_e emarquer, _et.li1i contant, figure-‘con? — treéfigure. des chose abracadabrantes. »_,_ _..s§.._.. - : ...,..—.-— V — LES POM1\'?pIES:DE’TERR-E ., Ancun de noils, ex_cepté'V'I'{'ees, n’a jamais osé ‘ mendier. Par les périofies les plus aigués de la (famine, l’idée seulgne nous en venait pas. Mais _=’I{ées, lui, avait la faim. abominable : méme ayant ; eu sa part, mais -n’étant pas rassasié,- il suivait j les morceau_x‘ de la main 211 la-bouche et de la ’ -T:=’b_quEhe :21 la main..Don"‘c Kees osait. Il allait de- ‘ mander aux fenétres des’cuisines.de cave, et on lui ‘udonnait des rostes :de pommes de terre.-Il en I n1angeaif, mais en rappor,tai_t a.la maison. ' Un jour, rentrant mala'de et exténuée de faim et de fatigue d’a\Voir en. vain cherché du travail, je trouve les ‘miens.-~tena,nt chacun, entre ‘les .1 doigts, une pomme 'de terre froide et déja gatée. Je demande d’o1‘1 elles viennent. On me répond \ '_ q1ie'KeeVs les a app_ortées. Kees s’était _[K)VI‘,7l_T_d.:eII’1-j‘ -J - Comme je Alui_ré(gétaisiqu"Ll He devait pa . X T", ees suivait duregard la pomme de’t.erre_;_£jiT4 ,_). V ment retfré fliers la porte,§ourféviter unei he.‘ —_ Comment, sale b_éte, dis: en me diriggansg vers les pommes de terre,;t1_i oses mendie»1j__‘!'5>. -Et j ’en pris une entre les" doigts : elle tjitakih gsfire, ;mais dré_licie_use. ’ T A la main '51 la’ bouche et _de lae‘-bouche é1*»1Ta1_i1i,1a_ii1’1, Ce Ifegérrd dema'nd‘ai-ti: _‘”C?:est ‘hon-, n’est-ce 1S§‘se7‘.’_’ -et je n’aurai pas de taloche 2 xv - T . ’ 4.-77 sjnienrl. Adler, il mit’les mainswdélns les poclies de:.§6fL »p a'nta1cm,» lessecoua -et» le .re}ev.ant,-7et. ’ses= eyenx 2 -un plissement du vnez ‘celle-151 I. » " -Plusieurs fois'j—’en ~ai}‘m :'de;terre‘. " -» d‘i_saien.t : « Elle angé; de ces .v. y ,» L —’jifié eg: «*dés.’véte'riients‘. T7A T _ _ mfg Tqu an -‘éxqi1»i"s"j:iTé_»t‘i:t’is,a'f1d5W¥ich--au_‘gsag-_*' m’a»v’ait ’d6'1'i_I!£'g, :_lK§l.'l'._l5l'Tf.-Ii'S'V()l1', riéni K}- _'1gEaftendaien‘t_, groyarit‘ qI_1>§'}’a*pporterais 41’arge{h_tT-T— T _A'-la pose; m:éis on’j}§§:;_ii{’afiai’t’1ias"payée,°éf"fje n’osai_s jamais‘dem:a?ndér.4.= Aj T , "Nous discut“1onsT(_ie;TTqTu1elle fagoh nbus Mp_ouf‘-7 _ ‘ions bien ob'tehir3_£ii1fp;'§Tii§'*Lcrédit,‘quandije—me{‘A f,s:c‘)ux¥'in;s d’avoIi.r’ _enZ pQc’hef?que1ques—iithnbres/d’un, e_t cinq (_§e_r”1,t,in1es.’°f'J’e ‘le_s‘_‘avais".trouv_éVs’ ' TIV‘é>te1i’e“‘1';_parI1_1i“les pa efiasses ‘_doJnTt"jTe~»déb;arras_+Z T jis_ais.u.n plane‘ _ t,‘/ere iirmmils étaient gh_if..f , , Tfbnnefs et tjacOi'riis,'leT—pe;'ii'1tre‘ mi: les»avait_lea'-is§Aé;s. ' 176 V f .‘.1o'uns DE FAMINE E1‘ m.: bfiinnssn Je savais qu’on pouvait acheter en payantavec § des timbres-post_e, mais aucun de nous n’osait _lé ’ ‘fair_e. Enfin Kees se décida et revint, 51 notre stu- ’ péfaction,'chargé ,d’un pain et d’une- chandelle, car nous étions aussi sans lumiére. Nous deman- 5' , démes comment il s’y était pris, et alors oe petit 7 s bout d’hommp de dix ans nous expliqua trés . _ T sobrement : comme quoi la femme avait d’abord refusé de donner un pain pour ces vieux timb_res;_ puis qu’il avait parlementé en expliquant qué des timbres, c’était comme de Pargent, qu’elle . pouvait biven les prendre aussi bien 51 lui qu’é1 la ,ppste, et qu’elle s’éviterait, ainsi une course. T V L’inteHigence logique et déliée qu’il ava-it “ _ déployée; pouxfiameners cette lourde flamande 51‘ 1 _ lui donner ce p'ain en échange des timbres, étail V 31 - adorable net fare. Malgré mon ignorance, je le T. compris et j’en fus fiére. - . s - _'< u 4 \ KEES~ _ACROBATE _ Je retournais a la maison, éreintée jusqu’a 1’épui§EffieYit de mes éternelles r e9a tra- vers la ville, a la recherche d’un travail quelcon- que. Je vis. un rassembleme-nt-de cinq 51 six per- so-nnes; je croyais a mi accident. En m’appro- chant, j’aper(;us Kees, les jambes écartées, se.._ courbant lentement en arriére pour ramasser, ave'c la bouche, une fiiéce de cinquante centimes, placée entre ses pieds. Ma premiére pensée fut de Pempoigner et de Fenvoyer a la maison a coups de pied’; mais, un faux mouvement, et il se ‘brisait l’épine dorsale._j . Il se reTn“it' {ii'"o'it‘ avec _gr'a=n'd'e précaution, la piéce de cinquante centimes entre. les dents. La premiére personne qu’il apergut ‘ "Joints DE FAMINE‘-ET DE ‘nrmzssn fut Inggi,-bléme de'honte; il-[me regarda, q-ra’c_-.ha. sa piéce, et se_sauva £1 toutes jambes, en re‘to'u1'- nant la téte pou_r voif si je le suivaisi ‘ ’ ' Voilé donc .o1‘1 nous en‘ sommes dansTVce p'a;ys_f_ étranger,‘ oh‘ nous mourons littéralement_~ ‘I1e_ faim V! Je rentrai chez nous,_ décomposée.- Mon‘; premier m.ot £1 ma mére fut : 9". \ _T _ Pourqugi ,K¢e§ n’Mes1A-il p.gsT:‘1_l"école'? je?l!aj4V_ trouvé dans la’ rue, faisaxitgdés tours de s_altiTm"-T banque, pour de Pargent. C’est votre faute, si lgésf Tenfant_s croulent tous : quan.d il faut chercher p‘etit-seau d_¢.char.bon, pu garder le_ ling; su-r fprairié, v'Ou$ lés"ten_ez‘hb,1*s de l’écoTl§a. Avevz-’vo_u1':ateli_e1f. pour le__méT_tj' ‘ 'api)rentissag¢ ? ‘ V: W T T ’ — Non,__}e ne sigfs p_a.s-alvlée ; il est tro1i' *_ + ‘Mais.il a quinze an_s : les petits doivent \{i‘x%r-_15e ’ ; 1‘ cqmme lesgrands. Faites:-en un cordOn;1}iQn_:b_11—= _un 'tai_lleur. C'¢‘1‘1’es_t pas Tun lourd travai1;cofij:ii;e': qelui édé nontré Hein chez son forgeron, T _ M- e Fich_e.mo_i;‘:l:;1 paifx ! tu ;e.s comme ton pé'r'*-«-« V _..v.a< SYMPHONIE DE LA FAIM‘ f o . Nous avions_ tous' des nausées de.f'aim._Je ‘diriger. Mon pére était fini, avachi; nous ne le_ voyions presque plus; il .v.e{ge_1Eondait 51 droite qt _ £1 gauche, incapable de tout _tré1vail série11_x. -_ 7-_' 4 n"étais pas sortie, ne sachant de quel coté--me r Hein et Naatje discutaient le true 51 employer pour se rassasier td’une seule "petite tartine; Naatje prétendait qu’il fall-ait la grignoter en rond, garder en bouche le dernier. morceau, __ grand comméun « cent», et l’y laisser dissou:dre-.- ‘ — Non, répliqua Hein, tu n’y e's pas. Manger lentement donne plus faim; moi, quand je veuxu _, .me rassasier d’une tranche de' pain,»‘j’ava1e les _._ _’ morceaux presque sans les mécher : on a bien ' mal 51 la téte aprés, mais on a moins faim. V . _, -stun-noNins¥a§ii,ik'§nVAn: : :-‘Dirk ~entra en coup. _d-e".-«vent; il laissa 1a‘porte -,' - giiande _ofiverte, a1}a d'r0il_:- fouiller dans les A-imoires, 1es.tiroirs,.le'-pcgéle et jusque sgus les 'r51'1e1'ibles, -51 la recherche _de quelqge chose 51 se ":_1_1.et&e so1i§‘la dent. -Ba-figaire avaiI—11i'é"é'5?13I‘E’s?:" ”3i$_f'd1!‘1!'i'Hf1'ifEqfi€.‘ N"ay.ant hen trouvé, id repartit "‘san's dire un'mot. ' - -- '% Ma méije, pensant soulager sa mligraine, était' ‘_sén-tie humer aux fenétres des cuisines _le"pa1'-- 'fuI1‘1.':d-es‘mets qu’on y prép'a'ra_.it'; mais elle rentra ' m_a1ade encore_ de _s’é_tpe exacerbé l’appétit. “i+h-~=- —e - n —~—e--r-= -‘ _ —‘ Qu’est-ce. que cela pent‘ bien étre', cette nour- 'ritur_e'des riches ? L’odeu1= seule v-ous réveilleraii un mort; mais ainsi 51 vide.,.cela vous fait halefer." Qu’allons-nous faire ? Comme j’avais le vertige _et quejes tempes me. ‘ .I_}a'ttaient, je me dirigeai vers la fenétre pour ' -l’ouvrir, et je vis a‘la devanture flu charcutier .d’en face, Kees 'léchant la airing 5 la pface contre la-quelle s’gm3ien , ' ‘n’-terieur, les jambons et les langues de boeuf. J e tressautai, comme piquée par un taon. - *‘ ""'F""" " — ‘ ' "*5 -.....~I'-"—" --— I Mére! mére! criai-je, cours vendre mes lixgreset fais monter Kees, ou_je le tue I 184 JOURS on FAMINE r.r.nE.n13:rm«:ssE Folle de lecture, et désespérée de ne savoir lire le franqais et de ne pouvoir trouver des livres hollandais, j’avais racolé de droite et de gauche quelques livr_es flamands. Il en était qu’a défaut d’autres, j’avais lus dix 51 douze fois, comme « La Tombe de Fer » de Henri Conscience. Je m’é.taisl ainsi composé- une petite bibliothéque, que je .dévorais sans relache. A -plusieurs reprises, j’en avais aprement défentiu la vente; mais ce jour: la, j’em ilai tous mes bouquins dans un panier, et j’envoyai's’ _ §VEnHre"a 'la1Cr'aie;i‘€ Bortier. J e croyais, comme pour ma robe de pre- miére communion, que nous allions avoir '11n gros prix de ces vieux livres, qui étaient tout pour moi. - Pendant que ma mére éta_i_t_partie 1-es brocan- ter, la _locata_ire principal? monta ch“eE"nou'§,' es‘§2>‘u£r1ée. * "K — Mademoiselle, dites 51 votre mére que je lui ouvre un nouveau crédit. Je sais que vous étes, depuis plusieurs jours, sans manger. Eh bien, j’ai offert une‘ tartine 51 votre petit Klaasje, et.i'l l’a refusée en dis_ant : « Merci, Madame, je viens de manger >>. Je sais que cela n’est pas, et il est 'si petit ! \ "’I; {la>a’sje élvait--’h11_,it: an§.T ‘.I’é11_s_, deg.‘ ‘ motion. 11 s’en_“t1;o_uvai_t donE:\'encqre paimi’ ' _s; qui n’étaieAItt. pas 3/,ain‘3:u§ ! A - i..‘ , "a ‘mére revint bi¢nt6{'.— E1le%’éivaitT; avec grande’ dilfficulté, obtenu- un- fr‘a~né et 75Tce1_1times pblir io'gJ§'mes l'ivres.‘ * * ' ' - 4. KLAASJ§-E CQNDAMNE u \ A , La pbrté-s’Quv‘re avec fxfacasizun hQm1Ife_é;'f{17e,, tenant Klaasje [par l_e bras. . — C’est vOtre'gar(_;on ? II a cassé ma-_Tvi't»rinje‘ ~ la grosse <:aissAeT;‘ _cor;nme»\ fie; faisais -, '« Si vous voL'1_lez payer _vi1'V1_gt-quatre fran‘cs,:.‘c’e.__s‘t jhienf sinon - orte laint‘-e., T _ — Vingt-quat;'e.¥r‘a;fLcs ? dit-ma Ihére, Td’ua; -indolent/. Impossible, hommbe, je ne peuxjf;§1s’«Fé$; fpayer. _ ‘ /' L T -5 Comm¢A’i1-yo}is..plair-a, fit-il.’ Et :1 s'orti.t. j , . ,. I T I — Comnjent est-’ce_ arrivé :? demandérhes-nous» é1K1aasj~e.* _ ii .. * * T ‘ T 1: _ — Nous joui_oin_s_-drrchestré de la garde .civig1:1e,T -—s,ur lavitrinfeb d_’uhe:m_aison Vida. Moi, je .t_t_2nais -To_us _n0i1s sommes ‘s_aTu?v‘és,‘;mais monspiedpv uté contrerun pa'yé;f'(§;t.Tainsi Phomnié a p11 s‘. ~ 1i'T1i1,é1:ie peTnsa‘it TqT‘uepTne peut pasT ebn§I§m1fnerTun ‘enf-ant,d_e « . mJafTTéns! V » T. T ; T T-V . T_ ._ |‘1I£§ridqmment, eajoutjaiTTsT—’;ieT, s’i1;y;aT une- pour; ’ T , cTela‘ T1-eton1be1"aTs11'r:T.}p4‘=,T1i<=;. 7 « 3 o.us_. ne—sOngionS plusigfoette affairTe,TquanTd‘ i_ '_s,rTTe_;;1‘1i4;1-es um; citation}:-_‘..KIé1asjTTeOldema d”e.- , \_ ‘T _ '».‘£.?_ vT’apiTt’comparaitre-:¢nT jus'ti(:ep.-_ T , :T’V(T>yons, il est imp‘os$j,I§I;§2 q.uTe _céla p_soipt—ponTr 7 T so ‘sins-1é‘voi4t ‘plt1Ts.p; . .» T - Ipetit : c’es.t pour péi'gT§;{)31§pépu_t-il ét1§e, pére?’ T T f:’QueTTSais—je ~? HT <’aT1‘-‘;1—*éT":_ p~-iifyaceomnigde Eiieuzif T‘cT§a'ttTeTT vie qu=e de/AtTraTT ~T ._ ‘TM9T.p1'1iére h_ocha la téTte. »_— H T T T T _ j—j+’NIaTi‘s Pcela —n’Ta pas; ‘l’p2ii§":i_€,_¢i'e; v‘o1‘1s"émouvoir T! _ ;_T'r.o’uvez-vous si simple q‘l1eT‘T‘TTT(T:e’pe*tTit_ doive aillex‘ sahj-t1jibuna«l.? T . " T T T _ T —H—‘TT= TQLT;e_Tveu-Tx-tu q’ueT-jT’y——f‘as‘s’e ?_Td'1Lre'ste, on 7n:‘e ‘-V : T :_:CTGIjdaII1Iie pas les e—n£a"ntT_s. T J 7 ‘ T - — ‘ ' T- _«C"é-taiTtV n-otre conviction. r’ \» JOURS nr. min; ET‘ nr. bErnEss’E«»'-5' , \ ' nu; : _Le rjour de la" comparution, clomme .no.us= V n’avions pas’ trouvé mon pére, je dis '51 mg mére d’accompagner le petit; mais son air indifférent m’in.quiéta. _ . ‘ : - = — Ecoutez, mére, si vous ne voulez pas, j".i1_-'aiL.;i ‘moi, avec lui. Tant pissi je perds mon travail?! J’avais,depuis' deux rnois, trouvé chez Jun» auti- quaire, un travail exquis :.il consistait ii réappliig quer d’anciennes -broderies sur de nouyeaux fonds. J’adorais ce joli ouvrage, et l’antiq‘uaire7 ‘ ‘ w I A I I I ,. I , , a,vaIt meme une fois cho1s1‘le fond qul me _sem-’ blait le plus beau. - T _, Qn devait réappliquer des tulipes roses et des iris mauves; l’anti T rnanda : 5 , ‘ 7 — Et’ toi, petite,‘ Aquel fonds prendrais-tu ’?‘ Je monlt-rai la‘-"moire.*Il posa les fleurs dessus _. _ et dit: - - ' T U ‘ T '— Elle a raison, c’est plus distingué et plus léger. i ‘ J’étais donc trés contente de manier ces Aj_olie_s._' ‘ choses, et j‘étais conveneiblementpayée; , Non ! lion ‘! protesta ma mérd‘; ne léche pas”-)i ton ouvrage, j’irai. . ire et sa' femme voulaientj A 'les mettre_sur du velou-rs vert bouteillej Comine ’ jeregardais une mo‘ e Jaune sou re, il me "dc-A '~r’«‘ — Sfirenhent ? -,—- S1‘1rem-ent.- \ _ _ .Ie partis donc tranquille au travail. Quand je . reviris le soir, Klaasje se jeta dans mes bras, en hoqaetant: ‘ ' -'_— Je doi's aller en prison, en prison, pour 'h'uit jours. _ ‘ ' _. .— Comment ? en _prison ! vous n’avez rien pu ' y faire, mére ? ‘ < - Elle clignota des yeux, mais ne répondait past 4 Elle'n’est pas venue, soufla le petit. — Ah ! hideuse femple, vous étes notre mal-' heur ! Ecoutez, allez trouver pére et partez en- ‘semble : je prendra-i soin des enfanfs. Vous étes n_otre entrave : j e ne peux rien faire pour eux, a _ cause de vous. Quand vous serez partie, j’aurai les mains libres et‘je les'-éléverai; allez-vous-en, _ je vous en supp'lie. ' __ Elle faisait : « Hun, hu-n... », avec mépris. Quelques jours 'pl1is tard, Klaasje, ce petit étre fin et fragile comme un léza-rd, dut se rendre a la prison des Petits Carmes. Cette fois, j e l’accom- pagnai. Je croyais pouvoir le recommander, ‘mais le portier me le prit 2‘1',la porte, en m’in- terrornpant grossiérement : ' Oui, oui, on connait ga: la prison n’est peuplée que d’innocents. DE ’1aA'Mii§a.ET.n§;bF';i:nJ;«;§$E‘ L _ Ce fut'pog1r_ moi une sem/aine: do to,rt.1[n;:e_.v Jéo-if _ 7 '; fne décoléraisplus con; m mére, qui-‘néwépon-_' d§'f§‘;§‘§T"HTawL§7’SesMbI:::1%'té“I%1§fits' nde, ‘T trahissaient son agitation. ' — . ’ Cf ‘Quand K1aas_je -revint, Ail nous raconA_ta‘-;;}1;/1’-£1“ av,ait’passé ces huit jours parmi des 'petit § i » damnés. de toute es"péce. Il était héve commé‘.§Ifi}, H o pgtit Vagabond; ses* boucles c»hétaine_s groIq—i§Ia;_ien1“— A = 7 M ldex/ermin_e[; ‘ - _ « ' ,a-v-assu.-rs _ ’~ — Viens, jg vais te 1a:ver.~ - ‘ Je pris mon morceau de savon priye e]“._~'.3r_p.o'1}"5,..—“- peigne, et comm'en(_:a'L le npttoyage par la i$te.'1ji 7 o se Iaissa docflement faire; mais_ quand je’£}ou1u§vT;’ le déshabiller-o,/il _s_e r._ebiffa, trouvant q11eL_c¥_é.:,tait :' trop long. - ' T - ' ' ’ ' — Et puis, dit-il, en -me regardant dfun £45’; ef’fronté,,tu_ne comaais pas cela, héjn ?. A I ‘ T Il fit fe geste do voler un objet -gtide le V "en poche . - ' L ' " — Quoi'? dema-ndai,j‘e étonnée. 1 Il se dégagea, sauta ver_s la porte, se -tapaf’ alor; su_r la cuisse,*»esAq1rissa de sa main re-tour_hp':e,ol,iI)£ X gesteindécent,‘et,.goguenarda,’en se sauvafit :’; '— Voiléyp‘ L £1;-»toiT””“\"j “ ‘ 1” — K1aasje,: Klaasje !_'répétais-je. Mére,oo—»re*gTizi'1:r. dez-le doncg: $1 a déjA= pris des maniéres.ca;_.- nailles. t ‘ T ‘ F. _ V 45 T _ é'1__¥ussié t1_17es—l_é1 é.fai§§:ffies embafras, qqmme; §"H;_av’ait appontgé la"gsIe.= §'_I_‘—_uT_:nTous émbétés tons ' tes éternell-es récrinjinatfons. I1 ades poux : _ _ ‘ liis ? Les enfants\~,”d_t)¥vf§\nt7 avoir des»pot_1§ :‘ _ Vj°"ée‘st:‘1a santé. ‘ f '-‘T ‘ - T ’ r-A q-uélqlie sztempssdiesla,-1j’ayant‘p1us de tra_vail§ A s seule 51 la maiasoh,-sacg~1?o1i’p‘ie sur mon'ca-_ A '_ Tet»r.évassantmtristenfesfit; quand la portef _ s?f)uvfits en coup dé vent; Klaasje entra,~serjeVta it -iT¢_§r1_a etram-pa-sous sle cana'pé;. il était sufvi d’u1ief —_fe1_’i1}1_i’es}f1'1rib'onde. -_ — ‘L “Q ‘ A _ .1 11 a',¢yg__l§ »la_._p' mon mari; T é‘eu;1'nsa;‘t-elle. II étart ‘vemx-vJoue'r 2}} Ta maison -avec-.2 Te-n:f—an_ts-; la "pipe u3'1es.pTfpe~de six francs, se " ‘.A_-t'1;A9uvailE sur la 'cvhen~_11née. -Et,' quand ce va1T1rié1j.- T *est~par’t'i, elle avaifisvdisfiaru»-{il doit l’a)_r_§irflr > on vient de me;d-ire qt1j,':”l}a' e_]a”é't2é7_e“fi pr1so’n’;, T [A _ je» l’avais sfu, ‘je ‘né 1;-l’a11rais paslaissé joue_r Aj T:}1T\‘z{=,c'mes enfants. ' ' T “ ‘. s T 11 ‘a été c.ondE{mné_ pour avoir cassé sune - " yitrine, protestai-je,’e1sjno;_'a.' pour vol; T-il ne>voles .p'as, etivious allez le fouilfef'svous—I‘1'1éme. ’ A .Je tirai Klaasje de7de'ss_'qusIle meuble, et lui ' __ ”en1eva_i sa camisole Tque, jué 7jeta”i "5,la femme.;ElleA T‘ ' '-'1a7f0uil1as: rie,n. ‘ i i’ ’ ‘T . , ‘Je lui étai son pantalofiet le lapigai vqrs l.aT _ f‘emme. En tombant $1 'te‘r_re, i1 rendif un -son kfl-.‘__ ‘_ femme —voulait crier, mais ma_ figure dut I-a3tMe‘r-T‘ ‘"" rifier, car e11e.fila au p1us’vite;Tau has de Pasca- A ' blure, se trouvait 1a.pipe;.e,ntre Pétoffe et l7ei'd't1—‘, 7‘ * de fiévre‘me‘ii1ontaient Ié long du corps; .me's“ ”' :I6; Depuis quelqué tcmp‘sA7 .je me sentais malaiie Wet. tr.és* faiblel : je s‘ouff1".ais db f_iévr.es interniit-_ "t“e’1’1‘t s; et mainfenant; ’cé31'efro J Je -me trainai*e:1cor*é quélqu-gs jT urs,~ puis \ an'nongai' ix ma, mérc‘e_t-2'1’ ma $oe‘u1f~qn_e j’allais 51 v T _ 1’.-hépitai ét, si ofrvdulait‘ me gardér, que j’y‘res- ‘ _ térais.bEllTes se mirentér nire etgcomme je pérttus, _elles"plaisanté'rent : > ——‘ Le café: sera‘ prét pour {on retour. \ nuns DE FAMJNE Er ms. nérnnsss Mais j e ne revins pas : on me garda. ' __Le chef de»ser.vice, un grand homme de cin- quante 5'1 cinquante-cinq ans, _les cheveux blond roux, partagés au milieu par une raie, la barbic'he _ g_r_isonnante, aux grandes mains semées de taches' -- _- de rousseur, avait l’air d’un lourd matin 1_'6d.eu.'I'- qui va; dans ‘I 1‘;cfiii:g*E ' __- -d’au_t_rui. ' "Tl ni’ausculta et me ret_ourna en tous sens : i1'_ constata une broncnhite clironique et des fiévres pa_ludéennes. _ ' — Et elle est trés affaiblie‘ par la misér-e.. Quelle jolie sauterell-‘e ! fit-il, en riant, 5, ses éléves. in 11 me prescrivit la portion complete de no.u.r‘.__ riture, du sirop de Vanier, et une petite Eou-' teille de quinine a prendre tous les jours, en u-n_e fois. ' ' ‘ . J’étais entrée un jeudi. Le repos, le bon lit et _ la saine nourriture_me_réconfortérent immédiate- ment. Aussi, quand ma mére et ma soeur v_i.nrent le dimanche, me trouvérent-elles fra.iche,et_ rose. _ Puis, je ria.is 5 -en triller : j’avais demandé des livres, et on m’avait donné Le Pays d’0r de Henri Conscience; _la na'1've.té_ ou ree e c_es pays_a,ns_ ' fiamands, cfiii étaient allés chercher de' l_’or __en ' C_alifoi'nie, me faisai.t me tordre. - " 1i-’a9a"des 1‘-onds Si)1_1‘.l§§.?.._(‘:Q_I"pSI‘ , _ a — . ‘ _ K»; ' - .. _ ... »._'\1 Maii:s tu n”ésV«‘pasT xiugrlade g 's’—éc‘ria-ina -‘J饗_r1_er compréndsli_pas.iTqué t_u vrestesiici pm» ‘ "1.y';Iz_;r*is'i1'-,-’qua1-id "E1" :l=a ‘on inéurt d‘e—T_fai=!iiE -I':‘.=_‘t>’°voici Tune lettré T;1*e'l’ ¢;1'1fqu_a*irca/, Lqui te’ —dé-'veLn.ir féappliquél: désf1yr;5derie‘s. : 7 : ‘ V-=Jece'ssai deiri1“‘<-§,’.‘<'a't9. leTdoTcTte‘u'r al‘I'inV8‘Pt‘_ pbur—"la visite, je lui d'éin'ain‘.dai*tonE de go si .j3éT:tTt§iai‘i§7 ,VI‘faiment1na1'é1de;Q T’ ' » -- * T 4 Ma méreVp,ré_te'rjd;qAuTe*je n‘e suis 51 ." ‘q_~Ig1e-ippur 1-n_e_ ober er. H . ~ T —-1 3» 9“. . T 4‘; Non, non, Hajanfe, [la ma‘Ié1diede“votré fflIée_ - est trés sérieuse; Vbusidéévez la laiSser.ici. *9: ‘T Efles-jaartirent conft-1_Se‘s.~ I . : , ?— V Le _doc’teu1‘ 'al_or_s me,’-fdénuda; m’ausculta-,*me7— L tousles jours; i'l:_rI1(7’:cQ£_i:1II_1en:(;ai;_t.s: 1 LQu*and j’étais levée‘, é désha1‘)i11a.v(i1.e:1$§)_1.1t,,‘. fajsait mairiténir ma ',c1fn_:mi“se,pa1j {es élév'es-,j_et’ ' _ ainsi me maniTaiTt'et.1jA<=;’ri1;31_r1ié1it £15v.ojlon~té_._ " A '— , ‘ ~: — — ,—\ :_A>,— _, es eleves, la soeur, gt,mo1, ng:f}1mes pas long- tefnps. dupes de c_e mVa111_é g’e. " L _ ) { 4 _ T ?;Il..régnait aloré, A laTT’Matérriit”é‘,:.u'néj infecti_6n—.- gt:-1 ‘r'n'ettaitT en da‘nger:}és 1:fioui?él1}és*‘Aacct'Iu¢hé'e__siT fi‘ V -0n;f'ut-obligé d’e3n7 p}a,cé1s’uh p‘eu‘gdans toutésiijés 7' ii "s‘aIIl'és :‘ 'd_a"ns’—m'a ‘tsallé, ==e1l¢s étaie'n.t= an m'0'3rs‘—» ‘ TV quait1‘e.>Plusieurs ,2waien1~’ghA’de.mauvaises Tc’o1I\-.A 7 ches-et ‘se lame—Iitaieht’ni1it{et‘ jc_>_u1%. '— ‘ aorms DE FAMl1‘_JE 31* DE pérnnssnx T La nuit‘ dumardi-gras deux accouchées, qu’on ven'ait d’apport,er‘et qui criaient sans répit, m’emj- péchérzent de dorfnir. Cependant la musique du carnaval, 51 Ia rue, me donnait une folle envié de da_nser.‘_Je me_mis sur mon séant La grénde T salle de 28"IIts"€té1‘ft”'<'a2E‘I'z1"1'f“é?é,'" §}u leu, par un séul bec de gaz assourdi. La 'bonne chaleur du poéle, Ies rideaux blancs, de jeunes visages sur des oreillers voisins, me faisaient déjé me sentir c1i'ez moi. I ' ‘ 4' ’ _ J’écoutais la joie du dehors avec- des frémisse-‘ ruents d_e désir d’en étr,e; j’ap*pelai'd-oucement ma ’ voisine, toutes jeune comme moi. — Toinette ! Toinette ! écoute :‘on cliante, et la :' musique joue une‘ valse. — Une valse ? ufie valse ?.breAdouilla—t~elle.' Elle s_.’assit sur son lit, ' ' '— Oui, j’entends, ils s’amusent ferme. , [J e voyais ses yeux noirs flamboyer et avec son bonnet tuyauté, de .trave1‘s, elle était jolie, jolie... Une des acéouchées criaiitjz — Oh I mon venfre, mon ventre ! — ms regafder par la fenétre, dit Toinette. Nous nous levfnmes et, pieds nus, courfimes. écarter le"store;_‘_mais le balcoh interceptait la‘, vue. Nous ouvrifiies, .e1 du _ba1con, en chemise}. V » / ‘:9 » ma u§}.aperq1‘{mes des 'bandes de masques, ,qui_’ _ fiéilsaient eh rond ‘et hurlaient 211 tue-téte. _ l J ‘Nails ren{r2‘1mes vite 2‘1_‘_éause di1 frpid. Une "cbi1'<:hée allemarkle claniait.-: A i—).:I<':h‘ will nicht sterbgn; ich- will niéhf ster-’ r.fb‘en*l ‘ ' ‘V . - 4 ‘ j1Ell¢1irrai—t 1 _tourner Iiial, si tuzne te soignes: et prienwdsabiena ‘V . T V 1es'médiéam_ents que tu 'trouveras toujoursfici. Ag _ ; Je le compris parfaitément. T I _ ' A ' Je mourraisi je ne.me soigne pas. Me_ soign-ex: ":7 c’est prendre ces médecines que jé .neVpeu«x'pa's»-‘ A me- payer, et que lui me donnera en échange__def,- .' ma peau- " as . ‘ I Et puis, eux, as-la maison, que déviendrontails; A. 3 I ..- "T é -.si‘j_e'meurs ? Déja main.tenant je sens tout,~cha- " virer; que s-era-ce sans mbi ? Nos enf ants, si;bdfi§:3' p’ ' si"iTffellig"ents et.si beaux sombreront sans 1_1'1eréi.f%fi' ..-‘ ” . _ ,Klaasje,’mon,petit lézard, a déja été en prison; .e1 4 } "ma mér_e, autant que _les enfants, a besoin de Ipnes; ' V ‘révoltes pour ne pas laisser tout s’en alle_r_a la ~ - T ‘dérive; . — T ‘ * ;. Je n’aimais plus ma" mére, pmais j’en _»ava-is? pitiéfiriaifiienant que je jugeaismieux. ' V . "N’avait-elle pas mis neuf enfants au-‘mo’n'd(‘: _ h ' dahs le pl'1:1s affréux dénuement ? Elile se'ra';i_t;, 9 A ' _ ni_o‘rte de fai_m dans.ses- couches, si les voisi;;_eS:« ' ' ne.lui_avaient apporfé-p»a1"fois une-tasse' dpevigafé II , A'fI._’H_6§Pl'1‘AL» .p_, et;‘1'13_ne;‘ta_rtine,p Eta urious to1_1s, _’affam‘és, T étiéons “J. " __eni:O_re au‘tour d’e1le_‘pQ1_1r nous en faire dolinerf?‘ f. '§1a3_p:p1us grande part; ‘ ' _ ~ ‘ K ’Et pour_ Dirk',f‘qu'a’;'1_d 1'1 ié-iait"dev-enu trafisffa-' . _ ”-‘rent deifaim gt ¢ieaf'iévre,»1,n’était-elle pas allée.-a _' _ _~demand§r (_Lies‘reliefs.de_ tab1e,"dar;s une maison-‘T ._ jail elle avait vuxjes enfants 5 la fenétre cro_‘yant‘,." A V, qu'uné mére ne refusérait pas cela a une mvére ? " '_ Et cbmmé »el_le sa'IiglQ;ait en réntrant, parcep qu7on "3 ‘ : .l3av'ait écpnduite! , _ , ‘ ’ 'L'___F T Je commengais‘ comprendre 'ses haussements E " _ ;d’épaules': 2 _ -‘ T h '_ " " V L31 v_ieux parlait-:' _- ' = a ‘ ‘ -»‘ T M4 Tu ‘ne peux restef ainsi; jl nes faui pas lprendre a la légére ces affections de la poii1‘ir_1'§'T:J_ . _ tu ne te séns peut-étre pas malade, mais .t1i. Llfesi. - —.- Oui, il. ne s’agi»t‘ plus de rir’e, n_1e_disais¥jje'_. .. A J 34 T. , L"En ate sotgnant, tu dévjendras encore plus“ . *jolie, 'et't‘u es déja_d?eljcie,use. " W ~ V V _> ,-ll vit ‘que jegpensais _a’ tout autfe chbse, et me ' Arenversa sur le dfvan,» . ' . . '_ T Une fojis dehors, je fus‘priseAde°.désesp'0ir; fnais qlle faire‘? " p '1' V ‘- _ Je _;ne :‘v’ei1x pas rxjpurir poitrinaire, cdmme cellés que.j’ai vués mourir la-bas :'je,Ane Zle peux ‘ " P.as,.ie nele dois pas_!_‘ 1"?‘-1- ‘ ‘ " mburante,’ dont ile Ijggalt/d i{1tell;ig'ént5 ’ 3‘;:;1I’g'¢yutréL}J§:;$.-—g;iI:<3 fie:-Ala,b'ougi_e oéulaif ;r1’é'i'n dé ——1‘_‘g jé1\1ne,:fémx_ne.¢_t -la bxjfijlait. _ qufitsi sé. pr.éci1)it;'aie~nt‘; géllé f.it~1'1neT_—gri:m, i'i§gfiu]_r_=,_e11_ ’s,e';>g‘;a_3c'>71'_cb1'z1_n; laylangue,‘-et ce..fut t»ou;tV:_T 1i=i;s‘<.1%§iir, Ten1e‘vé;.1a;fbéugie. r;T.egar.daT négligetnmfiné '1 rfi..°‘£.te, ¢1.>,s_’éib,iei2’f<1 a¥99‘~1a:servanf% an-439%‘ ,é[u: 'é»1_:I1t‘;1\&1.g:o13’}_{£‘ér§_é1tio;1.1 .j .. ’ ‘ Ufie (E'o1'1ti1rii‘55§‘é.'{;’(1_1I_ie‘rc§.1leuse ,2:1i_vait"g1c‘<:ou<5_hé.:.§-nT s7ar‘1s:5 péhfiésey géni'iss.emeht;; ‘,_ma1}s,: gfiéfid eJle' £111 .832-lisfrée'T:ét q,u’ofnT.é1npo_1_'tTa l_’¢rif ;k§&'r.‘?r:=.§ Tlavég;=.-é11¢g§?s{¢rrEqr<;a._'dx§‘:1gye;—les, 1);*»_,as[_3ag fie 1e.s¢é1«_gn;_}ta§. ‘ . ' astéte "1\)al1.otta de .(i_1.'QfteVf;t.a;t& 3 ; ‘g_11_9 _r‘b‘v’Lvi*3:& 7:--v-‘= -.*. j-‘Erin-fig--mgy;_ir‘ ajns[f,'fn1Bi—»!' j[_aI'I1.A.£g1i$_lT 1 T aut 4: $ tII_é;di<.%1‘k§nts 1 7 1E5§'°§‘rt:EEn-ne i1Tla- —_ :g:3n u£a{ dpnd tou:-r‘? 13§~Sei'é_l*}s7 -us 3 ,{ n'<,_3:n. : 1 H ,3 n (hjzf-Le's'1)outéil-lgsgéta1efit._§§id¢sg.i’alIaiTs _che;. §£—7.§i2rViCe% ¢LI:aq;L£}}f0is;7‘:poussait; _ a_,. ‘ V / * - 1 I APROISTITUEE «‘1ua{ ri11€a le bi.1lét; jgufie as} ' , 7 _ DosToigv'§'xy3‘: Encore ~une_ f‘ois, nous’ étions sa’nsfimang;e4rr' M . Hein frappa_it' depuis-edeux jours sur l’e'ncl.1n_i1§2 avec les lqurds niarteaug t_1e son métie1*"T'de"-f.'_i.3r'- igerT6n, sans ’avoir pi'iseau‘cnune nourritufe; i}é_ta.i:t".' affalé sur .une chaise, pf_1_le, la téte l;aissé*e;’1e§;fl_‘ ‘bras pendants, engourdisele‘long_du' corps,;a'e-ti" répétait: X.‘ . (V __» ."- ' ’ ‘— Jeuine f)e_ux plus, je ne peux plus. _ -Les. petites jéunbes de Kléasj-e~ s’étaien_t d bées sous lui, et _il iseiit 51 terre,‘_contrej .1e marl les autres enf‘?a‘ntTs'eta1ent alspersés, ici;et’}5‘, dans ,la,.t;ha{ml_JI"§3. tgrils-maladesxde faim. Ma 11:10-".‘I$‘e“ _151i'os_rirU15:1§ ' '- .- V avait le visage" enfiévré, et des cli neotements; d"yeu'x précipifés'qui accusaiérrt son aifiolemenh‘ 1161',’ Hes vertiges me’ fais’aient chancel-er. ‘S’ ‘ Ma soeur ainée nous Iavait’ quittés, et nous atiten-‘ “ ) djpns mon pére, parti dés le matiné la reclferche _ ‘d_e quelque chose 2‘1_ gagner. Il”rentra ivre et de- . ' manda 51 manger. " * —_Je regardais'a1_itour de n1oi~se1itant qu’1in= i '7 malheur allait -arrihver si on ne trouvait i1\nm'é- diatement une A issue. Ma‘? décisio_rr'yfut prise: ‘ "‘J’allongeai ma jupe en..trairre; je tirai mes chic’-« ’ H ‘v'e'uX_s’11r le front; je m’-ajustai le mieux‘qi1e.je'. j, " "’ _ i.pus«, en régrettant -de n’.avoir pas de fard, co_mme’1 ‘T 9 j’en‘ avais’ vu auxqimstituées, etidis in ma mére'~f " que j’allais s0'rtir..E_lle iroul'ut m’accomp'agner,- ff pour rapporter plus.vite les victuailles.’ ' ,.—— ’ Une fois tau centre de; la viHe, je lui recoiI1¥‘~7',' ' mandai de rester 51 distéxnce; Bierivtét un honfmle /: " .rfie fit signe de le suivre, etc ‘ ’ i m§_i§%i’(i_e__‘ r£;_1g§£;g9;§. Quanf, H _. clamai mon‘salaire, il me demanda si je. me moquais de lui. " . T _ i _ "'«— Pdur cinq francs,‘ je Rilis aypir une feinme“ chic, etltu es fichue co_mme'une\rnendiante et ‘sale en propcriion. 0ust_e ! laffsse-n‘1oi passer". .-~ T’ 7 En bas,. il refusa >de payer'la chambre. La_ 7' ,1. ‘ “°§1'*S m¢na95 -13* D5C?1?109%.¢t- ‘G1- f;i: A3;1aT%jsr:ii~tié;T.1a fc‘r’ia*€ ‘ ‘STale'T‘3gt1‘éia_ilfé;’ j_e1 »te ‘-fefai « —£:arte1_'.:s,'i_§sa7 sé 'reVenirI = V V mére mT"at.tT§:I_1_vdai:t's'_‘eTIfénTts_g_t1i}nqus atteéndaienf,-,m\_ ’ -.r:éifi%1i.€.i‘i*1*9m°fi;"éhersi¢:.‘ : T — . 7 1+ _ ‘Je irais. Tcgn _§nu‘er, e1i._.s;._i_e,; Vr;n.ai,s, — tenVez- .1<_‘?fi°~TD1uS'. .1'9Iin ‘ _ ;_e;i';4e1ig}i‘s“13_i‘:gp dt:n1i,j11=i*1iu_rfer ®r;_iére moi; . 3 "1',xiei_'1"?5<—')1_1.1:~1a“ai iii unL,géan_ti-qfii me sfiiyjaiji, " ;Petitemiélié»av'ec>moi.. . ~ "' ' ' ‘ .':T1:j1e s‘T1_"1"1\’r'§‘_ 4 f. T _, L cofiH11jféif‘_da1fs"fine autre mais_o:r1,'etTf111§§» g1gana:e;{1e1quTej'sTfrggfésidgyance; " ’ ' ' 2 X‘ ,7ilTlé1ir ‘aurait dit“,»aniu?s;éj ‘:1-T5 I1 _aTfig1;re ’;io'.;;e, _il,’1:"izi.1¢iie3~ma[maigre11%*;—:t0?a1 _tI}0_1_1;_ét;e mininféglé méttaitienéjéie, "ét,i1 i-épetafi. Petite, petite": ’A'p_r‘és’ qu-el(1uAé tt§riiT1)’s3;“_c' )»n» 'Vint'fra'(IJzPéi:é* lTa”pd'r‘t§ "-=;;:r'jg:nt— T _ _T _ ‘ T % _D'i>_tésT do-he’, Virus: trés; ie:‘tenrp?est"fiass§-2 —dfi;_fiib.i1‘de aVtt‘iaiid":\fiI 1 Vus‘4if.ai1tT-_'1a.chaihb'rg;( ' 7’Cr'Q}yan.t_ que_.éié;:i;'g p"o1‘£c_¢, ‘je m’é_tais‘jéit¢g, 4t=<-",-‘:fi'iTt'—iéeT, qontxfe qé;g‘ui lg mit','¢hgéfé ‘xv . fiifiefnft,‘ Tg’i1.1rTir1urai: V, ‘ .'u -gn ioie, 11 m’éntOi11-ii‘dé §¢s;b’réts;‘¢t ri_an't :(I_().1f‘(-f9:. . ‘-¥f7—_A;il"c)ns, ‘i§(f;‘t‘i:‘té‘_u!‘ 1‘X.I_1“()‘.i1's;Tpe1‘i‘té {! » ‘ I V’ C-om’me,j j’étais . 7 cethté ?(imIf1en‘s:é- trffié upour la —pi-emL3§i-Lifois -do; T ma *er1e,- ‘jé ’fr§e s'en_‘tisT protégée} T‘gl1s~«l'e' -s‘hii* _raa'J:fnt "pu .dénE;ue1;__',e Voyons_,»c’_est une'?13étite; t/111:e;fiEt_:ite.[ T Una fois dans la:’rHe;5é‘T3?1’l-9D§iAvei-§’maji;;;1?&,t'§.. .-Néius a-éiheténiios dab f ‘I11&F.res’§\%iiires;Tet;7Eiés’le7ba§ _deTl’e’sca;ieVr, n‘pus"Zo:iiéme?si~au_x enfgnts _: , ’ T Nous avbns Tduirpain‘ !".no'u s’ :avT‘0n'S 41ufp’2rifi5_! Ah Bout de"qu'elques‘_io1rrs, notre r‘11énage:r_1;_1ar- ; . V cha réguliérqment; _comme jamais il n’avait VIna1"-If: T j ché. Les enfa-nts mangeaient-aux heures, é.taie;if 4 Ii , Vlavés} aIlaieh_t 51‘ l’école;— a 'mére vaq'uait?.aiuT ' 3 iziénagga; mien pére ne bu : 1 a ' ' fl (:7c1'i'E"éTpelait "les ‘pomme_s de terre.."Seule, —je.. rageais et pleurais, aocroupie Sur le .vieux’c:inapé ‘qui me sérvait-' de lit. A . ‘ ‘V . La simplicité auvec laquelle mes parents q’-'adaj)- - ta_ient 51 cette situatiqn; m.e les faisait prendre elf *_ _ ‘ .. _. une [aversion qui crdissait ohaque jour. Ils e1_17‘ _ : '» , Tfétajient arrivé_s_ 51 oublier qtie moi, la plus jolie. 1de 1 T 7 lg nic_hée, je me'_.prosti'tu‘a_is’ tous les soirs"a1;1x_f_:" 7 -" passants. Sans dolrtg, il ifjr avait d’autre’ moyen 5 pour‘ nous‘ de ne pas‘mour'ir de faim, mais'je'm_'e _ _ refusais 51 adn-,n.ettr_‘e que ce moyen fL‘1t accepié’ » sa./n_s ,1a "ré\'Iolte .et.‘lés i111précatio13i£1ui, nui‘t.~et M T " ._ _];';u_1»-’,r_11.e secou.a.1§nt. H g; ‘bf’ . A é ._J’eta1s trop _]eune pour cemprendre~que, chez T eux, la misére vavait achévé son "oeuvre, tandis_'que T “ _ °' V i§.;LQutd,,E.T;3..i9.‘l9.e.s.5E_L§1‘Jtoute» ;n,1:\vi'gue1ir * , - pqur me eabrer de‘vant~l-e soft.‘ '"”’“'" I \a;j- ‘ J . - »?:raL::«+~«r»:<—a»‘+~. , I . ’ I .T\ V ‘L _ . ' I . I 5 je me réveillai,‘ C’é{ait ’le' soir".‘..;...’. mizv exode .......... . fS' et.‘o1_'ipeaux z.:..;.._'..... . ‘ ’>‘ §.et7 peaux d:a'nguiH'ES~ Vme“_exode .... _cole céatholiqtle 7'37T“_‘ ‘.’ "§6q'-1‘); aux:'pojs...,...'.......L." .... ‘ 43 ._-‘~*- ghisnie et Premiére«Comm11nji}'>n 4'6 ‘#1 ‘Ms has puces man-cher . .. 55 ~‘m9p;tion,_ 60 sifonqiére-projiose de nous abandrinner , . 63 ii-qiS'_des -'visites .. .66 - ie:,et "ce'rf-volam’.....'... .. _; . . 76 _ » 13.-éxpulsion _‘ 81' "~ _tjc')-be‘. de, Premiér'e_ Communioyi. -877. .Iours::dé__,£é‘te Nous ‘vi’v'9'r1§"i1e chairitéf—.....;~..T......;......‘...- ' Ah _I vou§:_a'¥-iZ.ez d$'¢'Vk_wart‘]e§ 5 I ,:..1.3:.._.{;{.!ru‘2...V.'{.L...’,:'Z............ Baéitje -Si nous.étfL_on'§"ri_ch¢s’ _ 1 daris 'mes,’j}:1pes I ,.-Les d(;uxj11i°Zdes¥_tim§1t-‘es 7 flfiéesi ;{ct(fb_éj{¢.— .p.,..>.* d»e:—la fa ni lfiiné ‘.'. ' —...‘..‘...',!..?. _u.'. ;m Deg pre _ 1*In{ 62 mic .P¢'v_ uffly, flrgxeies 0 59, _eut'io'n I__‘I9. Auiuri mvmmé an sznitmxiz . ' . I431... I EDITIONS LA TOISON D’OR : ROMANS La Maladie dans la tour, de Rémy Magermans. Tout est réel ici, de Paul Willems. L'Homme d'ombre, de Ludo Patris. L’/Jeriae Mi tremble, dc Paul \Villen_)s. Le péc/ye’ de complication, de Louis Careue. Les billets de lean de la Lune, par Marcel Dehaye. I’ai perdu la partie, de Lucien Marchal. Saignées, de Paul Rostenne. L’ange et les dieux, dc Robert Poulct. Le capitaine du vaisseau fantdme, d'Horace Van Offcl. La Conquérante, de Robert Brasillach. La Grande meute, de Paul Vialar. O34 souffle la Lombarde, de Ican Proal. Ravage‘, dc René Barjavel. LES LETTRES FLAMANDES ET ETRANGERES - H oitte/eiet, de Gérard VS/alschap. Illoi, P/Jiloméne, de Marcel Matthijs. M ax H avelaar, de Multatuii. Le soldat Io/Jan, de Filip dc Piliecijn. Le double visage, de Paul Alverdes. La saga des Olewagen, de Hans Grimm. La fermiére de Hei/e/aila, de Iohannes Linnankoski. /Hommes de proie,/ de Max Dauthendey/._ L'Italie d’/aeureuse rencontre, d'Antonio Baldini. Conversation en Sicile, d'Elio Vittorini. ES_SAIS ET LIVRES D’HISTOlRE Aprés coup, par Henri de Man. par Alfred Fabre—Luce. Le traité de Westp/aalie,_ par Isabelle de Broglie. La transmission des pouvoirs, dc Franz Briel. De ma fenétre, dc Friedrich Sieburg (traduit de l‘allemand). Napoleon et l’économie diri ée, par Bertrand de Iouventf. La révolution euroféenne, dc Francis De aisi. Le livre des vivants et des morts, de Raymond De Becker. La science brise les monopoles, d’Am:on Zischka (traduit de l'al1emand). La résurrection des vivants, d'Emile Lecerf. Service inutile, d'Henry dc Montherlant. Le journal de la France, (t. I, .11). 45287. — Imp I'm/re-1. Brux. .—,,..‘.V-.—.u-——._..,-.,..~_r._. ,,.\_.—,_w.-7,1,. 2 ‘V -‘